L’entrée des entreprises privées en Bourse se fera « très probablement » avant la fin de cette année (2014), tandis que celle des entreprises publiques est prévue pour « début 2015 » avec un recours à des emprunts obligataires avant la fin 2014, a indiqué le président de la COSOB.
Les entreprises publiques sont en train de se préparer pour leur entrée en Bourse. La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) est prête à les accompagner par le conseil, a assuré ce mercredi le président de cette instance, Hakim Berrah, lors du 1er colloque du conseil scientifique de la COSOB.
Le président de l’autorité de régulation du marché financier souligne toutefois qu’aucun des huit dossiers de candidatures d’entreprises publiques validés par le Conseil des participations de l’Etat (CPE), n’a été déposé. « Toutes les entreprises se préparent », a-t-il avancé. Le CPE a, pour rappel, donné son feu vert à huit entreprises publiques pour ouverture ou augmentation de capital. Il s’agit du Crédit populaire d’Algérie CPA, de trois cimenteries publiques relevant du groupe industriel des ciments d’Algérie (Gica), de la compagnie d’assurance CAAR, de Cosider Carrières, filiale du groupe public du BTPH Cosider, de l’entreprise Hydro-aménagement et enfin de l’opérateur historique de téléphonie mobile Mobilis.
Des entreprises privées sont aussi nombreuses à manifester leur intention d’entrer en Bourse, a indiqué M.Berrah qui a précisé que beaucoup d’entre elles sont à un stade très avancé de le faire. L’entrée des entreprises privées en Bourse se fera « très probablement » avant la fin de cette année (2014), tandis que celle des entreprises publiques est prévue pour « début 2015 » avec un recours à des emprunts obligataires avant la fin 2014, a encore préciséle président de la COSOB.
Favorable à l’emprunt obligataire, Hakim Berrah estime qu’il y a tout à travail à faire pour diffuser la culture de la transparence. « La chose la plus difficile à faire est de changer les mentalités. Un homme seul ne peut rien faire. Le rôle de tous est primordial (COSOB, médias, entreprises, pouvoirs publics…). Les managers doivent parfois prendre le relais des pouvoirs publics. Chez nous, c’est encore difficile. L’introduction en Bourse et le développement du marché financier fait partie d’une vision globale de l’économie », a déclaré M. Berrah.
Inculquer une « culture financière » aux opérateurs économiques
Interrogé sur les réticences des entreprises à caractère familial quant à leur entrée en bourse, Hakim Berrah estime que cela nécessite forcément une transparence. Ce n’est pas la transparence qui est redoutée, a-t-il dit. Selon lui, les managers ignorent ce qu’induit une entrée en bourse en termes de transparence et de communication sur la gestion, la rémunération et la rectitude fiscale, l’éthique et la responsabilité sociétale de l’entreprise.
« Cela induit une culture financière assez développée qui fait actuellement défaut », a-t-il expliqué. Pour lui, un dirigeant d’une entreprise de type familial doit agir dans la transparence en intégrant la bourse. « Il faut qu’il facilite le passage de d’une entreprise familiale vers une entreprise plus globale. Car, au moins la moitié des entreprises familiales disparaissent à la deuxième ou la troisième génération, et par conséquent si l’on veut assurer la pérennité des entreprises il faut développer la bonne gouvernance et la transparence que permet l’entrée en Bourse », a estimé le président de la COSOB.
Incohérence
Interrogé sur le fait que certains titres cotés en bourse ne reflètent les performances économiques des entreprises, comme c’est le cas de la compagnie Alliance assurances, Hakim Berrah a estimé que cette situation est due au déficit en communication financière. « A travers le monde, il y a une communication financière très soutenue. Le public bénéficie d’une culture financière et réagit aux soubresauts de la vie de l’entreprise, ce qui, il est vrai, n’est pas le cas chez nos entreprises. Les chefs d’entreprises cotées en Bourse doivent avoir une culture des dividendes » a-t-il expliqué. Pour lui, Les intermédiaires, les analystes financiers et la presse doivent jouer leur rôle pour la vulgarisation de la Bourse.
Pour protester contre cette « incohérence » qui fait que le titre en bourse de son entreprise ne reflète guère sa bonne santé financière, le P-DG d’Alliance assurances, Hassan Khelifati, avait menacé de se retirer de la Bourse en expliquant qu’y rester mettrait en danger l’existence même de la compagnie. Le président de la COSOB a minimisé néanmoins l’impact d’un possible retrait de la compagnie d’assurance en disant que « même l’opération de retrait existe partout dans le monde, comme on peut entrer à la Bourse comme on peut en ressortir ». M. Berrah a assuré que Alliance Assurances n’a pas avisé la COSOB de son possible retrait de la Bourse.