Au Maroc, la loi de finances 2015 devrait soutenir les grands chantiers du gouvernement Benkirane 2, qui veut s’attaquer aux dépenses inutiles et relancer l’économie du pays.
Dans sa lettre de cadrage envoyée aux ministères pour la confection de la loi de finances 2015, le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane a défini les priorités et les orientations: relance de l’investissement, lutte contre le gaspillage, amélioration des grands équilibres macro-économiques. Ces choix s’accompagnent, en toile de fond, de gros chantiers sociaux et politiques. En fait, Benkirane veut poursuivre, en 2015, le redressement de l’économie marocaine, lutter contre les dépenses inutiles et organiser les gros chantiers politiques, dont les élections locales (2015) et législatives (2016).
A Rabat, on estime que la relance de l’économie passe par « le redressement des finances publiques, une croissance forte, et la maîtrise des dépenses de fonctionnement, et surtout la réduction du train de vie de l’Etat ». D’autant que le gouvernement de Abdelilah Benkirane (PJD, islamiste, modéré) est appelé à poursuivre les réformes structurelles, dont celles de la caisse de compensation, le régime de retraite et la fiscalité, la préparation des élections locales, et le projet de régionalisation avancée.
Pour le gouvernement marocain, il faudra réduire le déficit budgétaire à moins de 4,3% du PIB, et maîtriser la dette publique. « Il y a donc nécessité de dépenser le strict minimum », explique Benkirane dans sa lettre de cadrage du projet de loi de finances 2015.
Bons résultats attendus pour 2014
L’efficacité énergétique, avec une maîtrise de la consommation énergétique, de l’eau et de l’électricité, sont autant d’éléments à intégrer dans la stratégie de relance de l’économie marocaine. Il y a également, selon les objectifs du chef du gouvernement marocain, l’amélioration du climat des affaires, l’encouragement des investissements privés, la promotion des entreprises, et le renforcement des exportations.
Abdelilah Benkirane est encouragé par les résultats encourageants attendus pour l’année 2014. Avec une bonne production céréalière (plus de 6 millions de tonnes) en 2014, l’économie marocaine semble moins stressée en 2014, même si les principaux marchés traditionnels restent incertains avec la crise économique qui traverse l’Europe, principal client du Maroc. D’autant que pour 2014, et en dépit d’une révision à la baisse du taux de croissance par rapport aux prévisions initiales, l’année devrait être clôturée sur de bons résultats, avait indiqué lors d’une séance parlementaire le chef du gouvernement. Avec une révision à la baisse de la croissance prévue pour 2014 à 3,5% contre 4,2%, le déficit budgétaire pour les six premiers mois est moindre que celui de 2013 à la même période. Il s’est élevé à 29 milliards de DH contre 32,8 milliards en 2013. Le gouvernement Benkirane table sur un déficit budgétaire fin 2014 de 4,9% du PIB, comme « une étape vers le retour à l’équilibre des finances publiques et à la maîtrise de l’endettement », a-t-il dit. En 2012, le déficit budgétaire avait atteint 7,3%, avant d’être ramené à 5,5 % en 2013.
Tourisme et automobile, moteurs de la croissance
Pour autant, les secteurs pourvoyeurs de l’économie marocaine en recettes affichent de bons scores. Le secteur du tourisme enregistre une croissance de 3,6% de ses recettes à 25,8 milliards de DH. Ces recettes, selon le ministre marocain, ont permis de couvrir 52% du déficit commercial à fin juin dernier. Les recettes fiscales sont en hausse de 4,8%, alors que la cession des parts de Vivendi dans l’opérateur de téléphonie mobile Maroc télécom a rapporté 1,4 milliard de DH au trésor. Les exportations marocaines ont progressé de 7,4%, à 101 milliards de DH durant les six premiers mois de l’année, contre 94 milliards de DH à la même période en 2013. Les importations ont par contre augmenté de 4,7%.
Autre point de satisfaction pour le gouvernement Benkirane, la hausse des réserves de changes de la banque centrale, Bank Al-Maghri,) de plus de 20 milliards de DH à fin juin, à 178 mds de DH, ce qui représente la couverture de cinq mois et un jour d’importation. Grande première pour l’économie et l’industrie, la filière automobile est devenue le premier secteur exportateur du Maroc devant les phosphates, avec 21,1 milliards de DH à fin juin 2014, contre 15,6 milliards pour la même période de l’année dernière, soit une hausse de 35,6%.
Réformes, le grand chantier de Benkirane
Sur le front des réformes, Benkirane doit aller vite, avant les législatives de 2016. Il doit en effet préparer les élections locales alors que son parti est attaqué de toutes parts, poursuivre la réforme de la caisse de compensation, avec une réduction drastique de la facture des produits subventionnés (plus de 5 milliards d’euros en 2013), ainsi que l’abandon de la subvention des prix des produits pétroliers, la réforme fiscale et le régime de retraite. De gros chantiers sur lesquels le gouvernement, dans le cadre du dialogue social, n’a pas encore trouvé de passerelles avec les syndicats, qui réclament également le droit de grève, la médecine du travail pour tous et une amélioration des salaires, avec un relèvement du Smig.