Au lendemain de l’attentat meurtrier qui visé les locaux du journal satirique français Charlie Hebdo qui a fait 12 morts dont 10 journalistes et plusieurs blessés dont 4 en état grave, le HuffingtonPost Maghreb revient sur l’identité des 3 personnes suspectées d’être les auteurs du drame.
Deux frères, dont un jihadiste connu des services antiterroristes, sont activement recherchés jeudi 8 janvier par la police. Un troisième homme, qui s’est rendu à la police, a été placé en garde à vue au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, l’attentat le plus meurtrier en France depuis plus d’un demi-siècle.
La police a diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi les photos de Chérif et Said Kouachi, 32 et 34 ans. Chérif Kouachi avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d’envoi de combattants en Irak. La carte d’identité d’un des deux hommes avait été retrouvée dans la voiture abandonnée porte de Pantin.
Les deux frères, nés à Paris et de nationalité française, sont « susceptibles d’être armés et dangereux », prévient la préfecture de police de Paris et « toute personne détenant des informations » les concernant est invitée à joindre le numéro vert 0805 02 17 17.
« La filière des Buttes-Chaumont »
Né en novembre 1982 dans le Xe arrondissement de Paris, de nationalité française, surnommé Abou Issen, Chérif Kouachi a fait partie de ce qui a été appelé « la filière des Buttes-Chaumont », qui visait, sous l’autorité de « l’émir » Farid Benyettou, à envoyer des jihadistes rejoindre en Irak les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda, dirigée à l’époque par Abou Moussab al Zarkaoui. Interpellé juste avant de s’envoler à destination de la Syrie, puis de l’Irak, il a été jugé en 2008 et condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
Comme le note Le Parisien, « Chérif Kouachi, apparaissait en septembre 2005 dans un numéro de l’émission ‘Pièces à conviction’ (diffusée sur France 3) consacré au terrorisme ». Présenté comme un disciple de Farid Benyettou, il n’y témoigne cependant pas directement:
Deux ans plus tard, son nom a été cité dans le projet de tentative de faire évader de prison l’islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir commis l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en octobre 1995 à Paris (30 blessés).
Chérif Kouachi était notamment soupçonné d’être proche de Djamel Beghal, une autre figure de l’islam radical français, qui a purgé dix ans de prison pour la préparation d’attentats, avec lequel il était soupçonné d’avoir participé à des entraînements. Après avoir été mis en examen dans cette affaire, il a toutefois bénéficié d’un non-lieu.
Crâne rasé et ovale, bouc clairsemé sur la photographie diffusée par la police, Chérif Kouachi est susceptible d’être « armé et dangereux », tout comme son frère Said, né en septembre 1980 également dans le Xe arrondissement parisien. Ce dernier, lui aussi de nationalité française, apparaît sur l’appel à témoins les yeux marron, de courts cheveux bruns et un collier de barbe peu fourni.
Mourad Hamyd au lycée au moment de l’attaque ?
Mourad Hamyd, 18 ans, le plus jeune des trois hommes visés par un avis de recherche lancé mercredi auprès des forces de l’ordre, s’est lui rendu dans la soirée au commissariat de Charleville-Mézières (Ardennes) et a été placé en garde à vue, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier.
Soupçonné d’avoir aidé les deux tireurs, ce jeune, beau-frère de Chérif Kouachi, s’est rendu « après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Selon une autre source proche du dossier « plusieurs gardes à vue » étaient par ailleurs en cours « dans l’entourage » des frères Kouachi.
Des internautes se présentant comme ses camarades de classe avaient auparavant affirmé sur Twitter que Mourad Hamyd était en cours avec eux au lycée au moment de l’attaque, utilisant le mot-clé #MouradHamydInnocent. Un de ses camarades de lycée ainsi qu’une voisine ont par ailleurs affirmé qu’il est loin d’avoir le profil d’un islamiste.
« Mourad est resté hier au lycée toute la matinée. Il y a plein de témoins. Je ne comprends pas pourquoi il est en garde à vue », a déclaré à l’AFP Anis, 17 ans: il est élève de terminale ES au lycée Monge de Charleville comme le jeune Hamyd, en garde à vue depuis qu’il s’est présenté de lui-même à la police la veille au soir. « C’est un garçon très gentil qui n’a rien à voir avec les fondamentalistes. Il est musulman mais très modéré », a-t-il encore affirmé devant l’entrée du lycée, avant d’entrer en classe.
Le témoignage de voisins de Mourad Hamyd, qui vit au 13e étage d’une tour du quartier Ronde Couture, en périphérie de Charleville-Mézières, va dans le même sens. « C’est une famille très gentille, sans aucun problème. Mourad est très discret et serviable »‘, a déclaré une voisine de palier de la famille Hamyd, qui n’a pas voulu être nommée. Elle a ajouté à propos de l’attentat meurtrier perpétré contre Charlie Hebdo: « Entre musulmans, on ne peut pas s’identifier à de tels actes ».
Vastes opérations de police
Des opérations d’envergure ont été menées mercredi soir à Reims et Charleville-Mézières, impliquant des policiers d’élite du Raid. D’après une source proche du dossier, il s’agissait avant tout de « perquisitions et de vérifications » de lieux rattachés aux suspects. Les enquêteurs avaient préalablement mené des perquisitions dans plusieurs villes: Strasbourg mais aussi Pantin ou Gennevilliers en région parisienne.
Le procureur de Paris François Molins a évoqué « au moins deux assaillants », affirmant qu’un témoin avait constaté la présence d’un troisième complice dans leur voiture en fuite.
L’attaque à la kalachnikov en plein cœur de Paris contre le journal satirique a fait douze morts, dont les dessinateurs Cabu et Wolinski, et onze blessés dont quatre graves, soulevant une grande vague d’émotion dans le pays.