Algérie-covid-19: "90.000 entreprises risquent de faire faillite" (UNJI) - Maghreb Emergent

Algérie-covid-19: “90.000 entreprises risquent de faire faillite” (UNJI)

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“L’Etat doit accompagner les entrepreneurs par la prise en charge immédiate d’une partie de leurs charges », assure le professeur Mohamed Cherif Belmihoub.

Faute de mesure de sauvegarde des entreprises et de protection des emplois dans le secteur privé, bon nombre de TPE/PME craignent de devoir mettre la clé sous le tapis après des licenciements en cascade.

Alors que tous les voyants sont au rouge, environ 90 000 entreprises seraient menacées de faillite, selon l’Union nationale des jeunes investisseurs (UNJI),

En effet, plusieurs secteurs comme le BTP, le transport ou le tourisme et loisirs sont déjà à l’agonie depuis que les premières mesures de cessation d’activités ont été mises en place par le gouvernement, dans le cadre de lutte contre la propagation de la pandémie Covid-19. Mais contrairement à d’autres pays, et à l’exception de quelques « mesurettes » fiscales annoncées cette semaine par l’exécutif, l’Algérie tarde à dessiner les contours d’un plan de sauvegarde et compensation de la baisse du chiffre d’affaires voire des pertes qui résulteront des sacrifices du secteur privé et qui mèneront, inéluctablement, vers un ralentissement de la roue de la consommation.

Le FCE plaide pour une année fiscale blanche

Mardi dernier, la Banque d’Algérie a annoncé une série de mesures exceptionnelles et conjoncturelles permettant aux établissements financiers et aux banques d’augmenter leurs capacités de financement en faveur des entreprises économiques impactées par la conjoncture induite par le Covid-19. Elles viennent s’ajouter à une batterie « d’arrangements » décidés par le Fisc, prévoyant, entre autres, de différer certaines échéances imminentes.

Mais est-ce suffisant ? Le Forum des chefs d’entreprise s’est récemment positionné, par le biais de son président Sami Agli, en faveur d’une amnistie fiscale générale. En d’autres termes, le patronat propose à l’Etat de soulager les milliers de commerçants, artisans et autres entrepreneurs de l’ensemble des charges fiscales qui pèsent sur eux, durant l’année en cours, en l’adossant à un plan de relance économique.

“La crise s’installe de façon transversale dans tous les secteurs économiques. Nous plaidons pour le maintien de l’activité économique et la préservation des emplois. Nous avons saisi les pouvoirs publics en faisant une série de propositions à cet égard”, a révélé le patron des patrons.

La planche à billets, une option

De son côté, le professeur d’économie et de management, Mohamed Cherif Belmihoub, tire la sonnette d’alarme. Il estime qu’il est urgent de réfléchir à une série de facilitations sur le plan administratif, mais également au niveau de la trésorerie des entreprises, de manière à anticiper un redémarrage rapide de la machine économique, une fois la crise passée.

« L’Etat doit accompagner les entrepreneurs par la prise en charge immédiate d’une partie de leurs charges, notamment les salaires des effectifs soumis au chômage partiel ou total», préconise-t-il. Parmi les solutions qu’il envisage, figure un recours à la planche à billets comme alternative au financement des dites mesures. « Il ne faut pas fermer la porte à un recours à l’endettement intérieur, dont nous n’avons exploité, auparavant, que 50% du potentiel. Il me semble raisonnable de faire appel à la planche à billets, au vu des circonstances actuelles», a-t-il expliqué.

D’autre part, l’UNJI parle d’un « désastre économique » et d’une « paralysie du tissu entrepreneurial dans son ensemble ». N’hésitant pas à voler au secours des entreprises dite « Ansej », le président Ryad Tanka estime que les PME ayant bénéficié de ce diapositif d’aide à la création de TPE/PME, sont les plus touchées par la crise, car « dès leur démarrage, elles enregistrent d’importants crédits à leur passif. » Il appelle, entre autres, à des mesures fiscales taillées sur mesure, avec de ” nouveaux échéanciers “, « un paiement échelonné des dettes auprès des banques » et « une exonération des cotisations sociales ».

Il faut sauver le soldat « entreprise » !

Proposée aux pouvoirs publics dès le mois de février, l’initiative élaborée conjointement par CARE et le CJD dès février 2020, a débouché sur un plaidoyer pour la sauvegarde et le développement de l’entreprise algérienne. Le document est l’œuvre d’une « Task-force ad-hoc » composée de cadres dirigeants et de chefs d’entreprise. Il prévoit une série de propositions à considérer sur le court et moyen terme, notamment :

  • La mise en place d’un moratoire fiscal et parafiscal pour les entreprises en difficultés.
  • Le retrait ou l’amendement de certaines dispositions de la LFC 2020, de nature à accentuer les déséquilibres de trésorerie des entreprises.
  • Une Taxe sur la valeur ajoutée des livraisons de biens dématérialisés pour le commerce électronique.
  • La Suppression de la réfaction de la TAP pour le BTPH
  • La réduction du taux de l’abattement applicable sur les redevances d’utilisation de logiciels informatiques.
  • La limitation de la déductibilité des frais liés à la promotion médicale des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques.
  • La révision du seuil du chiffre d’affaires annuel pour l’application de l’Impôt Forfaitaire Unique (IFU).
  • La taxation des bénéfices des sociétés, non distribués ou non capitalisés au-delà d’une période de trois (3) années.
  • Le relèvement du taux de la taxe de domiciliation bancaire. Rehaussement de la contribution de solidarité.
  • La réduction du taux de l’avance financière lors de la demande de remboursement de la TVA.
  • L’imposition des dividendes des personnes morales provenant de la distribution de bénéfices, ayant été soumis à l’impôt sur les bénéfices des sociétés.
  • L’abrogation de l’article 23 de l’instruction n°74-94 relative à la fixation des règles prudentielles de gestion des banques limitant les découverts bancaires à 15 jours de Chiffre d’affaires.
  • Le rééchelonnement de la dette des entreprises en difficulté.
  • L’obligation de règlement des PME à 60 jours maximum.
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