Le come-back d’Ahmed Ouyahia en “grand chambellan” de la présidence de la république est un fait important qui traduit un «arrangement » entre les protagonistes d’un régime en crise. Les résistances à l’alignement forcé imposé au FCE à main levée reflètent des velléités d’émancipation qui continueront à s’exprimer.
Le Café presse (CPP) du jeudi a pratiquement commencé au moment même où les patrons favorables à un quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika imposaient leur vue à l’organisation patronale, le Forum des Chefs d’entreprise (FCE). Même les formes n’ont pas été respectées. L’engagement pris par le président du FCE de l’organisation d’un vote à bulletin secret qui aurait pu refléter la réalité des sentiments des patrons a été balayé pour une procédure à main levée très parti unique. Une mise à l’épreuve publique de l’allégeance pour une catégorie fragile et dépendante qui n’est cependant pas passée comme une lettre à la poste. Le FCE est désormais une organisation divisée, comme le reste des organisations soumises, selon la formule de Mouloud Hamrouche rappelée par un des participants à « à chaque échéance présidentielle et à chaque changement de responsables, à d’intolérables pressions, interrogations et examens de conscience ». C’est également par la sortie publique de Hamrouche qu’est décryptée l’affectation d’Ahmed Ouyahia, ancien chef de gouvernement qui a les faveurs du DRS, au poste de Directeur de Cabinet à la présidence de la république. La déclaration publique de Mouloud Hamrouche a été perçue comme suffisamment menaçante pour pousser les différents clans du régime à un arrangement sur les contours de l’après 17 avril.
Dans le rôle de Larbi Belkheir ?
Ahmed Ouyahia s’installerait au poste de «grand chambellan » d’une présidence assumée par un homme amoindri dont la capacité à assumer ses missions suscite une grande controverse. Dans les annales du régime, la fonction de « grand chambellan » a été exercée sous la présidence de Chadli Bendjedid par feu le général Larbi Belkheir, longtemps présenté comme le grand parrain. Larbi Belkheir est celui qui a « vendu » la candidature de Bouteflika aux militaires en 1999 avant de devenir son directeur de cabinet pour en définitive être « exilé » à l’ambassade d’Algérie au Maroc où il s’ennuyait ferme. Le retour d’Ahmed Ouyahia à ce poste sensible marque-t-il un retour en force du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) dont l’action et le rôle ont été ouvertement contestés par le clan présidentiel à travers Amar Saadani ? Mais une chose est certaine, contrairement aux habitudes les « arrangements » au sommet ne passent plus aisément. L’indignation qui s’exprime et les réticences de certaines forces sociales – à l’image de la difficulté qu’ont eue les patrons pro-Bouteflika à faire passer le « soutien » du FCE avec un minimum de règles- traduisent l’existence de velléités d’émancipation à l’égard du régime. Qui continueront de s’exprimer même après le 17 avril. Bonne écoute…