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Algérie – La réunion tripartite sera une simple rencontre entre amis, sans impact sur l’économie

Par Yacine Temlali
octobre 13, 2015
Algérie – La réunion tripartite sera une simple rencontre entre amis, sans impact sur l’économie

La rencontre regroupant le gouvernement, l’Union générale des travailleurs algériens et les organisations patronales s’ouvrira demain mercredi à Biskra. Pas plus que celles prises par les précédentes tripartites, les mesures qu’elle prendra n’ont de chances d’être appliquées. Eclairage.

 

 

La tripartie a été délocalisée à Biskra. A l’exception de ce détail, la rencontre entre le gouvernement, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et les organisations patronales, prévue mercredi, ne devrait apporter aucune nouveauté. Elle risque d’être bien terne, à moins que l’affaire Rebrab ne vienne perturber des rituels bien établis de ces rencontres.

En effet, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a épuisé son répertoire et ses partenaires de la tripartite, mus par des motivations peu en rapport avec ce qui fait la force traditionnelle de ce genre de rencontre, risquent de se retrouver à court d’arguments nouveaux pour œuvrer à l’objectif officiel de la réunion : booster la production nationale.

Organisées en lobbies vivant dans la proximité immédiate du pouvoir, les organisations patronales et la centrale syndicale ont une liste de doléances connues. Elles vont, sans aucune surprise, égrener leurs revendications traditionnelles, auxquelles le gouvernement répondra favorablement, sous le regard complaisant de M. Abdelmadjid Sidi-Saïd. En coulisse, les patrons joueront de manière individuelle, comme c’est de coutume, pour faire avancer des dossiers particuliers ou obtenir des faveurs précises. Cela ne fera pas bouger les lignes de l’économie algérienne. Bien au contraire.

 

Confusion entre patronat et exécutif

 

Ce schéma s’est accentué depuis l’accession de M. Ali Haddad à la tête du Forum des chefs d’entreprises (FCE), la plus médiatique des organisations patronales.

Réputé proche de Saïd Bouteflika, le frère et conseiller du président Abdelaziz Bouteflika, dont il avait organisé le financement de la campagne électorale, Ali Haddad se comporte presque comme un membre de l’administration. Il n’a pas hésité à annoncer la liste des bénéficiaires d’une nouvelle faveur du gouvernement en vue de lancer des raffineries de sucre. Il sert aussi de caution forte à un gouvernement accusé de bloquer les entrepreneurs, voire de les persécuter depuis qu’a éclaté l’affaire Rebrab.

Le patron de Cevital avait accusé le gouvernement, à travers le ministre de l’Industrie, Abdessalam Bouchouareb, de boquer ses investissements. Abdessalam Bouchourareb avait répliqué vertement, mais la surprise est venue de Ali Haddad, intervenu à son tour pour répondre au patron de Cevital, affirmant notamment que les investissements respectueux de la loi étaient encouragés par le gouvernement et laissant implicitement entendre qu’Issad Rebrab avait voulu agir en marge des règles admises.

 

Un gouvernement qui parle à lui-même

 

Ce partage de tâches, qui frise la complicité, entre gouvernement et FCE, a créé un nouveau malaise. Ali Haddad est plus proche du gouvernement que des patrons, dont Issaad Rebrab était devenu l’emblème. Mais ceci est surtout révélateur du fonctionnement d’un système politique dominé par les liens d’allégeance, incluant exécutif, partis, patronat, syndicats et société civile.

Le gouvernement algérien, qui organise une tripartie avec des patrons amis et un syndicat qui a soutenu tous les gouvernements successifs du président Bouteflika, va, en fait, se retrouver face à des partenaires qui sont ses obligés. Et en fait de dialogue, il discutera, durant la tripartite, avec lui-même. Il ne risque pas d’être contrarié, encore moins d’être désavoué.

Dans un tel décor, les décisions à attendre de la tripartie ne risquent pas de bouleverser l’économie du pays. D’autant plus que les participants ne se rendent même plus compte du faible impact de leurs rencontres sur l’économie. Le gouvernement n’a ni la vision ni l’intention de changer la donne. Et même s’il le voulait, il ne pourrait influer sur le fonctionnement de l’économie. Il n’en a pas les instruments. Des mesures annoncées par les précédentes tripartites, très peu ont été appliquées. Et ce n’est pas un hasard si l’un des thèmes favoris des discussions de la tripartite est de comprendre pourquoi les décisions du gouvernement ne sont appliquées.

 

(*) La photo de une : Le premier ministre Abdelmalek Sellal et l’actuel président du FCE animant à Tizi Ouzou la dernière campagne électorale du président Bouteflika (ph. : Zinedine Zebar publié sur www.algeriepatriotique.com)

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