Au Maghreb, chacun a son Ramadhan! - Maghreb Emergent

Au Maghreb, chacun a son Ramadhan!

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Au Maghreb, ce lundi 6 juin 2016 est le premier jour de Ramadhan, qui est observé traditionnellement par l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Seul le Maroc, un royaume où le monarque est en même temps ”Amir El Moumiminine” (Commandeur des croyants), décrète le premier jour du mois sacré le lendemain du premier jour observé dans la majeure partie du monde musulman.

 

N’empêche, le Ramadhan 2016 au Maghreb est, à quelques exceptions près, notamment d’ordre économique et politique, le même que celui des années précédentes: une course vers les produits de large consommation, un stockage incroyable de denrées alimentaires, et des communiqués des instances officielles sur la disponibilité des produits agricoles et agroindustriels et à des prix abordables. Au marché central de Rabat, juste à l’entrée de la Souika et de la Joutia de Bab El Had, il y a foule devant les étals des marchandes de légumes, des produits de conserverie et des bouchers. Les achats pour le ramadhan, qui sera observé cette année le 7 juin au Maroc, vont bon train, alors que les marchands de produits de pâtisserie sont les plus sollicités, dont la pâte à filo, pour la confection des ”briouat” ou la ”pastilla” (Bastila). A la veille de ce mois de ramadhan, le ministère de l’agriculture et celui des Affaires générales, avaient annoncé que les prix des produits agricoles frais, des viandes, des fruits et légumineuses seront disponibles et à des prix du marché.

Une affaire de Droubas

Le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed El Ouafa, a de son côté démenti catégoriquement l’augmentation du prix de la bouteille de gaz de 12 litres, largement utilisée au Maroc, qui ne dispose pas de gaz de ville. Le prix de la ”bouta” de gaz butane reste à 40 dirhams. Aux Derbs Omar et Soltane de Casablanca, ce sont plutôt les achats des épices pour la confection de la ”H’rira”, la soupe marocaine, qui sont les plus observés. Et puis, ”il n’y a pas plus important que de faire sa propre combinaison de la Tête du Magasin”, ce mélange de 40 épices qui, dans la gastronomie des pays du Maghreb, est incontournable pour certains plats, dont la soupe du ramadhan. Cette ambiance de grande consommation et d’échoppes des mille et une nuits d’où dégoulinent des torrents de senteurs orientales que l’on trouve dans les villes marocaines, autant dans la médina de Rabat que dans les vieux derbs de Casablanca, à Fes El Bali (le vieux Fes) et sa mosquée des Karaouiines, à Meknes avec ses vieilles mosquées andalouses, fait que le mois de ramadhan ”ici est extraordinaire”. Même si, de temps en temps, on tombe, en prenant la route de l’Océan pour aller acheter du poisson frais à Skhirat, à quelques centaines de mètres du Palais Royal,  sur quelques épiques bagarres pour un banal refus de priorité, de ceux que l’on affuble de ”Mremdenine” ‘(ceux qui supportent mal le jeûne).

Tunisie, Ramadhan et tourisme

A Tunis, dans la vieille médina, c’est ramadhan ce lundi 6 juin. Il sera à quelques exceptions près, comme celui de l’année dernière, avec les traditionnels communiqués sur des prix abordables des produits de large consommation. Mais, les Tunisiens ont l’esprit ailleurs cette année. Aux troubles dans plusieurs gouvernorats, provoqués par un chômage devenu intolérable, il y a également le climat d’insécurité qui plane sur le pays, même si les autorités comme les Tunisiens tentent d’oublier le cauchemar du terrorisme, et de vivre quand même. La saison estivale devrait gagner quelques points cette année, le ramadhan devant se terminer avec le début du rush de l’été des vacanciers, les tours opérateurs espérant quant à eux un retour en force de la demande étrangère. En 2015, trois attentats terroristes ayant ciblé des touristes qui ont fait plus de 70 victimes, en majorité étrangères, ont ruiné l’industrie du tourisme dans el pays. En fait, 33% des hôtels parmi les 573 classés ont fermé leurs portes jusqu’à la mi-décembre 2015, selon l’Office national du tourisme tunisien (ONTT).

Algérie, un modèle de croissance de plus

En Algérie, lundi 6 juin coïncide également avec le 1er jour du ramadhan. Mais, le ramadhan 1437 aura été précédé, la veille, par une rencontre entre le Gouvernement et ses partenaires sociaux, l’unique centrale syndicale et un Patronat à plusieurs têtes. A la fin de cette tripartite, les experts et observateurs sont restés sur leur faim, car n’ayant abouti sur rien de concret, ni les mécanismes que compte mettre en place le gouvernement pour son nouveau modèle de croissance, après celui du Pacte de croissance d’il y a quelques années. Bref, la Tripartite de juin 2016 aura été comme les autres, ”une enfumade” ( http://www.maghrebemergent.com/economie/algerie/59907-tripartite-sellal-a-masque-le-scenario-chiffre-du-changement-de-modele.html). Ailleurs dans le pays réel, on se bat pour espérer que les lendemains des Algériens seront meilleurs, et ce mois sacré vient opportunément pour rappeler à tous que les temps sont durs. D’autant que le BAC a été dévoyé encore plus cette année, au point qu’une seconde session sera organisée pour rattraper les ”fraudes” constatées, en plein mois de ramadhan. La dernière session du BAC en Algérie qui s’était déroulé en plein mois de ramadhan remonte à….1980. Au Maghreb, c’est à chacun son ramadhan.

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