Le journaliste est accusé par le parquet de Bir Mourad Rais d’avoir divulguer des “documents gouvernementaux sensibles” à des diplomates étrangers.
Plusieurs journalistes et militants des droits humains ont tenu, aujourd’hui, un sit-in national, pour la libération du journaliste-fixeur Saïd Chitour, à la maison de la presse Tahar Djaout. La famille de Said Chitour était présente au rassemblement, dont sa mère et ses deux frères.
L’un des avocats de Said Chitour, Me Miloud Brahimi, présent au rassemblement ce matin, a souligné qu’il a vu le journaliste en détention ce jeudi 18 octobre. « Je l’ai vu, et il est sérieusement malade, mais il faut noter aussi qu’il est soigné correctement », a-t-il expliqué. Pour lui, ce qu’on reproche à Chitour n’est pas susceptible de qualification pénale, encore moins une qualification criminelle aussi importante que l’article 65, du code pénal. L’article 65 stipule : « est puni de la réclusion perpétuelle, quiconque, dans l’intention de les livrer à une puissance étrangère, rassemble des renseignements, objets, documents ou procédés dont la réunion et l’exploitation sont de nature à nuire à la défense nationale ou à l’économie nationale ». « Je suis dans le métier depuis plus de 50 ans, et je n’ai jamais eu à faire avec l’article 65 », a noté Brahimi. « Ma lecture à moi est que Said Chitour, ne faisait que des revues de presse », a-t-il ajouté.
Bouleversée, la mère de Said Chitour n’a pas retenu ses larmes pendant le rassemblement. « Mon fils a une maladie grave, il souffre. Il a une bosse sur la tête et il m’a dit qu’il n’arrive plus à dormir. Je souhaite que mon fils soit libéré, j’ai d’ailleurs écrit une lettre au chef de l’Etat, pour demander la libération de Said qui aime son pays et qui n’a jamais fait de mal à l’Algérie », a déclaré Mme Chitour, âgée de 84 ans.
En outre, des journalistes et des membres de la société civile ont pris la parole. Ihsane El Kadi, directeur éditorial du journal en ligne Maghreb Emergent a déclaré : « qu’on n’a jamais été aussi bas dans notre position en tant que journalistes (..,) Sous le parti unique nous étions plus actifs et nous avons eu des acquis. Et depuis, nous ne faisons qu’en perdre et nous ne faisons que reculer». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, nous faisons des rassemblements que pour sauver des vies, et nous ne réclamons rien d’autre. Il faut que Chitour soit libéré ou très vite jugé », a martelé Ihsane El Kadi.
Par ailleurs, Les membres du comité de soutien à Said Chitour ont parlé de l’importance de la mobilisation contre l’oppression et pour la liberté de la presse et de l’expression. Ils ont aussi noté que le comité de soutien est à ses premiers pas et que la liste est ouverte à toute personne qui veut adhérer au comité appelant à la libération du journaliste Chitour qui est à son 519e jour de détention.
Accusé en novembre 2017 par le parquet de Bir Mourad Rais d’avoir divulguer des “documents gouvernementaux sensibles” à des diplomates étrangers, le journaliste a constamment nié l’accusation en assurant ne pas avoir accès aux documents décrits dans les accusations.