« Les plantes médicinales et aromatiques algérienne font le bonheur des laboratoires pharmaceutiques et des compagnies d’agroalimentaire et de cosmétique à l’étranger sans bénéfice aucun pour l’économie nationale », explique-t-on dans l’exposé des motifs de ce projet de loi.
Le projet de loi relative aux ressources biologiques adopté par le Conseil des ministres le 30 décembre 2013 sera soumis à l’Assemblée populaire nationale (APN) à l’ouverture de sa session du printemps prévue le 3 mars prochain.
Selon l’exposé des motif de ce texte auquel Maghreb Emergent a eu accès, cette loi vise à renforcer les instruments juridiques de protection du patrimoine biologique par la mise en place d’un contrôle strict de l’accès à ce type de ressources et du transfert du matériel génétique national.
Des experts algériens ont maintes fois déploré le vide juridique entourant cette question dont les enjeux engagent la souveraineté nationale en matière de ressources génétiques. Ce vide est favorisé par la «biopiraterie» et le transfert « illégal » du patrimoine génétique des ressources biologiques nationales vers l’étranger.
« Les plantes médicinales et aromatiques algérienne font le bonheur des laboratoires pharmaceutiques et des compagnies d’agroalimentaire et de cosmétique à l’étranger sans bénéfice aucun pour l’économie nationale, voir locale après la commercialisation des produits issus des résultats de la recherche », explique-t-on dans l’exposé des motifs du projet de loi relative aux ressources biologiques.
Selon le même document, qui cite des experts algériens, diverses compagnies et structures de recherche internationales, sous couvert de recherche scientifique, offrent des bourses d’étude ou des stages à nos étudiants et chercheurs pour travailler sur le patrimoine génétique des plantes médicinales ou aromatiques et des micro-organismes (exemples : les bactéries des eaux chaudes du Sud, les plantes résistantes à la sécheresse, à la salinité) afin qu’ils soient brevetés. « Le pays n’en tire presque pas de bénéfice hormis celui pour le chercheur de voir son nom figurer dans une publication avec la possibilité d’utiliser le diplôme obtenu pour entamer une carrière d’enseignant », précise-t-on.
Le patrimoine génétique national est, pourtant, d’une richesse inestimable pouvant générer d’importants profits pour l’économie locale. La flore algérienne comporte de nombreux taxons (groupe d’organismes vivants qui descendent d’un même ancêtre et qui ont certains caractères communs) à intérêt économique. « 16.000 taxons, dont uniquement 1%, est utilisé par notre économie », signale-t-on dans l’exposé des motifs du projet de loi. On recense pas moins de 3.139 espèces végétales, dont un quart a des vertus thérapeutiques ou peut être utilisé dans l’industrie du cosmétique, et 4.963 espèces animales. 949 espèces sont menacées de disparition dont 550 espèces végétales et 399 animales. Les semences alimentaires ne sont pas en reste : elles sont en totale déperdition.