Algérie - Quelques lectures croisées des chiffres de la présidentielle du 17 avril (Analyse) - Maghreb Emergent

Algérie – Quelques lectures croisées des chiffres de la présidentielle du 17 avril (Analyse)

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Le taux de participation annoncé par le ministère de l’intérieur au lendemain de l’élection présidentielle du 17 avril, donne une prime au boycott, au-delà de l’abstention habituelle. 

 

Pour ceux qui sont au fait, à un moment ou à un autre, des arcanes du sérail algérien, cela procède forcement d’un signal pour légitimer des restructurations ou, tout au moins, des recompositions à venir dans la vitrine de la gouvernance du pays.Selon un ex-ministre, qui a payé de sa tiédeur pour un 4ème mandat après avoir servi plusieurs années sous les commandes de Bouteflika, le recul affiché du taux de participation dans les wilayates de l’Est et du Centre du pays, annonce un renouvellement du personnel politique originaire de ces régions autour du président. Notre source fait remarquer qu’à l’exception d’Amar Saidani, dont la wilaya d’El Oued « s’en sort » avec un taux de 58%, les animateurs de la campagne électorale du président-candidat ont essuyé un net rejet dans leurs wilayas d’origine. Ain Defla dont est originaire Amar Ghoul, dégringole de 94% en 2009 à moins de 50%, Constantine auquel est apparentée A. Sellal chute à 42% et Tizi-ouzou, qui compte deux animateurs, Amara Benyounes et Ahmed Ouyahia, est reléguée à 20% avec, en sus, une relative égalité avec Ali Benlis. Ghoul et Benyounes n’ont pas fait mieux dans l’émigration en France où ils étaient chargés de promouvoir le bilan du chef de l’Etat.
Limiter l’hégémonie du Président
Concernant les suffrages attribués aux différents concurrents, notre interlocuteur estime que les 12% de Benflis n’auraient pas été possibles sans un coup de frein du DRS au gonflement par l’administration, des taux locaux par un apport massif au candidat Bouteflika, contrairement à 2004. Cela a contribué à compliquer la tache du ministère de l’intérieur pour annoncer un taux national acceptable, comme l’on constaté plusieurs médias. Louisa Hanoune, qui semble sévèrement sanctionnée, est probablement victime d’un effet de tenaille. D’une part, et, c’est de notoriété publique, les membres du comité central du PT affiliés à l’UGTA ont mené campagne pour Bouteflika et, d’autre part, fait remarquer un responsable syndical en disgrâce au niveau de la direction du PT, son alignement public sur les « thèses de l’état-major », après sa rencontre avec Gaid Salah, lui ont valu un lâchage des structures informelles locales qui gravitent autour des agents du DRS. Un bon score de Hanoune serait mis au compte de Bouteflika ; sa campagne est dirigée contre toute autre alternative, au motif qu’elle « ouvrirait la voie à l’ingérence ».
Une légitimé érodée pour des fenêtres ouvertes ?
Les perdants dans le faible taux de participation à cette élection seront d’abord désignés dans l’alliance qui a fait la promotion du candidat-président, l’absence dans ce scrutin des partis traditionnels de la mouvance islamiste, en particulier le Mouvement de la Société pour la Paix, et des partis répertoriés démocrates à l’instar du RCD et du FFS, autorisent incontestablement de nouvelles perspectives d’alliances pour le pouvoir, ajoute notre source. La transition, générationnelle pour les uns, démocratique pour les autres promet d’être animée maintenant que l’écueil du 4ème mandat est derrière nous.

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