Ils sont plus de trois mille ressortissants algériens à être bloqués en France depuis plus de deux mois, suite aux mesures prises par l’Etat français (Fermeture des frontières) et la suspension des vols d’Air Algérie dès le 19 mars dernier.
Des mesures imposées par l’impératif de stopper la propagation de l’épidémie du Covid-19. Parmi ces personnes « oubliées » sur le sol français, « certaines se sont retrouvées dans la rue » Rapporte-t-on sur place. Parmi ces algériens et algériennes qui passeront la fête de l’Aid loin des leurs, citons l’exemple de notre consœur journaliste Ikram Ghiwa.
Arrivée en France le 10 mars dernier, elle s’est vite retrouvée prisonnière d’un scénario qu’elle n’avait pas choisi. Le premier rapatriement, par bateau et par avion, fût organisé le 19 mars dernier. Toutefois, précise Ikram : « Ces moyens de transport affichaient complet à cette date là, en fait ce n’était visiblement pas un rapatriement car ceux qui avaient embarqué avaient réservé bien avant la décision de fermeture des frontières.»
De l’avis d’autres citoyens algériens qui vivent cette expérience inédite, les représentations diplomatiques algériennes sur place, comme l’ambassade ou le consulat, « affichent un silence radio, » alors que les appels leur parvenant sont nombreux. Ainsi, Ikram qui a joint le consulat de Besançon affirme : « Je n’ai eu aucune réponse, sauf cette litanie : On vous contactera ! »
Le ministère de l’intérieur avait pourtant publié sur son site Internet, en avril dernier, un communiqué dans lequel il rassurait les ressortissants algériens auxquels il a promis le rapatriement tout en donnant la priorité aux algériens possédant un passeport et un visa. « Depuis ce fameux communiqué il n’y a pas eu de suite alors que l’opération de rapatriement devait avoir lieu le 4 mai dernier. » Raconte encore Ikram qui précise qu’il fallait remplir un formulaire avant le 23 avril dernier et qu’elle s’est même vue attribuer un numéro d’inscription. « Il n’y a rien eu depuis ! » S’exclame-t-elle, désabusée.
En attendant leur hypothétique retour au pays, ces algériens se sentent abandonnés. Nombreux sont ceux qui ont des problèmes de santé et qui ne peuvent même pas se soigner car leur assurance santé a expiré.