Algérie - Ali Haddad et le clan présidentiel : un douteux échange de bons procédés (analyse) - Maghreb Emergent

Algérie – Ali Haddad et le clan présidentiel : un douteux échange de bons procédés (analyse)

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Aussitôt acquise la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat, les patrons d’entreprises agglomérés autour de son frère Saïd sont partis à la conquête des institutions en rapport avec la vie économique et la distribution de la rente pétrolière : le Forum des chefs d’entreprises et la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI).

 

 

La décision du président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani, de ne pas aller au terme de son mandat, qui court jusqu’au mois de décembre 2015, sonne comme une énième punition infligée par les entrepreneurs du clan présidentiel à l’égard de quelqu’un qui n’a pas affiché suffisamment son allégeance au président de la République. Selon des sources au sein du FCE qui ont requis l’anonymat, aussitôt la réélection d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat acquise, à l’issue d’un simulacre de scrutin organisé le 17 avril dernier, les patrons d’entreprises agglomérés autour de son frère Saïd notamment, ont commencé à se manifester pour purger les institutions en rapport avec la vie économique et la distribution de la rente pétrolière, à commencer par le FCE, la plus importante organisation patronale du pays.

 

Issad Rebrab, n’était plus parmi les bienvenus

 

Le premier à faire les frais de cette purge est le patron de Cevital, premier groupe privé algérien. Issad Rebrab était le dernier opposant à la politisation du FCE qui n’avait pas peur d’afficher ses positions. Selon nos sources, des « messagers » ont été mandatés pour lui murmurer que des « membres influents du Forum » sont derrière les blocages de ses projets. C’était, selon cette source, une façon de lui signifier qu’il n’est plus le bienvenu et lui donner l’« alibi », en tout cas une raison forte, pour claquer la porte. Chose qu’il a faite avec fracas dans une interview accordée à TSA, où il a accusé Ali Haddad sans le nommer mais, en parlant d’entrepreneurs proches des centres de décision et donnant une description qui mène vers le patron du groupe ETRHB (« Quelqu’un que j’ai moi-même aidé ! », a-t-il dit).

Le patron de Cevital était le troisième membre du FCE à quitter l’organisation, après Slim Othmani, patron de NCA Rouiba, qui s’est démarqué du jeu d’influence des entrepreneurs du clan présidentiel dès le 15 mars 2014, et Lotfi Nezzar, fils de l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar. A la différence de Slim Othmani, ce dernier, qui gère Smart Link Communication Spa, une société spécialisée dans l’exploitation des services Internet et des réseaux de télécommunication, n’a pas voulu médiatiser sa démission, intervenue le 30 mars 2014, mais son retrait est interprété par les initiés comme un démarquage de la famille Nezzar par rapport au clan des Bouteflika.

C’est aujourd’hui au tour de Réda Hamiani, qui donnait l’impression de tenir le bâton par le milieu, d’agir de même. Chose « impardonnable » selon les coutumes du clan qui l’a mis sous pression jusqu’à ce qu’il « trouve » la porte de sortie…

 

Limogeage du PDG de Sonatrach et acharnement contre celui d’Air Algérie

 

C’était Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs (PT) qui a donné l’alerte dans une conférence de presse. Les ambitions hégémoniques d’ETRHB Haddad s’étendent désormais au secteur des hydrocarbures. L’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures a pré-qualifié son groupe pour soumissionner à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures à l’issue de 4e appel à la concurrence national et international alors qu’il n’a aucune expérience en la matière. Il lui faudrait, en effet, monter des partenariats pour pouvoir concurrencer les majors pétroliers et les filiales de Sonatrach semblent une option de choix.  En attendant ce qui va se passer dans le secteur des Transports.

Le crash d’un avion d’air Algérie en juillet dernier semble être le parfait alibi pour mettre la compagnie aérienne nationale sous pression et justifier l’ouverture du ciel algérien aux privés. Les incidents somme toute normaux dans le domaine du transport aérien ont été passés au peigne fin durant cette saison estivale et même l’incursion des sangliers sur les pistes des aéroports sont maintenant attribués à Air Algérie, un transporteur parmi d’autres, qui exploite une infrastructure gérée par une entreprise indépendante (lire la série d’articles de notre confrère TSA sur le sujet). Amar Ghoul y a mis son grain de sel, commanditant un audit interne. C’est là une affaire à suivre puisque, Ali Haddad a, selon des sources proches de son groupe, déterré son vieux projet de lancer une compagnie aérienne. Une compagnie projetée depuis 2007 mais, qui bute contre le monopole d’Air Algérie.

 

La CACI pour Laid Benamor, le FCE pour un « jeune » du clan

 

L’autre institution visée par le clan présidentiel, c’est la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI). Le vice-président du FCE Mohamed Laïd Benamor, autre sponsor de la réélection d’Abdelaziz Bouteflika est parti à sa conquête en juin dernier déjà. Il est seul candidat déclaré pour l’élection, prévue le 21 septembre prochain, et a plutôt l’allure d’une « désignation ». Cette élection devait se tenir en juin mais a été retardée à cause de la non- validation des élections des instances des Chambres des wilayas de Naâma et de Tiaret.

Laid Benamor ne peut prendre la tête du FCE, « il a un projet pour la CACI », expliquent nos sources. Ali Haddad non plus, précisent-elles: « Il ne veut pas ou n’a pas le temps pour. » Les bruits de couloirs prêtent à Omar Ramdane la volonté de revenir aux commandes et des ambitions à Brahim Benabdeslam, actuel président du Conseil d’orientation stratégique (COS) mais, des plus jeunes comme le vice-président Karim Cherif, ou encore Mohamed Bairi, qui s’est montré très actif lors de la campagne électorale, semblent en pole position dans cette course à la succession de Reda Hamiani…

 

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