L’évolution à court terme du marché semble se dessiner assez clairement en faveur d’une diminution progressive du nombre de véhicules vendus et d’une augmentation des prix, soutient le DG de Hyundai Motors Algérie.
Selon le DG de Hyundai Motors Algérie (HMA), Pierre Vierendeel, qui était ce mercredi l’invité du Direct de Radio M, les fondamentaux économiques devraient tirer le marché automobile algérien vers une taille de l’ordre de 300 à 320 000 véhicules par an au cours des prochaines années. Après les années fastes qui ont conduit les ventes à des sommets proches de 600 000 véhicules en 2012, le reflux a commencé dès 2013. Les chiffres pour 2014 sont encore tout frais. Ils indiquent une nouvelle baisse des ventes de l’ordre de 20% avec près de 350 000 véhicules importés. Le palmarès des ventes est dominé, dans l’ordre, par Renault, Peugeot et Dacia. Hyundai occupe la 4ème place du classement et présente la particularité remarquable d’augmenter ses ventes de 20% sur un marché en recul sensible.
Le service après vente pour augmenter l’activité de la branche auto
Pour expliquer le succès des constructeurs français au cours des dernières années, Pierre Vierendeel évoque une proximité avec le marché algérien qui leur a permis de « comprendre plus vite que les autres l’importance de la fidélisation de la clientèle à travers la mise en place de services après-vente performants ». Sur un marché en plein boom entre 2010 et 2012 : «Tout le monde s’est focalisé sur les ventes en parant au plus pressé ». « Aujourd’hui nous sommes en train de les rattraper », ajoute le DG de Hyundai pour expliquer les performances récentes de la marque coréenne. L’ouverture de show-rooms, de magasins de pièces détachées et d’ateliers de réparation sont les priorités de la marque au cours des prochaines années. Pour Hyundai comme pour les autres constructeurs, c’est l’après vente qui va permettre sur un marché en voie de stabilisation de maintenir voire d’augmenter l’activité de la branche auto. Pour preuve, Hyundai Algérie va faire passer ses effectifs de 250 à 400 employés dès 2015 et se fixe pour objectif d’arriver à plus de 800 employés en 2017.
Un moratoire de 9 mois sur les normes de sécurité
Des prévisions de professionnels fondées sur une connaissance du marché qui n’empêchent pas le DG de Hyundai de redouter les conséquences de la baisse récente des prix pétroliers qui pourraient se traduire par une volonté les autorités politiques de réduire les importations. Pierre Vierendeel avertit : « la nouvelle réglementation en préparation doit éviter de nous faire passer brutalement d’un extrême à l’autre. Le Laxisme maximal des dernières années ne peut pas être remplacé du jour au lendemain par l’imposition de normes qui seraient les plus sévères du monde ». Le DG de Hyundai mentionne en particulier des « normes de sécurité sur certains types de véhicules qui n’ont d’équivalent dans aucuns pays du monde et qui conduirait le prix des modèles vendus en Algérie à des prix prohibitifs. Exemple, un double air bag sur un camion de moins de 3 tonnes serait une exigence unique au monde qui coûterait très cher en termes de coût de production et de prix de vente ». Il demande « un moratoire de 9 mois avant la mise en place de la nouvelle réglementation ». Une période qui doit « être mise à profit pour renforcer la concertation avec les opérateurs et favoriser une mise en place progressive et réfléchie des nouvelles règles ». Elle devrait surtout permettre d’éviter, ainsi qu’il en est question, « l’application immédiate des nouvelles normes de sécurité à l’ensemble des véhicules importés y compris pour le floating ; ce qui serait extrêmement pénalisant pour les opérateurs ».
Des précisions nécessaires pour l’obligation d’investir
Une meilleure concertation avec les opérateurs c’est également ce que réclame le DG de Hyundai Algérie à propos de l’obligation d’investir imposée aux concessionnaires par la loi de finance 2014. « Nous sommes en discussion sur cette question avec le groupe Hyundai », affirme Pierre Vierendeel, Mais nos interlocuteurs nous réclament plus de précisions ». Le cadre actuel de la loi « qui procède de bonnes intentions » est trop général et doit faire l’objet de décisions qui précisent les conditions de son application. Au niveau de la branche ou au niveau du groupe ? Avec quel taux d’intégration ? s’interroge le DG de Hyundai. Dans le but de favoriser l’augmentation des capacités de production locales qui est pour l’instant « principalement bridée par l’absence d’un tissu de sous traitant suffisamment étoffé ». Pierre Vierendeel suggère plutôt de regarder du côté de l’assemblage dans le domaine de la production de bus ou de camions de petit tonnage « pour lesquels les droits de douane sont aujourd’hui de 30% ».
Vers une augmentation des prix
En attendant la suite donnée à ces différents dossiers, l’évolution à court terme du marché semble, selon le DG de Hyundai, se dessiner assez clairement en faveur d’une diminution progressive du nombre de véhicules vendus et d’une augmentation des prix. Cette dernière sera stimulée par l’évolution du taux de change du dinar qui devrait provoquer une hausse moyenne du prix des véhicules de l’ordre de 7 à 8 % dans les mois qui viennent. Elle sera renforcée par l’introduction des nouvelles normes de sécurité dont le coût sera également répercuté sur le prix des véhicules. Le risque de rétrécissement du marché et de diminution de leur activité que ces évolutions font courir aux opérateurs devrait donner lieu, de leur part, à des stratégies différenciées. Elles vont du développement des services après-vente par la récupération du marché de la pièce détachée et de la maintenance des véhicules, jusqu’à l’augmentation des marges dont Pierre Vierendeel entrevoit déjà la tentation notamment dans le segment du haut de gamme.
Extraits vidéo : http://bit.ly/15LbNct
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