Algérie-chute des prix du pétrole: risque de récession dans le BTPH et de bulle immobilière - Maghreb Emergent

Algérie-chute des prix du pétrole: risque de récession dans le BTPH et de bulle immobilière

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Les lois économiques sont insensibles aux slogans politiques. Les nouvelles qui nous parviennent en ces mois de juillet et août 2016 de la majorité des 48 wilayas concernant le BTPH, notamment privé, avec des malfaçons, des surcoûts et des fermetures faute de paiement, sont inquiétantes.

 

 J’attire l’attention du gouvernement sur le danger d’une bulle immobilière en Algérie en cas de persistance  de la faiblesse du cours des hydrocarbures avec des conséquences dramatiques  sur tous les segments et les couches qui bénéficient  de taux d’intérêts bonifiés, qui seront dans l’incapacité de rembourser,  mettant en danger  toute la société et le système financier  qui ne pourra plus être recapitalisé,  obligeant les banques à élever leur  taux d’intérêt supérieur au taux d’inflation 

1.- Selon l’enquête mensuelle d’avril 2016 de l’ONS, la structure de l’emploi selon le secteur d’activité fait ressortir que le secteur des services marchands et non marchands absorbe 61,7% de la main d’œuvre totale, suivi par le BTP  (16,6%), l’industrie (13,0%) et enfin l’agriculture (8,7%). Sur une population active de 10.895. 000,  le BTPH occupe 1.808.570 salariés permanents et non permanents  en réalité beaucoup plus si l’on inclut la sphère informelle. Aussi cette enquête mensuelle donnant 9,9% de taux de chômage doit être interprétée avec précaution, devant attendre la moyenne annuelle fin 2016 et surtout analyser la structure de l’emploi (voir nos contributions sur ce sujet- juillet 2016- www.maghrebemergent.com ). Les promoteurs  qui ont   déjà vendus sur plan ayant perçu l’intégralité des montants  s’en sortent bien. Pour les autres , ils n’arrivent pas à vendre du fait de la détérioration du pouvoir d’achat  et surtout supportant les intérêts des banques qui actuellement manque de liquidités, (nos responsables doivent éviter de vendre des illusions au sein de bureaux climatisés et aller sur le terrain) risquant la faillite . Par ailleurs les petites entreprises de bâtiments  en grand nombre sont en train de fermer. Pour les grandes entreprises privées, le paiement surtout des APC et wilayas soit ne se fait pas  malgré parfois que les  travaux soient finis soit avec un grand retard mettant en difficultés les trésoreries de ces entreprises. L’insolvabilité de bon nombre de citoyens ayant acquis des logements à des taux d’intérêts bonifiés est un risque qui n’est pas écarté ce qui pourrait provoquer une véritable crise sociale et politique. Comme il y a lieu de souligner ce  paradoxe de construction de logements avec les anciennes techniques alors que les nouvelles permettent d’économiser entre 20/30% de ciment, de rond à béton et d’énergie  et que la résolution de la crise de logements sans relance économique réelle prépare le nid à de vastes contestations sociales car actuellement plusieurs familles vivent sous le même toit, le revenu familial servant de tampon social.(même marmite, même charges ect…), étant, impossible pour un couple avec deux enfant de  vivre seul  avec un salaire familial de moins de 50.000 dinars net.

 

2.- Ainsi la crise financière  (ce n’est pas propre à l’Algérie, beaucoup de projets ajournés ou annulés même dans certains  pays du Golfe mais qui ont eu l’intelligence d’investir à l’étranger à travers leurs fonds souverains, à cause des effets  de la baisse des  recettes des hydrocarbures) se fait sentir avec un danger à l’image de l’Espagne ou des  USA  fin 2008, d’une bulle immobilière. Lors de la bulle immobilière américaine de 2008, les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties et à des taux d’intérêts élevés. Il y a eu ensuite la diffusion des mauvaises créances dans le marché et pour évacuer les risques, les banques revendent leurs créances, c’est-à-dire qu’elles découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché dans les portefeuilles d’investisseurs de toute la planète. La dévaluation rampante  du dinar en Algérie équivaut à réaliser une épargne forcée au profit de l’Etat gonflant artificiellement les recettes fiscales ordinaires et hydrocarbures, donc voilant l’importance réelle du déficit budgétaire, en amenuisant les revenus mais également l’épargne des ménages  thésaurisée qui tendrait  vers zéro.  Dès lors se manifestera l’insolvabilité de bon nombre de citoyens du fait de la hausse des taux d’intérêts et de la baisse de leur pouvoir d’achat, ayant acquis soit des logements à des taux d’intérêts bonifiés ou  ayant bénéficié d’autres avantages financiers et fiscaux. Nous aurons alors le même effet de l’impact de la crise de 1986 où pendant les années 1989/1991 pour les projets privés agréés par l’OSCIP,  le taux d’intérêt était passé de 5% à 15% ayant entraîné la faillite de bon nombre d’opérateurs privés et accru l’endettement des entreprises publiques.

 3.-Le langage de la  vérité doit nous guider, comme l’a instruit son Excellence Mr le président de la république  ni sinistrose, ni autosatisfaction destructrice et démobilisatrice. Il y a urgence, non de se réfugier dans  des séminaires ou des rencontres internationales qui souvent sont des pertes de temps et d’argent, mais d’avoir une vision stratégique  et de prendre des décisions concrètes au profit des générations futures, l’Algérie devant privilégier avant tout ses intérêts, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments .  Si l’Algérie améliore le climat des affaires, pas besoin de code d’investissement ou de rencontres, les investisseurs locaux  et internationaux investiront d’eux-mêmes dans des segments à  forte valeur ajoutée. En cas d’épuisement des réserves de change, avec la règle des 49/51%, où l’Algérie supporte tous els surcouts,   il  ne faut pas être utopique, les étrangers nous abandonneront à notre propre sort. En raison de la persistance de la crise mondiale, (faiblesse de la croissance chinoise et des pays émergents), des nouvelles  mutations  énergétiques mondiales (économies d’énergie, d’autres sources d’énergie reposant sur les industries écologiques )  , de la forte concurrence, production  massive  future  de la Russie, des USA, de l’Iran de l’Irak et  de l’Arabe Saoudite ( l’OPEP représentant moins de 33% de la production commercialisée mondiale), le niveau relativement  bas  cours des hydrocarbures  devrait se confirmer entre 2016/2020 comme j’ai eu l’occasion le souligner entre 2010/2016 dans de nombreuses contributions et interviews  nationale(1),  au cours de conférences  « crise mondiale, Sonatrach et le marché européen de l’énergie » en 2011 à l’invitation du parlement européen à Bruxelles et en décembre 2012 au Sénat français. Un front le plus large possible sans exclusive s’impose car les intérêts supérieurs de l’Algérie sont menacés personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme. Pour des raisons de sécurité nationale,  les  réformes structurelles deviennent urgentes, difficiles car déplaçant des segments de pouvoir, et  liées à la bonne gouvernance. Cela implique surtout la moralisation des personnes chargées de gérer la Cité,  la mise en place d’institutions adaptées aux nouvelles mutations locales et internationales, (débureaucratisation et   encouragement des libertés),  couplées selon une vision stratégique de long terme , redonner le primat à l’économie de la connaissance, la réforme du marché du travail( concilier  flexibilité et équité par une formation permanente ) , du foncier  et celle  la réforme du système financier algérien, notamment public qui concentre plus de 85% des crédits octroyés (enjeu de pouvoir  et poumon des réformes). Cela conditionne le choix de segments en termes d’avantages comparatifs coût-qualité dans le cadre des valeurs internationales (industrie-agriculture-services) notamment en co-partenariat si l’on veut réaliser cette transition d’une production et exportation hors hydrocarbures elle même liée à la transition énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB devant aller vers 15/20% minimum horizon 2020. Les nouvelles qui nous parviennent  en ces mois de juillet et août 2016 de la majorité des 48 wilayas concernant  le BTPH notamment privé   avec des malfaçons, des surcoûts  et des fermetures faute de paiement sont inquiétantes Aussi,  j’attire l’attention du gouvernement sur la récession dans le BTPH grand pourvoyeur d’emplois,  danger d’une bulle immobilière en Algérie avec des licenciements massifs pouvant préparer le nid à de vastes contestations sociales, la sécurité nationale étant posée, en ces moments de grands bouleversements géostratégiques militaires et économiques au niveau de la région.

4.En résumé, comme je viens de l’affirmer début août 2016 à plusieurs canaux de télévisons (Beur TV, Djazaiera, KBC, Ennahar TV,  El Bilad),  l’histoire  depuis des siècles, nous enseigne que l’Algérie a eu à surmonter d’innombrables crises. C’est pourquoi, je  suis confiant,  sans démagogie, aux potentialités et  elles sont énormes de mon pays, un grand pays, qui peut réussir ses réformes grâce à une nette volonté politique de changement et éviter les sombres prévisions de certaines institutions internationales de faillite horizon 2019/2020. ademmebtoul@gmail.com

(*) Professeur des Universités, expert International

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