L’ONG de défense de la liberté de la presse, RSF, a réagi au lourd verdict prononcé en appel, le dimanche 18 juin, contre le journaliste Ihsane El Kadi.
Reporters sans frontières a condamné et dénoncé la lourde peine de sept ans de prison, dont cinq ans ferme, infligée en appel, au journaliste Ihsane El Kadi : « Cette peine, injuste et choquante, qui est l’une des plus lourdes jamais prononcées contre un journaliste algérien, couronne une procédure policière et judiciaire kafkaïenne et un acharnement contre Ihsane El Kadi », a indiqué RSF dans un communiqué.
De son côté, Khaled Drareni, le représentant de RSF en Afrique du Nord, a qualifié la condamnation d’Ihsane El Kadi de « surréaliste ». « La condamnation d’Ihsane El Kadi est surréaliste. Elle est le produit d’un harcèlement judiciaire contre un journaliste qui s’est battu pour exercer librement son métier dans un contexte de verrouillage politique généralisé. La place d’Ihsane El Kadi n’est pas en prison. Nous dénonçons également la mise à mort juridique de ses médias opérée au mépris de la loi », a indiqué Khaled Drareni.
Depuis l’arrestation du directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, RSF a mené plusieurs actions pour sa libération. Le 3 mai dernier, Khaled Drareni a remis en main propre une lettre au chef de l’Etat A. Tebboune, lors d’une cérémonie organisée au CIC à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. Cette lettre contenait plusieurs demandes, dont celle de libérer Ihsane El Kadi. En avril dernier, la veille du verdict du procès en première instance d’Ihsane El Kadi, RSF a déposé 13 000 enveloppes symbolisant le nombre de signatures de la pétition qu’elle a lancé en faveur d’Ihsane El Kadi, devant l’ambassade d’Algérie à Paris. RSF a également interpellé la rapporteuse spéciale de l’ONU au sujet du directeur de Radio M et de Maghreb Emergent. En janvier, trois rapporteurs de l’ONU ont saisi le gouvernement algérien pour demander des explications et des informations sur l’arrestation du journaliste, ses conditions de détention et la mise sous scellés des locaux des médias Radio M et Maghreb Emergent.
Ihsane El Kadi a été arrêté la nuit du 23 eu 24 décembre chez lui à Zemouri, à 70 kilomètres d’Alger, par des agents de la DGSI. Il a été placé en détention préventive le 29 décembre 2022, après cinq jours de garde à vue. Il est poursuivi pour un présumé « financement étranger à des fins de propagande » et « pour accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et au fonctionnement normal des institutions », sur la base des articles 95 et 95 bis du code pénal. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ans ferme, en première instance. Sa peine a été augmentée à sept ans de prison dont cinq ans ferme lors de son procès en appel.