Une construction qui n’a aucun autre attribue civilisationnel que celle d’une originalité anachronique de brique et de broc qui à force de retouches, liftings, replâtrages, veut donner l’illusion d’une modernité architecturale.
Nous avons vécu lors d’une rencontre entre la haute direction du pays et son bras local, les walis, extension militaire d’une organisation napoléonienne de l’état central dans ses provinces reculées, elle-même d’essence romaine, un drôle d’énième épisode d’une gouvernance incapable de regarder son externalité, au sens le plus intimiste d’un système autocentré, autrement que comme une menace maladive contre non son existence, celle d’une minorité administrative ayant pris en otage le destin du pays, mais comme une menace pour le pays, le peuple, et pourquoi pas le monde libre, enfin le monde révolutionnaire, enfin ce qu’ils considèrent d’universel de ce qu’ils se voient d’être. Au fond, ils sont tellement nombrilistes, qu’ils se moquent de leur universalité, dans ce monde vu comme hostile.
Au-delà de la paternité d’un message d’une violence inouïe qui est un vrai sujet de questionnement, tant son messager était balbutient, et le ton utilisé est en décalage avec l’œuvre politique publique de celui qui a manifesté un art reconnu de la subtilité diplomatique et politique, nous avons eu affaire plutôt à un art inconnu d’une martialité telle, qu’il est plus le produit d’école du KGB que celle d’une toute autre école civilement reconnue.
Réflexe pavlovien
Que se passe-t-il d’aussi grave pour que notre supposé message paternaliste soit un ramassis d’incongruité politique, de menace martiale, digne d’une vision éradicatrice plutôt vécue à partir de juin 1991, qu’on dit celle d’un Ataturk national qui a fait de la réconciliation et le machiavélisme politique, même si d’essence messianiques, sa marque de fabrique.
Voudrait-on préparer un nouveau janvier 1992, réflexe pavlovien des thuriféraires du système comme réponse à la vague démocratique qui bourgeonne à 6 mois d’une échéance que des millions d’Algériens souhaitent voir. Celle d’un nouveau départ pour leur pays, afin de construire par la force des bras et de l’esprit le maison commune sur la base de fondation d’une solidité redoublée, et non juste sur la base d’une colonne vertébrale qui à force d’agression sur le corps national risque de devenir squelettique, tellement dépourvue de chair et de muscles qu’elle risque de s’effondrer comme une expression Khaldounienne de la vie des civilisations tellement accélérée, que de civil, pardon, de civilisation, elle en est atrophiée à l’expression d’un instinct de survie d’un système autocentré.
Une construction qui n’a aucun autre attribue civilisationnel que celle d’une originalité anachronique de brique et de broc qui à force de retouches, liftings, replâtrages, veut donner l’illusion d’une modernité architecturale, d’une touche universelle qui n’a d’originalité que celle d’un engineering de la rente vers l’allocation politique la plus optimal, dans l’objectif auto-immune du système, et non comme une allocations optimale des ressources nationale pour favoriser la meilleure croissance possible et le bien-être des concitoyens.
Comment peut-il en être autrement, quand de concitoyen, on ne perçoit que l’obligation des géniteurs à protéger leur progéniture, au sens le plus sécuritaire du terme, avec les histoires de Bouloulou interne et externe, et non permettre aux enfants de ce pays de consacrer leur ambition au service de la collectivité, la collectivité étant privatisée par une caste de bureaucrates dirigés par des stabilocrates et des mains invisibles qui donnent au mouvement des mains une apparence de velours dans une main de fer.
Entre contemplation et participation
A-t-on si peur de la prochaine échéance électorale, qu’on prépare à annuler par un cinquième mandat d’un homme diminué qui à force de refuser d’être un 3/4 président, accepterait d’être un 1/100 président. Peut-on croire que c’est le même homme qui nous avait annoncé son retrait en 2012 pour favoriser de nouvelles générations décide de son propre chef d’aseptiser l’élection future et attendrait la mort pour permettre à une progéniture qui a trop manifesté son ambition d’enfin s’approprier l’héritage dans les 60 jours, déchirer tout testament s’il avait été rédigé et se présenter aux Algériens comme le digne héritier, Le prince, au sens de Machiavel, ou c’est plutôt le vizir au sens d’Ibn Khaldoun, qui va sauvegarder le royaume par un coup d’Etat médical en février 2019 qu’on nous demandera de chaudement applaudir, tant le cinquième mandat est vécu comme une humiliation épouvantable pour des millions d’Algériens.
Au lieu de faire de la future échéance une formidable occasion pour remobiliser le peuple autour d’une œuvre nationale participative, on veut mobiliser le peuple dans une œuvre nationale contemplative qui n’a d’esthétique, qu’un cubisme que savoure les affidés du système et ses clientèles et précipiter ce beau pays dans les abysses de l’histoire comme l’a vécu l’histoire millénaire de cette région.
Othmane BENZAGHOU