Le devoir patriotique oblige d’accorder le bénéfice du doute à la sincérité de la démarche d’un pouvoir, même si on n’oublie pas le sort réservé à l’initiative du FFS.
La succession d’événements et d’annonces dans une période aussi brève et intense est-elle le signe d’une fébrilité au sein des instances dirigeantes du pays qui n’arrivent pas à trouver un consensus interne au système ou bien est-il le signe d’un consensus interne tellement non consensuel à l’extérieur du système qu’il s’agit d’aller lui construire une assise politique afin de passer le cap d’avril 2019 et d’ étouffer les aspirations démocratiques des Algériens qui passent par une plus grande participation à la décision politique et d’un libre choix électoral pouvant déboucher sur une alternance au pouvoir.
La pire hypothèse est celle d’une tentative des branches les plus radicales et conservatrices du pouvoir de rejouer la succession d’événements vécues à la suite du congrès de Tripoli débouchant à une grande messe constituante d’une feuille de route savamment préparée à avaliser par un processus de concertation large, sous les feux des médias, voire des feux d’artifices d’un poisson d’avril démocratique. Enfin, il peut aussi s’agir d’une énième tentative de gagner du temps pour permettre une désignation à 60j de la succession dans un avenir plus ou moins proche.
Peut-on réellement douter de la sincérité de la démarche du pouvoir qui a vraisemblablement chargé une intermédiation de phagocyter l’initiative du FFS issue du congrès de 2013. Accordons le bénéfice du doute au patriotisme des tenants de cette initiative appelant dans une période de crise à l’union nationale, à la refondation d’un consensus national pour reconstruire un système de gouvernance et de réformes et consolider le front interne. L’appel à un sursaut national ne peut laisser indifférent toute personne qui souhaite le meilleur pour l’avenir du pays.
Cependant, l’un des initiateurs de novembre 1954, feu Boudiaf, qui a répondu à l’appel du devoir en 1991, qui est venu le 16 janvier 1992 embrasser le sol de son pays a été lâchement assassiné 6 mois plus tard par ces branches les plus radicales du pouvoir qui ont préféré le voir sous terre.
Cette initiative des éradicateurs qui ont repris le destin du pays en main à partir de juin 1991, avaient besoin de passer un cap, celui du départ d’un locataire d’El Mouradia, qu’on ne veut pas voir comme le titulaire du pouvoir constitutionnel mais comme une instance d’arbitrage suprême, quand les arbitrages subalternes divergent.
Une instance d’arbitrage qu’on a accusé de pencher vers une cohabitation avec l’islamisme politique considéré comme dangereuse, tant elle est porteuse de risques majeurs pour l’avenir du pays. Une instance d’arbitrage qu’il fallait remplacer par une personnalité forte et un passé glorieux dans une approbation nationale et internationale et passer le cap délicat du suffrage universel.
Le devoir patriotique oblige d’accorder le bénéfice du doute à la sincérité de la démarche d’un pouvoir, même si on n’oublie pas le sort réservé à l’initiative du FFS par le porte-parole du pouvoir louant son « exemplarité dans la clarté et la pratique politique civilisée » le 20 juin 2014 pour ensuite l’accuser, par le même porte-parole dans un discours du 12 septembre 2015 d’être le prolongement de la conférence de la Baule du 20 juin 1990 quant à la démocratisation de l’Afrique lancée par la France-Afrique, une insulte à l’engagement démocratique du FFS depuis 1963.
Le devoir patriotique oblige à accompagner la sincérité ou le mensonge des tenants de cette proposition jusqu’au pas de la porte de l’échéance démocratique d’avril 2019, que les Algériens souhaitent voir comme un nouveau départ pour leur pays afin de dépasser les rêves et espoirs de la génération de novembre par une concrétisation moderne de ces aspirations capable d’opérer un saut qualitatif dans la gouvernance politique et économique du pays, et préparer les générations avenirs à affronter leur destin collectif, et non uniquement celui du RDV d’un homme avec son destin.