Le remaniement gouvernemental restreint opéré, jeudi dernier par le président de la république sur trois ministères ( la Jeunesse et des sports, le Commerce et l’Agriculture) suscite des réactions mitigées chez les formations politiques, toute tendance confondue.
Selon Atmane Mazzouz, responsable de la communication au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), il est question d’un « autre rafistolage » où, « pour certains, l’escroquerie et l’incompétence ont gagné en grade et, pour d’autres, la soumission et la moubayaâ ont des limites face aux trahisons et intrigues de sérail ».
Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’en pense pas moins et souligne le « flou » qui entoure le remaniement : « il n’y a pas assez de transparence pour comprendre ce qui se passe » dit-il tout en estimant que « c’est étrange qu’il y ait des remaniements à intervalles très courts ». A ses yeux « cela témoigne de l’existence de remous et d’hésitations au sein des cercles de décision ». Sofiane Djillali, président de Jil Jadid détecte à travers le remaniement « un symptôme de la dégradation de la conduite des affaires du pays ».
« C’est le signe que de profondes contradictions secouent les liens de ceux qui avaient soutenus mordicus le 4ème mandat » explique-t-il avant de soutenir que « Monsieur Bouteflika étant dans l’incapacité de gérer les conflits d’intérêts des différents groupes qu’il a constitué autour de lui, la crise de confiance s’est installée. Chacun de ces clans travaille à une succession qui lui soit favorable ».
Concrètement parlant, Sofiane Djillali qui pense que « Monsieur Bouteflika avait rassemblé autour de lui des courants idéologiquement inconciliables » s’interroge : « que faisaient ensemble Benyounes et Ghoul, Ouyahia et Belkhadem? ». De son avis, le point commun entre eux étant « les intérêts ». « Le président voulait cloisonner ses propres soutiens pour éviter les ambitions trop fortes. Mais maintenant qu’il est dans l’incapacité physique d’arbitrer, le pouvoir va sombrer dans des divisions internes graves qui risquent de déstabiliser le pays. Le désordre général était inscrit dans le programme du 4ème mandat ».
Amar Khebaba, membre de la direction du Front pour la justice et le développement (FJD) ne tergiverse pas pour qualifier le remaniement de « purement technique », qui « ne touche pas le fond, concerne le pouvoir et n’aura pas d’impact sur la société et le peuple ». Son argument est qu’il « intervient selon la logique du pouvoir qui démet des ministres de leur fonctions pour les nommer par ailleurs walis, ambassadeur par le suite ».
Satisfécit des partis au pouvoir
Coté formations du pouvoir, le Rassemblement national démocratique (RND), par la voix de son porte-parole, Chihab Seddik estime qu’il s’agit d’une prérogative du président qui « a porté un choix judicieux en nommant Ould Ali El Hadi au département de la jeunesse et des sports. C’est un choix judicieux s’agissant de ce militant qui a une large vision du secteur de la jeunesse ». « C’est aussi un choix judicieux, la nomination de Bakhti Belaïb au Commerce. Ce cadre de haute valeur a été choisi pour sa compétence et pertinence et saura apporter un souffle à ce secteur » ajoute-t-il.
Réagissant au jumelage du secteur de la pêche avec celui de l’agriculture, il estimera que « c’est un retour au schéma d’organisation initial qui sera pris en charge par Ferroukhi dont les compétences sont connues et reconnues ». Même son de cloche au Front de libération national(FLN) où Mohamed Djemaia, président du groupe parlementaire de ce parti note que « le président de la république a la prérogative constitutionnelle de procéder à un remaniement, dans tous les cas de figures et à chaque fois qu’il est nécessaire de modifier la composante de l’exécutif ».
De son avis « le président détient suffisamment d’informations sur l’évaluation et le bilan de chaque ministre pour prendre des décisions à ce propos surtout dans une conjoncture économique des plus difficile ». Réaction similaire à tout point de vue chez de TAJ, le parti de Amar Ghoul. C’est ainsi que le responsable de la communication de cette formation Nabil Yahiyaoui met l’accent sur « la prérogative constitutionnelle du chef de l’Etat qui dispose de suffisamment de données et d’informations sur le bilan de chaque membre du gouvernement pour procéder à des changements à même de donner un nouveau souffle à l’équipe gouvernementale ».