Au Maroc, les »mahlabates », laiteries traditionnelles, ont depuis longtemps les faveurs des consommateurs. Implantées dans les quartiers populaires, elles sont prisées aussi bien par les couches moyennes qu’inférieures. Dans la foulée, elles livrent une rude concurrence au jus industriel.
A la Souika de Rabat, près de la Joutya de Bab El Had, deux »mahlabates » sont à longueur de journée envahies par des centaines de consommateurs. Au menu : jus de mangue, de citron, d’orange, de papaye, thé, lait caillé, pâtisseries, etc.. En bref, tout ce qui peut sustenter une clientèle qui travaille du petit matin au soir, dans les environs. Les clients des mahlabates de la Souika de Rabat comme celles des derb à Casablanca ou Fes, Meknes et Tanger, sont en majorité des cireurs, des gardiens de parkings, des femmes et hommes de ménage (oui, cette cela existe au Maroc), et l’armée des personnels des administrations publiques. La raison en est toute simple : le prix d’un bol de jus de fruits ou d’un jus de citron revient à moins de 5 dirhams, contre un peu plus de 8 dirhams pour un verre de jus issu de la filière agroindustrielle. Si le Maroc est un gros producteur de fruits, notamment les agrumes, la consommation de jus, dont ceux industriels, est faible. Le marocain, selon une étude commandée par des industriels de la filière, consomme en moyenne 5 litres de jus par an contre 33 litres pour un libyen, 17 litres en Algérie et 8 lites en Tunisie.
« Mahlabates » contre hypermarchés
La raison de ce manque de consommation de jus au Maroc est d’abord liée au fait que traditionnellement, c’est le thé qui est le plus »ingurgité », suivi des sodas. Ensuite, les prix des jus (industriels) sont dissuasifs : les jus fabriqués au Maroc sont vendus entre 13 et 15 DH le litre, le nectar local entre 8 à 12 DH et les produits importés d’Europe entre 20 et 25 DH. Suffisant pour faire les affaires des »mahlabates », qui proposent d’abord un produit fait »maison » donc traditionnel à des prix attractifs, mais ont également l’avantage d’être préférées par les consommateurs aux jus »industriels ».
Hausse de 30% de la consommation
Par les chiffres, cela donne une consommation moyenne de 200 millions de litres de jus consommés annuellement, dont 150 millions de litres faits »maison » ou dans les »mahlabates ». Quant à la consommation globale de boissons gazeuses, d’eau et de jus, elle est de 1,5 milliard de litres par an au Maroc. Qu’il soit »traditionnel » ou »industriel », le jus est rentable : selon des industriels de la filière, le jus est la branche qui s’en sort le mieux dans l’industrie agroalimentaire marocaine, avec une hausse de 30% depuis 2009.