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Crise : l’Etat doit-il encore voler au secours de Sonelgaz ou adopter la méthode Attar ?

Par Nabil Mansouri
juillet 31, 2020
Crise : l’Etat doit-il encore voler au secours de Sonelgaz ou adopter la méthode Attar ?

La Société nationale de l’électricité et du gaz (Sonelgaz) traverse une période difficile depuis plusieurs années. Cette importante entreprise publique, voit ses capacités de financement affaiblies de jour en jour par les dettes.

Le nouveau ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, a abordé lors de son premier entretien accordé à la radio nationale, la situation de la compagnie nationale d’électricité.

Selon lui, «Sonelgaz est à genoux, elle vend à perte l’électricité ». Il a affirmé que sans le soutien de l’Etat, « Sonelgaz déposerait son bilan ».

En effet, les créances de Sonelgaz, qui connaissent une hausse exponentielle, avaient dépassé les 60 milliards de dinars dès juillet 2019 selon l’APS. Ce manque à gagner est réparti presque équitablement, entre les entreprises et les particuliers. L’entreprise publique dit vouloir recouvrer par tous les moyens son dû, mais la tâche semble difficile.

Ce pendant, et malgré cette situation de malaise, le bilan des réalisations annuelles de Sonelgaz est souvent considéré comme «satisfaisant» par son board, qui voit toujours d’un bon œil le fait quel’entreprise puisse poursuivre ses programmes d’investissement, et ce grâce au concours et au au soutien de l’Etat.

En voulant garder un esprit de « société citoyenne », la Sonelgaz se voit affaiblie financièrement. Et compte tenu de la situation difficile que traverse actuellement le secteur bancaire, il lui est désormais difficile pour de contracter des crédits auprès des institutions financières nationales.

Ainsi, Le groupe énergétique s’est vu obligé de recourir à l’endettement extérieur pour poursuivre son développement à l’horizon 2026. Mais reste à savoir si la situation de Sonelgaz fait seulement appel à des injections massives de capitaux financiers ou plutôt d’une refonte de sa stratégie de gouvernance.

Revoir de fond en comble la politique de la Sonelgaz

Selon sa déclaration à la radio, le ministre de l’Energie compte revoir la politique de l’unique producteur d’électricité en Algérie. Tout en indiquant que la hausse des tarifs de l’électricité et du gaz n’est pas à l’ordre du jour, Attar explique, par contre, que « l’augmentation des prix fait partie du chantier du ministère pour les grands consommateurs et industriels ».

Le ministre ajoute qu’il faut revoir les tarifs de l’électricité pour les activités rentables au fur et à mesure, du moment que 40% à 60% du prix de revient des produits qui leurs sont propres sont issus de l’énergie.

Concernant les investissements et notamment ceux qui visant à absorber les pics de la demande, particulièrement en période des fortes chaleurs, Attar souhaite planter les jalons d’une réflexion plus pragmatique, introduisant l’idée d’un mix entre énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Il considère, par ailleurs, que porter la capacité de production actuelle de 16 000 MW, à 29 000 MW à l’horizon 2030, pour faire face au pic de la demande au cours de l’été (soit uniquement pour un mois) est une «aberration économique». Attar s’explique : Sonelgaz va engager un investissement de 27 milliards de dinars d’ici 2030 pour satisfaire une forte demande en un seul mois, alors que pendant les 11 autres mois, cette capacité est inutilisée et les centrales électriques ne tournent pas à plein régime durant le reste de l’année.

L’ancien patron de Sonatrach veut que la priorité pour le Sonelgaz, soit d’assurer le raccordement des zones industrielles, qui sont créatrices de richesses. Un autre dossier sur lequel le groupe « traîne des pieds » alors que plus de 8000 demandes de raccordements de l’électricité et du gaz sont en attente, selon lui.

Plutôt que de reprendre les schémas habituels de sortie de crise, au risque d’échouer une nouvelle fois, Abdelmadjid Attar se veut visionnaire et ambitieux, et préconise une « potion de druide » avec les ingrédients suivants : la révision des prix pour les secteurs productifs ; le développement des énergies renouvelables et primarisation de efficacité énergétique, afin de répondre à la demande croissante.

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