Le festival Algérie en Mouvement (AEM) a étalé durant quatre jours aux quatre coins de Paris et de l’Ile de France le dynamisme créatif de la société algérienne. Un évènement à gros potentiel qui attend de changer d’échelle.
Le festival Algérie en Mouvement du forum Algérie France a drainé cette semaine plusieurs centaines de participants dans différents quartiers de Paris et de la première couronne au siège de la région Ile de France un des soutiens à cet événement.
Littérature ou Internet en Algérie, dans le quartier latin, initiatives citoyennes dans le 4e arrondissement, nouveaux films algériens à l’auditorium du Conseil régional à Saint Ouen, ou encore rencontres économiques dans l’hôtel des régions dans le 7e arrondissement. Cette ambition éclectique du Festival AEM pour promouvoir les initiatives algériennes à 360 degrés a rendu l’événement incontournable à Paris pour se tenir à jour de ce qui se passe de nouveau en Algérie. « L’idée de montrer en France un pays qui bouge plait au public. Les gens qui viennent après les heures de travail en semaine sont motivés pour apprendre plus sur l’Algérie. Pour leur grande majorité ce sont des binationaux ou des Algériens établis depuis longtemps en France » explique une des organisatrices.
Le festival combine des découvertes de nouveaux talents et des opportunités pour les publics de débattre de ce qui se passe en Algérie. Ainsi « Internet a t-il changé la vie des Algériens et comment ? » Thème d’un panel mercredi dernier, a suscité de vifs échanges à l’Institut de recherche en méditerranée et Moyen Orient, (IreMMO) un lieu qui s’est avéré trop exigu pour accueillir tous les festivaliers.
La concurrence inopinée de l’ambassade d’Algérie
Le festival Algérie en Mouvement en est à sa 5e année. Il s’installe dans la durée et n’a pas d’équivalent pour mettre la lumière sur la réalité civique, artistique et entrepreneuriale algérienne. L’Ambassade d’Algérie à Paris ne s’y trompe pas qui délègue ses représentants chaque année pour assister aux différents panels; et qui, semble prendre ombrage de son succès d’estime. L’ambassadeur d’Algérie à Paris Abdelkader Mesdoua a curieusement programmé une journée, le jeudi 27 septembre, dédiée au start-up en Algérie le jour même où AEM consacrait depuis longtemps dans son programme un atelier d’une journée entière à la rencontre entre entrepreneurs des deux rives. Il est vrai que la nature des intervenants dans les deux évènements n’est pas tout à fait identique. Le festival Algérie en Mouvement présente cette subtilité intéressante de rendre visible de vraies initiatives positives dans l’Algérie profonde – c’est l’objet d’un film projeté à la rencontre citoyenne le jeudi – et de donner la parole à des acteurs autonomes de la société civile ou des médias. Ainsi on peut aussi y entendre Nazim Baya co-fondateur d’El Manchar disserter sur l’écosystème de l’édition électronique délabré en Algérie.
Un modèle de festival qui approche de ses limites
Cette autonomie de parole reflète l’indépendance à laquelle tiennent les organisateurs franco-algériens du Festival Algérie en Mouvement. Elle donne une connotation particulière aux panels et aux débats dans le festival. Le forum Algérie France qui travaille à changer l’image toujours dégradée de l’Algérie pour rendre la coopération plus fluide entre les porteurs de projets venant des deux rives, a en partie, réussit son pari depuis 2013. Bien du chemin reste cependant à faire. « Le potentiel de AEM est considérable » reconnaît Mohamed Zaoui, journaliste et documentaliste algérien installé depuis 1994 en France. Tout le monde s’accorde sur ce constat. Son organisation militante basée essentiellement sur le bénévolat des membres du forum approche de ses limites. AEM est tenu de réunir plus de moyens pour accompagner son développement. Les lieux dédiés au festival deviennent inadaptés et provoquent des frustrations. Ainsi les nombreuses personnes restées à l’extérieur de l’IreMMO ou encore la décision unilatérale de dernière minute des administrateurs de l’auditorium de la région Ile de France d’avancer de 30 minutes la projection de « Enquête au Paradis » de Merzak Allouache, « parce que le lieu ferme à 22h ».
AEM est entrain de devenir la première marque franco-algérienne de la coopération et de la rencontre directe entre acteurs des deux rives. Il peut rapidement changer d’échelle en réunissant les moyens financiers qui lui manque.