Célébration de la fête du Mawlid sur fond de pétards et d'explosifs : l'Etat impuissant, mais on sait à qui profite le crime ! - Maghreb Emergent

Célébration de la fête du Mawlid sur fond de pétards et d’explosifs : l’Etat impuissant, mais on sait à qui profite le crime !

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A l’approche de la date de célébration de la fête du Mawlid (naissance du prophète de l’islam), des centaines de vendeurs à la sauvette et des étals clandestins, éclosent comme par enchantement pour proposer leur marchandise faite de pétards, explosifs et autres engins pyrotechniques, pourtant interdits à la vente compte tenu de leur caractère hautement dangereux…Mais uniquement en théorie !

Au-delà de l’analyse sociologique sur la symbolique tronquée et largement contestée, de l’utilisation des pétards pour célébrer cette fête religieuse, ce marché ad-hoc, qui plus est très lucratif, prend forme très rapidement et véhicule un certain nombre d’interrogations sur l’origine de ces produits et les “cercles d’importateurs”, qui réussissent tant bien que mal à les faire rentrer en Algérie, avant de les écouler via un réseau de distribution selon une mécanique bien huilée.

Car selon la loi, l’usage de ce genre de produits explosifs dangereux est prohibée. Chaque année ou presque, les services des urgences des hôpitaux ne désemplissent pas durant la soirée qui précède la célébration du Mawlid. Dans certaines villes ou quartiers, des scènes effroyables où le risque de se bruler ou se blesser gravement est très élevé, ont lieu en toute impunité. Une campagne de sensibilisation sur les dangers de l’utilisation des produits pyrotechniques et les bougies, a d’ailleurs été lancée jeudi dernier par la Protection civile en prévision de la fête du Mawlid Ennabawi.

D’où la question de leur disponibilité sur le marché, au vu et au su des autorités, qui n’interviennent presque jamais en amont pour empêcher la prolifération des engins pyrotechniques sur les marchés, et dont les enfants sont souvent les premières victimes.

Pour bon nombre de citoyens, ce sont les douanes algériennes qui sont les premières à blâmer dans cette histoire. Et pour cause, les substances explosives (pétards et autres articles pyrotechniques) sont interdites et suspendues à l’importation, en vertu du décret 63-291 du 02/08/1963 et décret présidentiel n°90-198 du 30/06/1990). En effet, le décret en question règlemente la recherche, la production, la conservation, la commercialisation, le transport et l’emploi des substances explosives, avec notamment diverses dispositions concernant la sécurité du personnel y prenant part. Il abroge le décret no 63-183 du 15 juin 1963 relatif à l’industrie des substances explosives.

Qui autorise la disponibilité des pétards en Algérie ?

A l’exception des activités d’ordre militaire ou relevant de la défense nationale, la recherche, production, conservation, transport, utilisation et commerce des substances explosives est régie par le décrets susmentionnés.

Outre les dispositions légales et réglementaires en vigueur, toute création d’établissement de production de substances explosives est soumise à autorisation. Cette autorisation est délivrée par décret exécutif, sur rapport du ministre chargé des mines et après avis du ministère de la défense nationale. “Toute importation ou exportation de substances explosives ne peut avoir lieu qu’après visa du ministre de la défense nationale”, lit-on dans l’article 30 dudit décret présidentiel.

Par ailleurs, le législateur précise également qu'”il il ne peut être mis en vente que des substances explosives ayant fait l’objet d’une homologation technique par le ministre chargé des mines.”

L’existence d’un tel arsenal juridique censé réguler l’activité “clandestine” des commerçants et importateurs de pétards, vient donc justifier les thèse accréditant l’existence de “largesses” au sein des autorités compétentes, chargées de faire appliquer la loi. A priori, ce raisonnement tiendrait la route, d’autant plus que l’on assiste chaque année à des saisies , qui sont effectuées par les forces de l’ordre, sur les marchés.

Enfin, et sur le volet économique, il convient de rappeler l’importante manne financière drainée par ce commerce, qui échappe à toute légalité, au vu des tarifs et prix exorbitants des pétards, feux d’artifice, fumigènes et autres engins explosifs. Une manne qui échappe toutefois au circuit financier et par conséquent à l’imposition, compte tenu de son caractère illégal.

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