En janvier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait diffusé une instruction pour rationaliser les dépenses. Faute de procédures nouvelles, les résultats sont peu probants.
L’administration algérienne peine à appliquer les directives du Premier ministre Abdelmalek Sellal concernant la rationalisation des dépenses publiques. Faut-il couper dans les budgets? Par quoi commencer? Comment décider des arbitrages dont la plupart relèvent de la politique gouvernementale? Les questions ne trouvent pas de réponse, ce qui pousse les fonctionnaires à reconduire, la plupart du temps, les dépenses traditionnelles en attendant des directives plus claires.
L’instruction de M. Sellal, diffusée en janvier, ne permet de trancher pour fixer les priorités. Inquiet des insuffisances dans l’utilisation de l’argent public, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait adressé aux membres du gouvernement une instruction dans laquelle il déplorait « un certain nombre d’irrégularités et d’insuffisances en ce qui concerne l’exécution des dépenses publiques ».
Selon M. Sellal, les « principales insuffisances » concernent « la mise en place tardive des crédits » et celle du « plan de gestion des ressources humaines », ce qui relève plutôt d’une défaillance dans la gestion. Mais le Premier ministre avait aussi cité « le non respect de la règlementation concernant les marchés publics » ainsi que « la liberté d’accès, de transparence et de concurrence dans le déroulement des consultations ». Ces dernières relèvent d’un non-respect de la loi et de la règlementation.
Eau, téléphone, frais de mission
Pour M. Sellal, la maîtrise du budget de l’Etat doit être « effective, consolidée et soutenue dans une démarche de performance ». La rationalisation budgétaire, « le respect des délais et la qualité doivent être de références à réunir pour chaque acte d’exécution », avait-il ajouté dans son instruction, recommandant notamment « une plus grande restriction dans les dépense relatives aux frais de réception, de manifestation, fêtes, alimentation », etc.
Le Premier ministre avait aussi préconisé de réduire « les charges relatives au téléphone, à l’eau, à l’électricité, au gaz », relevant que celles-ci « ne cessent de s’accroître ». Allant dans le détail, dans un souci d’austérité, il a même évoqué la nécessité pour les agents de l’Etat de maîtriser les frais de missions, « qui doivent couvrir des frais de mission effectifs ». Il a aussi critiqué des gaspillages plus classiques, très répandus dans les administrations, comme « les frais relatifs au renouvellement fréquent de matériels et mobiliers de bureau.
Pas de procédures nouvelles
Interrogé, un contrôleur financier affirme sous le sceau de l’anonymat que « les procédures traditionnelles » sont toujours en vigueur. « Il n y’a pas de changement significatif », même s’il note « un souci de la hiérarchie de répercuter, formellement, les recommandations du Premier ministre » concernant l’austérité. Mais « il n’y a toujours pas de directive écrite impliquant un nouveau modèle pour engager les dépenses », dit-il.
Sur un plan pratique, M. Sellal avait confié au ministre des Finances le soin « d’examiner, en relation avec les ministères concernés, les modalités de prise en charge des suggestions formulées par les contrôleurs financiers, visant à examiner les conditions d’exécution des dépenses publiques, notamment en ce qui concerne la mise en place rapide des textes d’application de la réglementation de marchés publics ». Ce ne sont donc pas les recommandations de M. Sellal qui ont débouché sur une meilleure maîtrise des dépenses, mais la rareté de l’argent, avec parfois des restrictions budgétaires prononcées.