Face aux menaces de la fraude aux examens du bac, le gouvernement a choisi de recourir au filtrage applicatif et de contenu lors de la deuxième session. Il a été décidé de s’en prendre aux réseaux sociaux pour éliminer tout risque de publication sur Facebook ou Twitter des sujets des épreuves du bac qui auraient fuité des centres d’examens. Pire, la mauvaise gestion de cette opération de filtrage a poussé le gouvernement à carrément opter pour la réduction totale de l’activité de l’Internet pendant le déroulement des épreuves. Internet est devenu alors lent et inaccessible pour des millions de personnes. C’est un véritable « couvre-feu numérique » qui a été instauré pendant ces cinq jours, et ce, en l’absence de toute couverture juridique comme l’instauration d’un « état d’urgence numérique » sur l’ensemble du pays. Imaginez un instant (juste un instant) que Microsoft soit une entreprise Algérienne. Et imaginez qu’au nom de la lutte contre le phénomène du plagiat, le gouvernement exige de Microsoft (l’Algérienne) de supprimer de ses logiciels et de ses applications les paramètres « Copier » et « Coller ». C’est exactement à cela que ressemble la démarche choisie par le gouvernement de couper Internet.
Même si l’impact de la fraude est nettement plus grand que par le passé, les fuites du bac sont-elles une menace en ligne pour justifier de couper Internet ? Absolument pas. De nombreux observateurs ont interprété l’action du gouvernement comme une manière de montrer à l’opinion publique qu’il dispose du pouvoir cybernétique du pays. Ce blocage d’Internet a été perçu par les internautes comme injuste et illégal sur le plan commercial. Les dégâts engendrés par ce blackout peuvent entacher la réputation des acteurs de l’Internet et nuire financièrement aux entreprises activant dans ce secteur comme les opérateurs des télécommunications et les fournisseurs des services d’Internet. Si la sécurisation du déroulement des épreuves du bac et la limitation de l’utilisation des outils IT par les candidats du bac deviennent de plus en plus systématiques, l’arrêt du web a montré son insuffisance à lutter contre la « Fraude 2.0 ». En effet, le blocage a ouvert la voie à l’utilisation des VPN pour contourner le filtrage des accès aux réseaux sociaux. Ainsi, l’histoire de la coupure de l’Internet est bien là pour nous rappeler que coopérer avec les réseaux sociaux pour mettre à l’abri Internet de toute utilisation illicite dans le monde réel. Sachons dès aujourd’hui tirer les leçons de cette histoire et mettons en place les référentiels juridiques et éthiques de demain.