L’adoption de la loi des finances complémentaire pour 2015 en conseil des ministres, mercredi dernier durant l’intersession parlementaire est fortement critiquée par l’opposition.
L’adoption par le Conseil des ministres de la LFC 2015 entre deux sessions du parlement exaspère au plus haut point le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Son président Abderrezak Makri estime que « le président de la république n’a pas le droit de priver les partis représentés au parlement de débattre la LFC ». A ses yeux « même si le chef de l’Etat a la prérogative constitutionnelle de légiférer par ordonnance, il n’en demeure pas moins que politiquement parlant le recours à une ordonnance surtout lors d’une conjoncture économique difficile pour faire passer la LFC est abusif ».
Même ton virulent chez le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui par la voix de son responsable de la communication, Atmane Mazouz qualifie le recours à l’ordonnance « d’insulte à l’exercice de la démocratie». « Entériner des décisions et mesures par ordonnance censées être débattues et adoptées par le Parlement est une insulte à l’exercice démocratique », note-t-il tout en soulignant que « la réunion du conseil des ministres avec ses résolutions est une ordonnance pour un faux diagnostic établi sans tenir compte d’une impotence d’Etat caractérisée et d’un blocage total au plus haut sommet des institutions du pays ».
« La faillite de la gouvernance »
Pire aux yeux d’ancien député de Béjaia « le Conseil des ministres signe la déroute et la faillite de toute une gouvernance ». Son argument est que « nous sommes dans le flagrant délit d’une escroquerie de gestion des affaires de l’Etat qui a duré des années avec ses mensonges et ses dérives ». Il regrette le fait que « les Algériens retiendront une chose : ils ont assisté à un cinéma muet avec des décisions inacceptables pour un quotidien des Algériens des plus amers et des perspectives des plus sombres pour le pays ».
Du côté du parti des travailleurs (PT), ce qui pose le plus problème est l’impossibilité d’apporter des amendements à la LFC2015 « On sera privé d’apporter des amendements à des dispositions qui posent problème », indique Djelloul Djoudi, le président du groupe parlementaire du PT avant de faire remarquer qu’ « il n’y a pas eu de bilan sur les exonérations des droits et taxes, mais dans cette loi des finances, sous prétexte d’encourager l’investissement il est question d’autres exonérations ».
Et d’enchainer : « on remarque que d’un coté, il est question d’une baisse des recettes et de l’autre une diminution de la TAP alors que c’est la seule source de revenue pour les communes ». Sur sa lancée, Djoudi dit ne croire les responsables qui « disent qu’il n’y aura pas d’austérité » et promet d’« examiner les projets » qui seront remis en cause dans cette optique.
« Rien de probant! »
Sofiane Djillali de Jil Jadid s’est appesanti quant à lui sur le contenu de la LFC 2015 : « Elle n’apporte absolument aucune réponse aux défis posés par la chute brutale du prix du pétrole », déplore-t-il d’entrée avant de souligner : « Nous avons eu droit à quelques correctifs pour revenir aux dispositions de la loi des finances précédentes avec un taux IBS différencié pour les producteurs et les importateurs et une diminution de 1% de la TAP pour certaines activités ». Pour le reste, il estime que « je n’ai rien vu de probant! Ce n’est pas avec cet attirail que le pays pourra faire face aux déficits abyssaux du budget et du déséquilibre de la balance des paiements ».
Sentencieux, le président de Jil Jadid lance : « En fait, Monsieur Bouteflika et ses complices nous disent que ‘nous allons assurer la paix sociale et continuer à vider les caisses de l’Etat jusqu’en 2019. Puis, nous vous abandonnerons un pays exsangue, sans le sou, sans économie viable et avec une perspective d’explosion sociale inégalée’. La LFC 2015, c’est des dispositions légales pour dire: après moi, le déluge! »