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Anasser Ag Rhissa, expert malien en sécurité: « L’autonomie de l’Azawad réclamée conduirait à une guerre civile »

Par Yacine Temlali
mars 2, 2015
Anasser Ag Rhissa, expert malien en sécurité: « L’autonomie de l’Azawad réclamée conduirait à une guerre civile »

Pour Dr Anasser Ag Rhissa,  expert malien en TIC, gouvernance et sécurité, la régionalisation prévue par l’accord de paix paraphé hier à Alger entre Bamako et des mouvements d’opposition de l’Azawad est la solution idoine au conflit dans cette région.

 

 

Après les avoir réunis pour la première fois autour de la table de négociations en juillet dernier, Alger parvient à trouver un accord « équilibré » entre les indépendantistes du Nord malien et le gouvernement central de Bamako. Le 1er mars 2015, la délégation gouvernementale malienne et la plateforme des mouvements pro-Mali (Le Mouvement arabe de l’Azawad, MAA-dissident, la Coordination pour le peuple de l’Azawad, CPA, et la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance, CM-FPR), ont paraphé l’accord de paix d’Alger après plus de huit mois de négociation. La Coordination des Mouvements de l’Azawad CMA, qui a cédé visiblement aux pressions de sa base qui manifeste depuis hier à Kidal, demande « une pause » dans les pourparlers.

Cet accord de paix et de réconciliation au Mali qualifié de « décisif » par la communauté internationale stipule, entres autres : le respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale, la souveraineté, de la forme républicaine et du caractère laïc du Mali, la promotion du développement équilibré de toutes les régions du pays, l’organisation d’une Conférence d’entente nationale durant la période de transition, l’application de la régionalisation, ainsi que  l’utilisation restreinte de l’appellation de l’ Azawad.

Ces deux derniers points sont derrière la réticence de la Coordination des mouvements de l’Azawad envers cet accord. Composé du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), ce mouvement  ne l’a pas paraphé, car sa base « maintient sa réclamation d’une approche fédérale et autonome du territoire », a expliqué dimanche à Maghreb Emergent Dr Anasser Ag Rhissa,  expert malien en  TIC, gouvernance et sécurité. Il nous a confirmé également la poursuite des révoltes à Kidal et le déplacement de représentants du CMA sur les lieux pour tenter de les convaincre. Ils étaient, en effet, entre 400 et 500 personnes à manifester samedi dans cette ville du Nord-Mali pour demander au CMA de ne pas parapher l’accord, car le texte, pour eux,  oublie l’essentiel des revendications des populations de l’Azawad.

 

« L’Azawad est reconnu pour la première fois »

 

« L’accord de paix et de réconciliation proposé par Alger prévoit la régionalisation : une libre administration de toutes les régions du Mali et non pas uniquement du Nord, où  la population sera mise, pour la première fois, au centre du dispositif. L’autonomie pourrait être exercée uniquement dans le cadre de cette régionalisation, et cela assurerait l’équilibre des régions et l’unité du pays », estime Anasser Ag Rhissa. Et de prévenir : « Le fédéralisme proposé par le CMA sera désastreux, non pas uniquement pour le Mali mais pour le Nord même du pays et cela conduirait inévitablement à une guerre civile notamment au vu des enjeux de répartitions des richesses qu’implique la question. » 

La régionalisation est ainsi la seule « solution fiable » aux  inégalités régionales selon Anasser Ag Rhissa qui considère que « le CMA reviendra pour parapher cet accord d’Alger » qui sera signé prochainement à Bamako, car, outre l’équilibre régional que celui-ci prévoit, il comporte des projets de développement pour la région, ainsi que pour les autres régions du pays ». 

Pour ce qui est du second point litigieux, relatif à l’utilisation restreinte du terme « Azawad », l’expert malien en  TIC, gouvernance et sécurité, estime qu’il existe plusieurs moyens pour que  cette notion soit discutée ou adoptée. « Cette question peut attendre, il faudrait signer l’accord de paix tout d’abord, mettre en place des zones de développement économique et social, puis organiser un référendum, par exemple. Cela sera discuté lors de la Conférence d’entente nationale, prévue pendant la période de transition de dix mois qui suivra la signature de l’accord à  Bamako ». Les négociations marathoniennes que mènent les différentes parties au conflit depuis 2012 ont aboutit, pour la première fois, à la reconnaissance de l’Azawad comme étant « une réalité humaine, socioculturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord.

 

L’aide internationale nécessaire pour la paix

 

Anasser Ag Rhissa estime que d’autres points revêtent une importance encore plus considérable que la question de l’usage restreint du terme « Azawad » dans l’accord, tels que la mobilisation des ressources par le Mali pour aller vers l’équilibre régionale : « Le Mali utilisera certainement des ressources propres, mais  il est prévu d’organiser également une conférence d’appel de fonds à la communauté internationale pour tenter de relancer des projets de développement régionaux. »

Outre les questions territoriales et celles de développement, le Mali fait face à la circulation des armes, au banditisme international et à la présence de groupes terroristes comme Aqmi, Ansar Eddine, sur son territoire. Anasser Ag Rhissa explique : « En cas  de réussite de l’accord de paix d’Alger et de dépôts des armes et de cessation de toutes hostilités dans le Nord, il restera encore difficile de donner le nombre des combattants étrangers au Mali, mais il existe des projets de coopération sécuritaire et une coordination des efforts entre les parties internes et externes pour lutter contre le terrorisme. » 

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