« L’intérêt national suprême exige de nous tous, plus que jamais, de renouveler la demande à l’homme qui a réalisé tous ces acquis et qui a permis le retour de la paix et de la stabilité », a déclaré Abdelkader Bensalah.
A l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire ordinaire 2018/2019, ce lundi 3 septembre, les présidents des deux chambres parlementaires ont passé plusieurs messages politiques. L’opposition, de son côté, a profité de cette occasion pour mettre l’accent sur plusieurs sujets d’actualité.
En réponse à Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), et sans citer son nom, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Said Bouhadja, a affirmé que l’époque des transitions est finie en Algérie, et que le choix démocratique et l’accès au pouvoir se font à travers les rendez-vous inscrits dans la Constitution et à travers « la volonté du peuple ». « Notre armée républicaine est celle de tout le peuple. Elle refuse qu’elle soit mêlée aux conflits politiques et assure son allégeance au président de la République. L’armée est consciente des missions que la Constitution lui confie». Abderrazak Makri, avait appelé récemment l’Armée nationale populaire (ANP), à intervenir pour « sauver le pays en assurant une transition démocratique ».
Sans qu’ils soient cités, les deux partis de l’opposition qui appellent à une « Assemblée constituante », le Front des forces socialistes et le Parti des travailleurs ont été eux aussi destinataires de messages de la part du président de l’APN. « Notre pays a établi un cadre institutionnel basé sur la volonté du peuple et le recours à la Constitution, les gens qui parlent d’une assemblée constituante doivent savoir qu’elle est dépassée par le temps », a souligné Bouhadja.
Le même discours a été tenu au Sénat. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensaleh, lors de son allocution d’ouverture, a appelé la classe politique à élever le niveau du débat politique et à éviter d’impliquer les institutions républicaines et leurs symboles dans un débat « stérile et inutile ».
Un hémicycle à moitié vide au Sénat
Abdelkader Bensaleh a notamment appelé ce matin le chef de l’Etat à briguer un 5e mandat. « L’intérêt national suprême exige de nous tous, plus que jamais, de renouveler la demande à l’homme qui a réalisé tous ces acquis et qui a permis le retour de la paix et de la stabilité…Je l’invite à poursuivre son œuvre dans la même voie et la même orientation », a déclaré Bensaleh. Un appel vraisemblablement attendu par l’opposition, puisque le député indépendant de Bejaia, Braham Bennadji a déclaré un moment avant l’ouverture de la plénière, qu’à « la veille des présidentielles de 2019, tous les indices indiquent que ladite session serait dédiée à la défense du pouvoir et à l’opposition de toute initiative démocratique qui peut mettre fin à ce régime ».
Le FFS a boycotté l’ouverture de la session parlementaire dans ses deux chambres. Pour ce parti d’opposition, le boycott est un moyen pour dénoncer une nouvelle fois « la soumission » de l’institution législative par le pouvoir exécutif. L’institution législative « s’est transformée en un simple comité de soutien à l’échec politique », a noté le FFS dans un communiqué rendu public cet après-midi.
Par ailleurs, le président du Conseil de la nation a présenté son allocution dans un hémicycle à moitié vide. Plusieurs sénateurs des deux partis de la majorité, Front de libération nationale (FLN), et le Rassemblement national démocratique (RND), ont boycotté la session. Ils se sont rassemblés dans le hall du Sénat pour protester contre l’arrestation de leur collègue, le sénateur RND Malik Boudjouher, accusé de corruption. Pour plusieurs sénateurs « boycotteurs » rencontrés sur place, Malik Boudjouher est une victime du pouvoir de l’argent et d’un règlement de comptes. Ils ont notamment précisé que leur collègue est protégé par l’immunité parlementaire et que la décision de son arrestation est anticonstitutionnelle.
L’épidémie du choléra suscite la colère de l’opposition
« Nous reprochons au gouvernement la contradiction dans les déclarations officielles sur la source et les causes de l’épidémie du choléra, qui a désorienté les citoyens et qui a causé une perte de confiance en la crédibilité des institutions, chose qui n’est pas dans l’intérêt de la stabilité politique et institutionnelle de l’Etat ». C’est ainsi que le groupe parlementaire du MSP a commenté la réaction du gouvernement face à l’épidémie de choléra qui frappé l’Algérie récemment.
Le FFS lui aussi a critiqué la gestion anarchique du dossier de l’épidémie de choléra en mettant l’accent sur les déclarations contradictoires des quatre ministères; la Santé, l’Intérieur, l’environnement et l’agriculture. « Les députés du FFS réclament la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les causes de ladite épidémie et sur les procédures suivies pour la prévention et la protection de la santé du citoyen et la santé publique », a souligné le FFS dans son communiqué.