Arrivées de Harragas algériens en 2020 : la communauté de Valence pointe du doigt la situation socioéconomique de l'Algérie - Maghreb Emergent

Arrivées de Harragas algériens en 2020 : la communauté de Valence pointe du doigt la situation socioéconomique de l’Algérie

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Certains bateaux qui prennent la mer de la côte algérienne, traversent la Méditerranée du sud au nord jusqu’à la côte espagnole, en un voyage d’au moins deux jours et de plus de 300 kilomètres.

La communauté espagnole de Valence tire la sonnette d’alarme après l’arrivée de pas moins de 900 migrants sur ses côtes en 2020, d’après les chiffres rapportés par le journal El Confidencial.

Véritables portes de la Méditerranée du Nord, les côtes espagnoles sont, en 2020, de nouveau à la merci des bateaux de fortune des migrants arrivant du nord de l’Afrique. A ce jeu là qui à l’air de ne plus amuser Madrid, les algériens sont apparemment les champions, alerte le ministère de l’Intérieur.

Le profil est souvent le même, écrit le journal espagnol ! les jeunes algériens, généralement des hommes, qui cherchent à toucher la terre espagnole, ont tendance à être sans papiers et visent à mettre le pied sur le territoire communautaire pour s’installer en France, où beaucoup ont des liens familiaux ou des relations et où ils partagent la langue.

Selon la même source, c’est à partir de la première semaine d’octobre que les choses ont pris de l’ampleur. En quelques heures à peine, pas moins de 6 petits bateaux avec 61 personnes à bord, ont débarqué sur la côte qui va de Calpe à Benidorm.

Au total, jusqu’à présent cette année, 900 personnes, venues principalement d’Algérie, ont tenté d’entrer en Espagne par la côte d’Alicante de manière irrégulière et en utilisant de petites embarcations propulsées par des moteurs précaires et quelques galons d’essence.

Certains bateaux qui prennent la mer de la côte algérienne, traversent la Méditerranée du sud au nord jusqu’à la côte espagnole, en un voyage d’au moins deux jours et de plus de 300 kilomètres. 

Mais les autorités espagnoles, explique le journal, ont détecté un autre « manège » méthodique et plus organisé : l’existence de navires-mères qui naviguent jusqu’au bord des eaux internationales et affrètent les plus petits bateaux qui les y attendent, avec une capacité n’excédant pas une douzaine de personnes, atteignant la côte comme ils peuvent, propulsés par leurs petits moteurs, le vent ou les courants. Ces organisations illégales facturent généralement à partir de 1000 euros par trajet et par personne.

Mais en temps de pandémie Covid-19, les autorités espagnoles sont plus inquiètes qu’en temps normal. Et pour cause, des arrivées massives de migrants à Alicante ont été enregistrées en pleine période ou les chiffres de contamination ont atteint des niveaux élevés.

Selon El Confidencial, cette situation a contraint les autorités à changer leur fusil d’épaule en modifiant les protocoles d’action. Dans le cas de la Communauté valencienne, la sous-délégation gouvernementale d’Alicante a établi un modèle de collaboration avec le ministère de la Santé et la Croix-Rouge. 

« Contrairement à l’année dernière, ces personnes ne sont plus traitées aux ports d’arrivée. Si elles sont interceptées sur la côte ou secourues en mer par Salvamento Marítimo (une ONG locale ndlr), elles sont emmenées au port d’Alicante, où nous évaluons leur état de santé et on leur accorde une attention particulières », affirment des sources de la Croix-Rouge, qui estiment l’augmentation des soins à 30% par rapport à l’année dernière.

La nationalité algérienne est majoritaire

D’autre part, et face à la fermeture des centres d’internement des étrangers (CIE) pour cause de Covid-19, les autorités valenciennes font face à des difficultés pour établir l’affiliation des migrants, en raison du manque de documentation et de données et sans décision de justice qui en dicte le contraire, la majorité obtient la liberté de mouvement dans les 72 heures suivant son entrée en Espagne. C’est alors qu’ils partent principalement en France par leurs propres moyens, explique le journal espagnol.

Le média précise, par ailleurs, que « les raisons de l’augmentation des émigrants algériens résident, éventuellement, dans la crise économique que traverse le pays, aggravée par l’effondrement du prix des hydrocarbures, principale source de revenus de l’Etat, qui souffre également d’instabilité politique et sociale depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika. »

D’après Carlos Gómez Gil, professeur au Département d’Analyse Economique Appliquée de l’Université d’Alicante, cité par El Confidencial, « les départ de migrants depuis l’Algérie se produisent depuis 2007, date à laquelle la première arrivée a été enregistrée. On parle donc d’un phénomène qui se poursuit depuis treize ans avec la particularité que depuis 2016, il y a eu un rebond important. Cela coïncide avec l’aggravation de la crise économique, politique et sociale en Algérie. Cependant, au-delà des chiffres relatifs, le phénomène témoigne d’une dégradation progressive de la situation d’un pays voisin et d’un manque d’attentes en une nation riche en ressources naturelles ».

« Dans le même temps, n’oublions pas l’instabilité sociale et politique croissante de ces dernières années, les manifestations qui ont inondé différentes villes et ce profond malaise touchant surtout les jeunes, qui pour seul horizon, aspirent à quitte le pays. Ce n’est pas seulement l’emploi que ces gens recherchent, mais plutôt un autre mode de vie, nous nous intéressons donc à la stabilité économique, sociale et politique du pays voisin », ajoute-t-il.

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