Azouaou Mehmel, PDG d’Algérie Télécom : "L’environnement législatif des TIC doit évoluer" - Maghreb Emergent

Azouaou Mehmel, PDG d’Algérie Télécom : “L’environnement législatif des TIC doit évoluer”

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Si le segment voix a été phagocyté par les opérateurs mobiles, Algérie Télécom compte rester leader dans celui de la data (Internet). La cherté des offres de la 3G permet encore cet avantage à l’opérateur historique. Retour sur les moments forts de l’interview de son PDG, Azouaou Mehmel, à Radio M.

 

Sur les 5% de croissance de son chiffre d’affaire (hors filiales) en 2013, Algérie Télécom le doit en grande partie au segment de la data (Internet). Comme tous les opérateurs fixes, AT enregistré un déclin de son service voix qui “a migré vers les opérateurs mobiles”, a indiqué son PDG, Azouaou Mehmel, qui était l’”Invité du Direct”, de mercredi dernier, à Radio M, la webradio de Maghreb Emergent. “Le gros de la croissance a été enregistré dans la data”, explique Mehmel. Le dimensionnement du réseau de l’opérateur dépend de la demande qui est de “plus en plus importante”, aussi bien en terme d’abonnements qu’en terme de débit. “Aujourd’hui ce sont les terminaux (smartphones, tablettes, laptop…) des clients qui imposent les architectures des réseaux. Et au-delà de ces terminaux, ce sont aussi les applications, qui rendent les équipements de plus en plus puissants et gourmands en bande passante. Ceci impact sur les opérateurs pour maintenir à niveau leurs infrastructures”, explique encore le PDG d’AT.

L’importance des TIC dans le développement socio-économique

Si Azouaou Mehmel note l’importance de la “prise de conscience des autorités quant à l’importance de ces technologies dans le développement socio-économique”, il regrette le retard pris dans le lancement de certains outils indispensables. Il explique que “tant qu’on n’a pas développé le commerce électronique”, qui reste “bloqué par la signature ou la certification électronique” qui attend d’être règlementée, la place des TIC restera marginale dans le développement socio-économique. Il reste que l’objectif pour AT est “d’atteindre 6 millions d’accès ADSL dans 4 à 5 ans”. Le PDG dit ne pas craindre l’avènement de la 3G qui a bouclé les six mois de son lancement. “La 3G n’a pas menacé et ne menacera pas le chiffre d’affaire d’AT”. Pourquoi ? “Parce que l’utilisation de l’Internet est orientée vers la vidéo. Et un jeune ne va pas regarder un contenu vidéo sur son smartphone via une connexion 3G mais plutôt sur une ligne ADSL”.

Convergence des technologies fixe et mobile

Pour le PDG d’ AT, les technologies ADSL, 3G et 4G seront complémentaires. “Il y a une convergence dans les réseaux”, dit-il, puisque “nous avons accès aux mêmes contenus, mais il n’y a que la technologie d’accès qui diffère”. L’opérateur mise, pour le moment, sur l’ADSL. Sur deux à trois ans, AT a acquis “environ 900.000 accès”, dans le cadre de son projet MSAN. Et après avoir “amélioré l’organisation”, l’opérateur a pu acquérir “700.000 accès supplémentaires en un seul trimestre, qui sont déjà déployés, dans le cadre d’une première phase. On a encore plus de 500.000 accès qui sont en cours de déploiement”. Techniquement, AT est en mesure de donner un débit allant jusqu’à 8 Mbps pour les clients résidentiels.
Mais toute cette infrastructure “a un coût”. “Et le modèle économique de la data est complètement différent des services de téléphonie classique. Avant, avec la voix on pouvait dimensionner une infrastructure, sans aucun problème, en fonction d’un profil de communication de la population. Aujourd’hui, avec la data, avec les mêmes utilisateurs, les profils de consommation changent continuellement vers la hausse”. Derrière, l’opérateur “est obligé d’investir (en capacité de connexion, ndlr) pour le même nombre de clients”, tout en sachant “que ce nombre est en croissance”.

Débat sur l’illimité

Si dans d’autres modèles économiques, comme la téléphonie mobile (voix), l’augmentation du nombre d’abonnés permet de réduire les coûts, et de baisser les tarifs, dans la partie data, la hausse de la consommation en bande passante (y compris internationale) pourrait déboucher vers un “paiement à l’usage”, explique le PDG d’AT. Et pour illustrer les efforts menés par la société, il rappelle que malgré l’extension de sa capacité de 80 à 350 Gbps, le backbone nord “est saturé”. “On va passer à 1 Tbps” (Tera bits par seconde). Quant à la bande passante internationale, elle est de 200 Gbps. Si le pic de consommation est de 160 Gbps environ, il va augmenter.
Pour réduire les coûts et la consommation de la bande passante internationale, AT a conclu un accord avec Google qui a installé des serveurs des serveurs à Alger. Une extension est en cours à Oran. “Et compte tenu de l’augmentation de la demande, nous serons même amenés à installer des serveurs caches dans d’autres régions du pays, comme Sétif, Ouargla, Constantine, pour optimiser aussi le trafic national. Ainsi “les contenus les plus consultés par les algériens (en particulier les vidéos sur YouTube) sont automatiquement stockés ici”.

Des contraintes insoupçonnées

Interrogé sur la 4G fixe dont l’existence est remise en par des “experts”, Mehmel répond : “On n’a rien inventé. D’autres opérateurs dans le monde proposent le même service avec le même terminal que nous”. L’infrastructure 4G déployée est “dimensionnée pour 100.000 accès”. Le segment corporate (entreprises) est ciblé en premier, “mais c’est aussi destiné au grand public”. “Nous allons faire des offres spécialisées pour des zones où il n’y a pas d’accès filaire. Mais là où il y a l’accès filaire, les offres de la 4G ne devraient pas concurrencer celles de l’ADSL. Pour certains segments d’activités, ces deux solutions seront complémentaires”, estime le PDG d’AT.
L’activité de l’opérateur est jonchée de contraintes, dont certaines sont insoupçonnées. Il explique : “Vous avez un réseau, avec des équipements, qui se résument en fait à des serveurs, et des licences. Pour le LTE, par exemple, nous avons acheté un équipement pour 100.000 abonnés. C’est 100.000 licences. Demain on décide de passer à 300.000. C’est exactement le même équipement, mais c’est juste des licences qu’on doit acheter. C’est du virtuel. Mais les procédures (administratives, ndlr) d’acquisition n’ont pas encore adopté ces mécanismes. Dans la règlementation d’importation il faut que ça soit du physique. Alors qu’une licence c’est du virtuel. Vous allez transférer de l’argent, et le fournisseur vous active 200.000 licences supplémentaires. Certains mécanismes règlementaires en terme de commerce international doivent évoluer”.

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