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Algérie-Chute des cours pétroliers: bilan financier 2005/2014 et quelles perspectives horizon 2018/2020

Par Yazid Ferhat
avril 13, 2015
Algérie-Chute des cours pétroliers: bilan financier 2005/2014 et quelles perspectives horizon 2018/2020

L’objet de cette présente contribution, à partir des données officielles, est de présenter objectivement le   bilan financier de l’Algérie entre 2005/2014, afin d’éviter le scénario dramatique des années  1986,  d’analyser  les impacts  de la chue du cours du pétrole sur l’évolution de la balance commerciale, de la balance des paiements et donc sur l’évolution des réserves de change et du fonds de régulation des recettes. S’impose une loi de finances complémentaire  pour 2015 si l’on veut éviter une dérive budgétaire.

 

 

1. Quelle est l’évolution de la structure  de la balance commerciale et de la  balance des paiements  en rappelant que pour le calcul à prix constants, il faille tenir compte  du taux d’inflation   et  de l’évolution   des taux   de change. Ainsi le taux de change pour un euro en 2001 était de 69,20 dinars et   77,26 dinars un dollar ;   en 2012, 102 dinars pour l’euro  et 77 dinars pour le dollar ; en 2013, 105 dinars pour  un euro  et 79 dinars pour un  dollar  et  le 11 avril   2015 nous avons  104,56 dinars un euro    et 98,78 dinars pour  un dollars. Les importations  de biens, à   prix courants, sont évaluées à  39, 294 milliards de dollars  en 2009 au moment de la loi de finances complémentaire instaurant  le crédit documentaire le CREDOC  et la règle des 49/51%  40,472 en 2010 ;  46, 453 en 2011 ;  47,490 en 2012 ;  55,028 en 2013 et  58,330 en 2014. Le taux d’intégration  des entreprises publiques  et privées  ne dépassant pas  15% , fonctionnant en majorité avec de la  matière première importée, les biens intermédiaires  sont passées de 17,423 milliards de dollars en 2012, à 17,536 en 2013 et à 17,475 milliards de dollars en 2014.Comment dès lors cibler les crédits à la consommation normalement destinés à la production nationale dont le taux d’intégration dépasse les 40%   et ce  crédit généralisé ne risque t-il pas  de conduire à l’accroissement des importations  de  cette rubrique?  Mais  il y a lieu outre  les importations de biens analysés précédemment, d’inclure  des importations de  services, en majorité appel aux bureaux d’études étrangers  dont plus de 70% proviennent de Sonatrach/Sonelgaz et du BTPH. Ainsi selon la banque d‘Algérie les services,  ont représentés en 2013 10,77 milliards de dollars  donnant un  total  des  importations de biens et services de 65,76 milliards de dollars    et en 2014 11,70 milliards de dollars avec un total d’importation  de biens et services de 71,14 milliards de dollars. Ce sont les sorties de devises   sans les transferts légaux de capitaux  dont les transferts courants nets  ont été de 2,79 milliards de dollars  en 2013  et 3,30 milliards de dollars  en 2014. Cela traduit la faiblesse pour ne pas  dire l’inexistence de bureaux d’études pluridisciplinaires complexes dans la majorité des secteurs  sans lesquels  aucun développement fiable à terme ne peut se réaliser renvoyant  à la ressource essentielle dans tout pays qui est la ressource humaine.

 

2-Les exportations sont à dominance d’hydrocarbures. Ici,  je dois souligner  que selon un rapport de fin mars 2015 de l’Agence gouvernementale américaine d’information sur l’énergie (EIA), à ma disposition que les recettes de Sonatrach ( à ne pas confondre d’ailleurs avec le résultat brut d’exploitation devant déduire les  charges d’environ 25% pour avoir le profit net) aurait été de    56 milliards de dollars et non de 63 en 2013,  de  48 milliards de dollars en 2014,et non de 59  soit un écart  de 11 milliards de dollars. Il appartient à la banque d’Algérie et au Ministère de l’Energie d’éclairer l’opinion  publique  sur cet écart de 11 milliards de dollars. Et éventuellement pour voir si la méthodologie de calcul  de l’EIA correspond  à celle de Sonatrach, certains pays ne prenant en compte que les exportations brutes  du pétrole et du gaz et non les dérivées.  Car pour la banque d’Algérie dans son rapport officiel, repris par  le FMI, les exportations d’hydrocarbures  ont été de 63,66 milliards de dollars  en 2013  58,34 en 2014, et durant les mois  de janvier/février  2015  de 5,152 milliards de dollars contre 10,396 pour la même période 2014 soit une chute  de près de 50%.   Ainsi le solde  de la balance commerciale  a  été    de 24,376 en 2012 ;  de 9,946 en 2013  et  seulement   de 4,626 en 2014 en n’oubliant pas  que le cours  moyen entre le premier semestre (plus de 105 dollars le baril, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole)  et le second semestre   a été selon la banque mondiale de plus  de 85 dollars.  Cependant, la balance commerciale ne couvre que les biens, les services. Aussi la balance des paiements  est le document de référence  qui permet  de quantifier la solidité économique et financière d’un pays. .Si l’on prend les données de la banque d’Algérie pour seulement 2013/2014 les revenus des services  facteurs nets  sont négatifs moins de 4,52 milliards de dollars pour 2013  et 4,88 milliards de dollars pour 2014. La balance courante  accuse un solde positif d’un milliard de dollars en 2013  mais un solide négatif de 9,11 milliards de dollars fin 2014Le solde global de la balance des paiements  a été de 130 millions de dollars en 2013  et négatif  de 5,88 milliards de dollars fin 2014.

 

3.-Quels sont les impacts des tensions au niveau de la balance des paiements sur les réserves de change et le fonds de régulation des recettes ?  La société des hydrocarbures ne créant pas de richesses ou du moins très peu, elle transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l’entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change qui, du fait de la faiblesse de capacité d’absorption, sont placées à l’étranger (environ 83%). Ainsi, les  recettes de Sonatrach ayant été  entre 2000/2014 de plus de 760 milliards de dollars  et plus de 580 milliards de dollars d’importation, la différence est  les réserves de change actuelles.  Les réserves de change étaient de 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014,  à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et   de 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés fin juin 2014Cela s’explique par la cadence des importations de biens et services, la chute du cours du pétrole  et également de la dévalorisation monétaire d’une partie  des placements effectués en euros du fait de sa dépréciation par rapport au dollar. Ces réserves, non compris les  173 tonnes d’or d’une valeur monétaire d’environ 7 milliards de dollars au cours actuel,   incluent  le  quote-part au Fonds monétaire international de  1,96 md de DTS (près de 3 milliards  de dollars), s’ajoutant  à la décision de l’Algérie en octobre 2012 de participer à l’emprunt lancé par le FMI avec un montant de 5 milliards de dollars. Ces placements des réserves de change à l’étranger tant en bons de trésor américains, en obligations européennes et dans des banques privées internationales  cotées dites AAA ,  le rendement a été de  4,60  en 2010, de 4,45  milliards de dollars en 2011  et  pour 2013 selon le gouverneur 3,155 milliards de dollars en 2013, reflétant un taux de rentabilité de 1,66% . Cependant il faut éviter une vision de sinistrose par rapport à 1986 où à cette époque  commençait le niveau d’endettement et les  réserves de change étaient presque nulles. Ainsi grâce au remboursement par anticipation, la dette à moyen et  long terme est passée de 22,44 milliards de dollars en 2001 à 2, 068 en 2013 et  la dette extérieure   de 22,70 en 2001  à 3,396 en 2013  et  à 3,666 milliards de dollars à fin  2014.  D’une manière générale, si l’on  maintient le niveau des dépenses de 2014 pour 2015, l’on devrait normalement puiser  dans les réserves de change  environ 30 milliards de dollars en 2015. Si l’on maintient  le  rythme et la même structure  des dépenses à dominance publique, le versement de salaires sans contreparties productives durant la période 2015/2020, les réserves de change devrait s’épuiser horizon 2020/2021.

 

4.-Qu’en est-il de l’impact sur le  niveau du fonds de régulation des recettes  qu’il s’agit de ne pas confondre  avec les réserves de change ? Le  fonds de régulation des recettes résulte de la différence entre le prix de vente  moyen annuel des hydrocarbures  et  le plancher  de la loi de finances   de 37 dollars, le premier étant géré par la banque d’Algérie et le second par le trésor. C’est la reconversion   de la devise hydrocarbures en dinars algérien. De ce fait,  un dérapage du dinar  de 10 à 15% gonfle artificiellement  le fonds de régulation des recettes de 10 à 15%. Il en est de même des importations en euros  reconvertis en dinars au niveau de la douane où les taxes douanières  se calculent  en référence au dinar. De ce fait un dérapage  du dinar tant par rapport à l’euro que par   rapport au dollar gonfle  la fiscalité  hydrocarbures et ordinaires voilant  la réalité   du déficit budgétaire.   A fin 2014, les avoirs du FRR s’étaient établis, après prélèvements, à 4.408,4 mds de DA contre 5.563,5 mds de DA à fin 2013, soit .cours de 95 dinars un dollar, 47 milliards de dollars, en signalant  que   loi de finances 2015 paradoxe,  a été établi sur la  base d’un cours de 79 dinars un dollar. La loi des Finances 2015 prévoit  un déficit budgétaire de 4.173,3 mds de dinars, au cours de 95 dinars un dollars  44 milliards de dollars. Or, le budget de fonctionnement et d’équipement  réuni selon la  banque mondiale ne peut se réaliser  que  sur la base d’un cours de 120 dollars (37 dollars étant un artifice comptable). Ainsi si le cours moyen pour 2015 s’établit à 60 dollars  et en prenant comme hypothèse   qu’une chute   d’un dollar par baril occasionne  un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars , en moyenne annuelle, les recettes de Sonatrach  alimenteront  le fonds de régulation des recettes que de 14 milliards de dollars donnant un total fin  2015 de 61 milliards de dollars , restant au 01 janvier 2016, en cas du maintien  des dépenses  prévues  par la loi de finances  2015 que  17 milliards de dollars pour le fonds de régulation des recettes. En cas d’un cours entre 50/55 dollars le cas serait encore plus dramatique qu’en 1986 du fait de la pression démographique  40 millions  fin 2015 allant vers 50 millions horizon 2030 et de l’exigence nouvelle des populations. Il s’en suivrait l’inévitable   dévaluation du dinar, un processus inflationniste et la fin des subventions généralisées  qui ont  représentées 60 milliards de dollars en 2014, soit 27/28% du produit intérieur brut.  Il devient urgent  de prendre des mesures de  rationalisation des choix budgétaires ciblées, de mieux gérer les réserves de change, de lutter contre la mauvaise gestion et la corruption, d’avoir un  Etat de Droit,  afin d’éviter les tensions sociales, voire politiques au sein d’une région qui devrait connaitre d’importants bouleversements géostratégiques.  Devant différencier  stratégie  et tactiques, cette démarche  de sortie de crise doit être  sous tendue  par le développement des libertés politiques, économiques, sociales et culturelles,  l’Etat de Droit, évitant les instabilités juridiques perpétuelles, produit de rapports de forces contradictoires,  qui découragent tout investisseur qu’il soit national ou étranger.  [email protected]

 (*)Professeur des universités, docteur d’Etat (1974) -expert international –

 

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