Après avoir rassuré sur la capacité du matelas financier constitué durant les dix dernières années pour faire face dans l’immédiat à la dégradation de la situation financière, le Gouverneur de la Banque Centrale a souligné que « l’Algérie, à l’instar des autres pays exportateurs de pétrole, subit le choc que connaissent les prix du baril à travers ses effets sur la balance des paiements et les finances publiques ».
Les pays exportateurs de pétrole devraient enregistrer une détérioration des soldes des comptes courants de leur balance de paiement ainsi qu’une contraction de leur marge de manoeuvre budgétaire, alors que les prix d’équilibre budgétaire sont souvent élevés, a déclaré Mohamed Laksaci lors d’une réunion qui l’a regroupé, au siège de la Banque d’Algérie, avec les P-dg des banques et d’établissements financiers activant en Algérie pour leur exposer les récentes retombées de la chute des cours de pétrole sur la situation financière et bancaire du pays
Cette situation pourrait induire des effets négatifs sur les taux de croissance économique dans ces pays, a-t-il estimé tout en constatant que dans plusieurs pays exportateurs de pétrole, le niveau élevé du prix d’équilibre budgétaire témoigne de l’acuité de la vulnérabilité des finances publiques à la baisse tendancielle du prix du pétrole.
Toutefois, a-t-il observé, l’impact du choc sur la balance des paiements et les finances publiques de l’Algérie a été atténué au 3ème trimestre 2014, rappelant que le prix moyen du baril de pétrole avait été de 106,65 dollars sur les trois premiers trimestres de la même année.
A ce propos, il a précisé que le niveau des réserves de change de 185,273 milliards de dollars atteint à fin septembre 2014 reste adéquat pour permettre à l’Algérie de faire face au choc externe, tandis que l’encours historiquement bas de la dette extérieure de 3,666 milliards de dollars à fin septembre 2014 concourt à la solidité de la position financière extérieure nette.
Les réserves de change étaient à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, rappelle-t-on. De surcroît, a-t-il ajouté, le très faible endettement en devises des entreprises du secteur des hydrocarbures et des banques contribuera à limiter les conséquences financières du choc externe.
Maintenir la stabilité financière de l’Algérie avec le concours des banques
Pour maintenir la stabilité financière de l’Algérie, M. Laksaci a appelé la communauté bancaire à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change, au vu de « l’acuité probable du choc externe en 2015 ». Au moyen du renforcement du contrôle des changes sur pièces et sur place, la Banque centrale veillera au respect par les banques du nouveau ratio engagements par signature rapportés aux fonds propres, a-t-il avisé.
Rappelant que ce ratio prudentiel a été ramené de quatre (4) à deux (2) seulement, avec effet à compter du 1er décembre 2014, M. Laksaci a relevé que cela visait « à contenir les risques liés à l’implication des banques dans le financement des importations dès 2015, afin de contribuer à préserver un niveau approprié de stabilité financière en Algérie face à un environnement économique mondial porteur de risques à la hausse ».
A ce propos, il a fait savoir que les services de la Banque d’Algérie s’attacheraient, au cours de l’année 2015, à « accentuer la cadence des missions de contrôle » sur place auprès des banques et intermédiaires agréés, dédiées à la « vérification des dossiers de domiciliation des transactions courantes avec l’étranger ».
En outre, a-t-il encore avancé, un accent particulier sera mis sur « les activités et les opérations d’importation à risque », c’est-à-dire, celles réalisées à partir de certains pays dont les systèmes fiscal, douanier et anti blanchiment sont notoirement réputés pour leur laxisme et tolérance.
Plus encore, la BA procédera à une « évaluation approfondie » des dispositifs de contrôle interne des banques et intermédiaires agréés en vue de s’assurer de la conformité de leurs procédures internes en matière de traitement des opérations aux prescriptions réglementaires en vigueur, de la mise en place d’un cadre organisationnel adapté et de la disponibilité des moyens humains et matériels leur permettant d’assurer, dans les meilleures conditions, la réalisation des opérations.