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Algérie – L’idée d’une transition politique après les présidentielles du 17 avril 2014 gagne du terrain

Par Yacine Temlali
avril 10, 2014
Algérie – L’idée d’une transition politique après les présidentielles du 17 avril 2014 gagne du terrain

La désaffection de la majorité des citoyens par rapport à la campagne électorale n’est pas une nouveauté. Ce qui l’est, par contre, c’est l’expression de leur rejet des prochaines présidentielles par de multiple initiatives : rassemblements et marches, empêchement des meetings des candidats ou de leurs représentants… La mobilisation des services de police pour protéger les animateurs de la campagne est sans précédent.

 

 

Le groupe des partis et personnalités qui appellent au boycott des présidentielles du 17 avril a annoncé la mise en place d’une commission politique pour se pencher sur l’élaboration d’une proposition de pacte de transition.

Selon les initiateurs de cette coordination, il s’agira d’une part, de montrer que la décision du boycott des élections s’inscrit dans la perspective d’un renouveau national et, d’autre part, d’offrir une proposition consensuelle aux autres acteurs politiques, y compris le pouvoir. L’objectif est la tenue d’une conférence nationale qui adopte des instruments de transition pour le retour à la souveraineté du peuple. Exercice difficile s’il en est.

Mouloud Hamrouche, quant à lui, alerte sur les périls qui pèsent sur la nation. Resté en marge de la vie politique depuis son retrait de la course aux présidentielles de 1999, il estime qu’aujourd’hui, « la cohésion nationale est en jeu, les formations politiques manquent de crédit et d’enracinement populaire pour l’endiguer, et le système est incapable de renouveler ses hommes ». C’est tout « logiquement » donc qu’il s’adresse aux décideurs identifiés à travers le chef de l’Etat, le chef d’état major et le chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services spéciaux de l’armée) pour prendre une initiative salvatrice.

 

L’armée, au cœur du problème

 

A première vue cette position qui, au demeurant, a peu de chance d’être saisie par ce trio dirigeant, semble éloignée de ce regroupement de partisans du boycott, quand on sait que Saïd Sadi, dont le parti est membre de cette coordination, n’inclut pas l’institution militaire dans la solution politique à l’impasse du système estimant qu’elle est une partie du problème, sinon le problème même.

D’aucuns, parmi ceux qui ont accompagné Saïd Sadi dans son parcours politique, estiment que cette position relève plus de la tactique. Mouloud Hamrouche presse le pouvoir en place à prendre l’initiative afin de ne pas se retrouver au mieux dans une position d’acteur ordinaire et, au pire, disqualifié par l’irruption de la rue.

A ces deux positions, il faudra ajouter celle de l’ancien président de la république Liamine Zeroual, qui considère que la sortie de crise passe par la poursuite du processus électoral et la consécration du prochain mandat présidentiel comme mandat de transition. Le candidat Ali Benflis semble être sur cette trajectoire en estimant qu’on ne peut pas « réformer sans légitimité populaire ».

S’ajoute depuis quelques jours l’appel du FFS à une « conférence de consensus national ». Le parti du vieux leader historique Hocine Aït Ahmed, qui a longtemps gardé le silence sur la crise exacerbée par la candidature de Bouteflika, ne donne pas plus de précisions au sujet de cette initiative. Une chose est sure, depuis l’avènement du pouvoir de Bouteflika, son analyse de la situation politique du pays n’est pas très éloignée de celle de Mouloud Hamrouche.

 

L’avenir se jouera après le 17 avril 2014

 

La désaffection de la majorité des citoyens par rapport à la campagne électorale n’est pas une nouveauté. Ce qui l’est, par contre, c’est l’expression de leur rejet des prochaines présidentielles par de multiple initiatives : rassemblements et marches, empêchement des meetings des candidats ou de leurs représentants… La mobilisation des services de police pour protéger les animateurs de la campagne est sans précédent.

Il devient évident pour tous les acteurs que le salut ne peut venir des seuls résultats de l’élection présidentielle. Même le staff électoral du candidat-président, qui ne doute pas de la reconduction de son protégé, promet une sorte de « deuxième république » après le scrutin. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a ainsi déclaré qu’après avoir consolidé la paix, Bouteflika s’attellera à la démocratisation du pays.

Dans tous les cas, il apparaît que l’élection du 17 avril ne constitue qu’une halte. Elle indiquera néanmoins les rapports de force dans le système et les projections de ses tenants. Ira-t-on alors vers une transition contrôlée ou bien une tentative à haut risque d’une perfusion du système ?

 

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