Dans un communiqué commentant les rapports internationaux 2015 défavorables à l’Algérie, Abderrahmane Mebtoul, expert international en management stratégique, fustige l’action des ministres de l’Industrie et des Finances qui selon lui «induisent en erreur les plus hautes autorités».
Joint au téléphone par Maghreb Emergent, l’expert indépendant auprès du Premier-ministre et du Président de la République a visiblement peu gouté les dernières déclarations du Ministre de l’Industrie, Abdelsam Bouchoureb, ainsi que celle du Ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, survenues à la suite de la publication du classement de la Banque Mondiale «Doing Business», qui voit l’Algérie reculer de 9 places pour occuper la 163e place sur 189 pays. Faisant écho aux réformes du code de l’investissement promises par le Ministre de l’Industrie devant le Medef, Abderrahmane Mebtoul rappelle que «depuis l’Indépendance nous avons eu 6 codes de l’investissement et il n’y a pas eu de changements. Il faut éviter de penser que les lois peuvent résoudre tous les problèmes. On a les meilleures lois du mondes mais sont elles réellement appliquées? Ce n’est pas le moment de raconter des blagues» L’expert reproche aux décideurs politiques des déclarations «tapageuses» et «contraires à la réalité». Il affirme en outre qu’à l’international, ces propos sont mal reçus : «selon mes informations, ces deux ministres ne sont pas crédibles ni au niveau national et encore moins au niveau international et s’ils sont reçus avec des sourires par certains partenaires étrangers, c’est parce qu’ils représentent l’Algérie».
Le climat des affaires est malsain
Le rapport «Doing Business» est, selon l’économiste, crucial et dépeint une réalité que décrivent d’autres rapports comme celui du World Economic Forum. Ce document remis par le forum de Davos, paru il y a un mois, est arrivé à des conclusions similaires en rétrogradant la note de la compétitivité algérienne. «A ma connaissance, le rapport «doing business» dicte le comportement des investisseurs étrangers en Algérie. Ce rapport aura des conséquences sur les investissements étrangers. ». Revenant sur les causes du déclassement algérien, l’économiste précise son point de vue : «Ce n’est pas de la faute de Bouchouareb ou Benkhalfa, c’est toute la logique du système qui n’a pas changé de vision. L’économie a toujours était basée sur la rente et le monopole. Ce qui bloque la mise en œuvre des affaires. Il faut une visibilité dans la politique économique et sociale, une nouvelle gouvernance. Entre 2004 et 2014 70% des dépenses sociales ont été absorbées par les infrastructures».Avant de conclure:«Le climat des affaires est malsain. Il est devenu encore plus malsain avec la chute des hydrocarbures. Les étrangers se demandent s’ils seront payés. Je ne m’attaque pas aux deux ministres mais à ce qu’ils disent et à ce qu’ils font. Je reste persuadé que l’Algérie a d’importantes potentialités pour devenir un pays pivot. Mais à certaines conditions.»