Les estimations des différents services de sécurité internationaux, dont ceux américains, portent sur un nombre de 1.000 à 2.000 Marocains qui se seraient ralliés à Daech et rejoint ses rangs en Irak et en Syrie.
Le Maroc reste toujours sous la menace terroriste, selon le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad. Au moins 27 cellules terroristes ont été démantelées dans le pays depuis 2013, ajoute t-il dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique paru dimanche. Entre janvier et mai 2015, huit groupes terroristes ont été démantelés et 14 autres durant l’année 2014. ‘’La menace terroriste est réelle au Maroc, comme ailleurs’’, a-t-il estimé.
Le premier policier du Maroc a également relevé que la lutte antiterroriste, ‘’aussi bien en interne que dans le cadre de la coopération avec les partenaires étrangers’’, notamment l’Espagne, sont « concluantes », avant de préciser que ‘’rien n’est possible sans un travail de prévention ». L’inquiétude des autorités sécuritaires à Rabat est que plus d’un millier de Marocains ont été enrôlés dans les rangs de l’Etat Islamique (IE, Daech) autoproclamé. Les estimations des différents services de sécurité internationaux, dont ceux américains, portent sur un nombre de 1.000 à 2.000 Marocains qui se seraient ralliés à Daech et rejoint ses rangs en Irak et en Syrie. Dés lors, la menace d’attentats terroristes contre le royaume est réelle, avait récemment souligné le ministre de l’Intérieur. ‘’Un total de 1.122 marocains sont affiliés à des organisations terroristes en Irak et en Syrie, aux côtés d’autres ressortissants européens d’origine marocaine, dont le nombre est estimé à 2.000 personnes », avait-t-il annoncé lors d’une séance parlementaire. Au mois 128 Marocains ont fait l’objet d’enquêtes dès leur retour au Maroc.
Menace
Au mois de novembre dernier, une vidéo postée sur Youtube montrant sept jeunes de Berkane (est) prêtant allégeance au chef de Daech Abou Bakr Al Baghdadi, avait fait grand bruit au Maroc. Une enquête des services de sécurité marocains a permis l’identification des auteurs de cette vidéo, arrêtés ensuite par la police judiciaire le 22 novembre à Berkane. Selon le ministère marocain de l’Intérieur, ils avaient planifié de gagner la Libye, en passant par l’Algérie pour coordonner avec des dirigeants libyens d’Ansar Al Chariâa, avant de rejoindre »les camps de l’Etat Islamique dans la région syro-irakienne afin de bénéficier d’entraînements militaires et opérationnels en perspective de transférer cette expérience criminelle à l’intérieur du Royaume ». Le 23 novembre, trois autres personnes appartenant au même groupe avaient été arrêtées
Silence entre Alger et Rabat sur la lutte antiterroriste
Des mesures préventives draconiennes, notamment contre d’éventuels attentats terroristes à la voiture piégée ou des attentats kamikazes, comme ceux de 2003 à Casablanca, ont été prises pour ce mois de ramadhan dans les grandes villes du royaume, en particulier celles fréquentées par les touristes, comme Marrakech, Agadir, Fès ou Casablanca. Il existe « une sérieuse menace d’une attaque terroriste dirigée contre le royaume en raison de l’augmentation du nombre de Marocains appartenant à des organisations extrémistes en Syrie et en Irak », estime-t-on à Rabat, où l’on redoute le retour des ‘’combattants marocains de l’EI’’ dans le pays pour « l’exécution d’agressions terroristes ».
Dans son rapport mondial 2014 contre le terrorisme, le département d’état américain déplore l’absence de coordination entre le Maroc et l’Algérie dans la lutte antiterroriste. En dépit de la participation de l’Algérie et du Maroc aux programmes US de lutte contre le terrorisme, notamment en Sahel, le « niveau de leur coopération bilatérale (dans la lutte contre le terrorisme) ne s’est pas améliorée en 2014″, souligne le document. Pis, ‘’le désaccord politique entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental reste un obstacle à la coopération dans le contre-terrorisme bilatérale et régional », regrettent les rédacteurs du rapport. L’Algérie comme le Maroc, qui craint des attaques de Daech, sont ciblés par le terrorisme, estime le même rapport.