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Azzedine Mihoubi, l’option de Gaïd Salah, dès le 1er tour, en très grande difficulté

Par Ihsane El Kadi
décembre 12, 2019
Azzedine Mihoubi, l’option de Gaïd Salah, dès le 1er tour, en très grande difficulté

L’ancien ministre de la ِِCulture de Bouteflika-Ouyahia est un plan B chétif, qui a butté aujourd’hui sur un boycott actif de l’élection présidentielle. Un second tour pour basculer vers un plan C ?

La nuit est tombée sur Alger et l’hélicoptère de la police tournoie toujours au-dessus des dizaines de milliers de manifestants qui ont occupé le centre ville depuis le début de l’après-midi de ce jeudi électoral. Le mouvement populaire du 22 février a redoublé d’intuition politique féconde en ces dernières heures. Il a réussi à éviter le piège de la confrontation frontale avec la petite minorité de leurs concitoyens  qui a choisi d’aller voter, et ont construit un contre-événement avec les marches nocturnes dans de nombreuses villes du pays, puis une mobilisation gigantesque au cœur de la capitale l’après-midi du vote. Le rythme des interpellations particulièrement élevé ces trois derniers jours, n’a pas découragé le Hirak, donnant d’ores et déjà un avant goût de ce que va être l’après 12 décembre.

Rien ne s’est passé comme escompté pour le chef de l’Etat-major, Ahmed Gaïd Salah depuis le 15 septembre dernier, au moment où il a fait convoquer le corps électoral pour cette journée du 12 décembre. Candidats infatués, campagne assiégée, vote de l’immigration fantomatique, manifestations populaires expansives. La très faible participation des Algériens au scrutin de ce jeudi rend encore plus aventureuse la désignation d’un président au premier tour de l’élection afin de renouveler au pas de charge la façade civile du pouvoir de l’Etat-major de l’armée, feuille de route maintenue vaille que vaille depuis la chute de Abdelaziz Bouteflika, le 02 avril dernier. Dans de telles conditions, l’option de faire prononcer par l’ANIE la victoire dès le premier tour du candidat pressenti du chef d’Etat-major, est en ballottage, même si elle demeure le recours classique le plus plausible compte tenu de la culture politique du milieu.

Scenario sophistiqué ?

Le scénario de l’intronisation dès le premier tour d’Azzedine Mihoubi, devenu candidat de secours pour l’armée, au bout d’un processus aussi calamiteux que cette élection présidentielle est devenu un peu plus problématique ces trois derniers jours. Les Algériens restent fortement mobilisés pour le changement, la base du régime s’est fortement réduite depuis 2014 – comme le montre les bureaux de vote vides – et l’opinion internationale est cette fois plus au fait de la situation grâce à la couverture directe de l’événement, une concession que le régime n’a pas osé supprimer.

L’annonce d’une victoire à plus de 50% ce vendredi d’un des candidats, à fortiori celui qui est pressenti comme bénéficiant du soutien du patron de l’armée, mettrait de l’huile sur le feu, c’est maintenant une certitude. Il entraînerait également l’implosion du scénario électif lui même, le camp de Ali Benflis ayant déjà envisagé de faire une dissidence en annonçant d’autres résultats que ceux de l’ANIE. Un rétropédalage au milieu du gué paraît peu probable dans le choix du candidat à faire gagner.

Après l’abandon de l’option Abdelmadjid Tebboune, il serait trop risqué d’y revenir ou de migrer vers une option un peu plus exotique du type Abdelaziz Belaid. Conséquence, un 2e tour de la présidentielle pourrait être une base de repli, pour espérer donner un seuil minimal de crédit à un vote qui en est désespérément dénué. Il faudrait pour cela laisser passer un challenger à Azzedine Mihoubi. Ahmed Gaïd Salah ne veut pas entendre parler de Ali Benflis. Même en lièvre de luxe dans un rebondissement sophistiqué. Mohamed Chorfi a glissé en off à des journalistes étrangers qu’il y aurait un deuxième tour le 10 janvier prochain. Impossible de ne pas penser que le président de l’ANIE ressemble dans son pieux souhait, à Abdelkader Bensalah qui promettait que l’armée se tiendrait à l’écart du processus du dialogue (Panel), ou à Karim Younes qui était persuadé d’obtenir la libération des détenus d’opinion afin de crédibiliser son travail.

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