Au Maghreb, la "finance islamique" n'a pas la cote - Maghreb Emergent

Au Maghreb, la “finance islamique” n’a pas la cote

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Au Maroc, elle vient d’être lancée. En Algérie, elle reste encore marginale et représente seulement 1,5% du système financier national et près de 15% des banques privées.

 

 

Contrairement aux pays du Golfe, la finance islamique, sans intérêts dans les transactions ou les dépôts, n’a pas la côte dans les pays du Maghreb. Au Maroc, elle vient juste d’être lancée, alors qu’en Algérie et en Tunisie, elle est loin de connaître de francs succès.

C’est l’Algérie qui est pionnière dans la mise en place de banques dites ”islamiques”, c’est à dire des banques n’accordant pas d’intérêt et fonctionnant à la ”mourabaha” (littéralement la participation au bénéfice). En 1991, le Conseil de la monnaie et du crédit de la Banque centrale d’Algérie donnent l’agrément à la première banque islamique privée de droit algérien, Al Baraka Bank Algérie. Elle est, en fait, un partenariat entre la Banque agricole et de développement rural (BADR, publique) et le groupe saoudien Dallah Al Baraka. Depuis, le nombre de banques ”halal” et d’établissements offrant des produits de la finance islamique n’a pas beaucoup progressé. Il s’agit de seulement deux autres banques : Al Salam Algérie et Gulf Bank Algeria, et une compagnie d’assurance, Salama Assurances Algérie.

Les autorités financières algériennes ont donné leur feu vert à des banques et institutions pour exercer une activité de finance islamique, sans pour autant que ce marché se développe. Il reste encore marginal et représente seulement 1,5% du système financier national et près de 15% des banques privées. Le même constat peut être fait en Tunisie.

L’institut américain Gallup a effectué en 2013 une enquête pour le compte de la Banque mondiale sur la place de la finance islamique dans quatre pays de l’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie et Egypte) et un pays du Moyen-Orient, le Yémen. Selon cet institut, la finance islamique ne semble pas avoir la préférence des populations d’Afrique du Nord et de certains pays du Moyen-Orient alors qu’elle est en pleine expansion en Europe et en Asie.

Publiée en décembre 2013, l’enquête de l’institut Gallup indique que moins de 3% des adultes dans les pays étudiés consomment des produits et services bancaires conformes à la charia : 3% en Algérie et en Egypte, 2% en Tunisie et 1% au Maroc et au Yémen. Elle révèle, cependant, une certaine préférence pour les services de la finance islamique (45%) chez les personnes interrogées quand bien même ils seraient plus chers que ceux des banques conventionnelles (27%). Les Marocains sont ceux qui préféreraient plus les services bancaires conformes à la ”charia”, car ils sont 54% dans ce cas. Les Algériens le sont un peu moins: 49% d’entre eux déclarent avoir cette préférence, même si les paroles ne sont pas forcément suivies d’actes. En Tunisie, 31% des sondés affirment avoir cette préférence pour la finance islamique.

Présentée comme une alternative au système financier mondial, la finance islamique ne pèse que 1% du total des actifs financiers mondiaux, soit entre 1.400 et 1.700 milliards de dollars. L’industrie bancaire islamique est tirée principalement par la Malaisie et certains pays du Golfe. Le nombre des institutions financières « halal » a, quant à lui, dépassé 600 établissements opérant dans 75 pays.

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