Algérie : selon un rapport de la BM, les réserves de change à 60 milliards de dollars en 2018 - Maghreb Emergent

Algérie : selon un rapport de la BM, les réserves de change à 60 milliards de dollars en 2018

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‘’ L’Algérie  sera appelée à vivre le vrai choc financier et économique en 2018, avec des  réserves de changes qui se situeront  60 milliards de dollars ».

 

 

 

1.-Les réserves de change ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 ,  188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66  en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 152 milliards de dollars fin 2015,  et selon le rapport du FMI d’avril 2016, 113,3 mds usd en 2016  ( couvrant 22,2 mois d’importation)  et 92,3 mds usd en 2017.

 

Dans son rapport de fin juillet 2016, sur l’économie algérienne,  la Banque mondiale note que le déficit budgétaire s’est creusé de 1,4 % du PIB en 2013 à 15,7 % du PIB en 2016  et que l’Algérie est massivement dépendante des hydrocarbures pour ses exportations et ses recettes publiques, à hauteur de 95% et de 75% respectivement,  que sur une production totale d’environ 1,1 million de barils/jour, elle  exporte 540.000 barils/jour, la production de pétrole brut et de gaz naturel ayant  régulièrement diminué ces dernières années, en raison principalement de retards répétés des projets, de difficultés pour attirer des partenaires d’investissement, de l’insuffisance des infrastructures et de problèmes techniques. La période 2017/2020 n’incite guère à l’optimisme puisque selon la banque mondiale, dans  un deuxième rapport étendu à la grande région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), quant au relèvement du prix du pétrole. « La phase d’offre excédentaire s’achèvera et un rééquilibrage s’opèrera sur le marché mondial du pétrole au début de l’année 2020, à des prix d’équilibre compris entre environ 53 et 60 dollars le baril. Il s’ensuit que selon ce rapport, les subventions  sont  coûteuses et régressives de l’Algérie (les subventions des carburants et autres représentent plus de 12% du PIB). Pour avoir un équilibre budgétaire toujours selon le FMI, l’Algérie aura besoin, en 2016, d’un prix de pétrole de 87,6 dollars/baril contre 109,8 dollars/baril en 2015. 

 

 

2. Conclusion  de ce rapport  pessimiste que le gouvernement ne doit pas prendre à la légère, voyant les mains de l’extérieur, puisque de nombreux experts algériens indépendants  ayant eu la même analyse de ce rapport,  ‘’ l’Algérie  sera appelée à vivre le vrai choc financier et économique en 2018, avec des  réserves de changes qui se situeront  60 milliards de dollars ». Le dinar étant  corrélé à plus de 70% aux réserves de change,  il s’ensuit que la détérioration des termes de l’échange de l’Algérie a entraîné une dépréciation nominale de 20% du dinar depuis la mi-2014 et que  l’inflation (incluant les produits subventionnés)   a augmenté à 4,8% en 2015. Avec la  diminution des réserves de change,  la banque d’Algérie sera contrainte  de continuer à dévaluer le dinar  pour couvrir artificiellement le déficit budgétaire, l’emprunt obligataire ayant eu un résultat mitigé sur la sphère informelle, tout en asséchant les liquidités bancaires (voir nos différentes contributions www.google.com 2016). Précisons que  pour la période 1970 à 1995, le dinar a été coté administrativement, comme à l’ère soviétique sa cotation ayant peu de signification. Depuis, 1994/1995 à 2016,  sa cotation fluctue entre une gestion administrative et une gestion répondant aux normes du FMI, puisque le dinar algérien n’est pas convertible.  Le dinar algérien était coté en 1970 à 4,94 dinars un dollar- 1980 à 5,03 dinars un dollar- 1995 à 47,68 dinars un dollar, suite au  rééchelonnement, et le 08 aout  2016 à 121,67  dinars un euro et  109,77 dinars un dollar avec un cours sur le marché parallèle qui est de 180 dinars un euro. Dès lors réflexe naturel de tout agent économique,  les ménages ou opérateurs privés se réfugieront dans l’achat de devises fortes, de l’or ou de l’immobilier afin de préserver le pouvoir d’achat de leur épargne

Eviter les fausses solutions

 

3.-Ainsi évitons de fausses solutions à des problèmes mal posés. Ce n’est pas une  question de lois d’investissement (combien de Lois  depuis l’indépendance politique, mentalité bureaucratique du passé),  mais  à l’approfondissement de la réforme globale condition sine qua-non  d’une économie productive dans le  cadre des valeurs internationales. L’Algérie peut-elle continuer  à verser des salaires sans contreparties  productives, et consacrer  le montant faramineux de subventions et transferts sociaux, non ciblés qui ne s’adressent pas essentiellement aux plus démunis,  quitte à conduire le pays au suicide collectif ? Toutefois évitons la sinistrose. La situation est différente  de la crise   de 1986 avec le  niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu’en baisse  et le niveau historiquement bas de la dette extérieure peut  surmonter les «chocs» externes, sous réserve  d’une réorientation urgente de toute la politique socio-économique  actuelle. Avec des   objectifs stratégiques précis, un langage de la vérité , le retour à la confiance et la moralité de ceux qui gouvernent la Cité,    une autre gouvernance locale et centrale , reposant sur l’économie de la connaissance, des institutions réalisant la symbiose Etat-citoyens, donc de  profondes réformes structurelles, micro-économiques et institutionnelles, certes difficiles, car déplaçant d’importants segments de pouvoir assis sur la rente, devant éviter de vendre tant l’illusion monétaire que mécanique des années 1970 étant à l’aube de la quatrième révolution industrielle, l’Algérie qui recèle d’énormes potentialités , peut relever les nombreux défis  et éviter d’aller au FMI horizon 2019/2020, ce qui serait un drame  à la fois économique et politique pour le pays .

Professeur des Universités, expert international  ademmebtoul@gmail.com

 

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