C’est le système algérien en crise qui alimente l’intelligence extérieure, surtout pas Khaled Drareni (blog) - Maghreb Emergent

C’est le système algérien en crise qui alimente l’intelligence extérieure, surtout pas Khaled Drareni (blog)

Facebook
Twitter

Khaled Drareni boucle ses 100 jours de détention ce jour d’indépendance nationale. L’injustice qui le frappe et touche sa famille de martyrs et de patriotes est insupportable. Elle n’est pas anodine. Décryptage.

Le traitement spécial réservé au journaliste Khaled Drareni dans la procédure judiciaire qui le lie – dans le même dossier – à ses co-inculpés Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, pose la question de l’accusation masquée. Celle proférée par le président Tebboune lorsqu’il a, lors de la conférence de presse du 1er mai dernier,  fait allusion, sans citer son nom, à un journaliste incarcéré dont on sait qu’il est « un Khebardji » (une source qui rapporte du renseignement) pour les ambassades de certains pays.  Dans les coulisses sécuritaires qui ont entrainé la parole de Abdelmadjid Tebboune sur ce territoire profanatoire une urgence opérationnelle, celle de trouver un justificatif mastodonte à l’incarcération du directeur de Casbah Tribune, présentateur du CPP de Radio M, correspond de presse étrangère, et correspondant de Reporter Sans Frontière. Il s’en est induit une dérive persistante. Amplifiée par le « Doubab » (trolls professionnels pro-pouvoir)  qui travaille à faire passer la détention du journaliste reporter du Hirak pour une sorte de protection de la sécurité de l’Etat algérien, menacé par les informations qu’il rapporterait. Ce qui a été au départ un affligeant dérapage dans la communication présidentielle, cherche aujourd’hui à muter en véritable dossier à charge. Le procédé se développe de manière insupportablement suspecte. Le juge d’instruction qui a accepté de séparer le sort de Khaled Drareni de celui de ses deux co-inculpés n’a ajouté, jeudi 02 juillet, aucune nouvelle charge dans son dossier d’accusation. Il n’existe toujours absolument rien pour fonder l’allusion d’intelligence avec des parties extérieures suggérée par la parole présidentielle. La campagne calomnieuse distillée contre le journaliste Drareni amène inévitablement à se poser la vraie question sur ce thème : « qui cherche en Algérie à détourner le regard des véritables sources d’intelligence avec l’extérieur ? ».  Ce blog, n’a pas pour unique ambition de défendre Khaled Drareni et son honneur.  Son aura professionnelle et sa rigueur morale peuvent l’en dispenser. Il a pour but d’alerter sur l’émergence d’une tendance  préoccupante : avec le délitement de l’Etat et son naufrage dans la délinquance d’affaires, puis la guerre de pouvoir que se livrent depuis plusieurs années différents clans pour le contrôle de l’ANP, l’intelligence extérieure dispose  plus que jamais auparavant de sources internes au pouvoir pour se renseigner sur son évolution et ajuster ses décisions en conséquence. Le système algérien en crise  fait de plus en plus fuiter des informations confidentielles d’entre ses murs et produit des informateurs potentiels dans ses rangs en mode accéléré depuis des années. Qui peut encore le cacher ?  Sans doute pas l’illusoire contre feu de la campagne infamante contre l’un des symboles les plus puissants de la droiture journalistique en Algérie.

Ce que cherchent à savoir les étrangers

Trois catégories de renseignements intéressent en priorité les réseaux d’intelligence étrangers dans le cas de l’Algérie.  Cette catégorisation est recoupée – d’après mon parcours professionnel de 36 ans – à la fois par de hauts responsables algériens à la retraite ( ex-chefs du gouvernement,  ministres, généraux, ambassadeurs, etc.…)  et par des universitaires et think tank étrangers. Il s’agit des renseignements sur le pouvoir politique, sur sa stabilité et sur les scénarios de successions,  ensuite des renseignements sur l’armement, la sécurité, et l’évolution des profils de commandements internes à l’ANP, il s’agit enfin des renseignements sur le management du secteur de l’énergie, de Sonatrach en particulier et sur la production des arbitrages dans les grands contrats d’équipement publics.

La collecte de ces renseignements évolue partout dans le monde. Elle est essentiellement électronique depuis quelques années mais demeure encore humanisée notamment lorsque les sources de première information sont facilement identifiées et présentent des points de fragilité. L’intelligence dépend également de la qualité de l’analyse des données recueillies. Ainsi par exemple le géant pétrolier BP ne s’est pas contenté des rapports des services britanniques pour prendre sa décision de poursuivre ses négociations ou pas avec Sonatrach autour du méga-contrat d’investissement en partage de production à In Salah, finalement signé le 24 décembre 1995. BP a écouté des universitaires spécialistes de l’Algérie, dont un en particulier qui a réussit à convaincre la compagnie que l’Etat-FLN n’allait pas s’effondrer face à l’insurrection islamiste. En 2009, Control Risk une des agences connues d’intelligence économiques, cherchait à savoir pour ses clients quel était le scénario de succession à la tête de Sonatrach et du secteur de l’énergie, si Chakib Khelil visait par une enquête du DRS devait céder la place. Les sources les plus fiables sont , dans ce cas là, à l’intérieur du système de pouvoir. Mais elles n’ont, à priori, aucune raison de livrer des renseignements – ou même des pronostics- à des agences d’intelligence économique. Les choses se présentent tout à fait autrement lorsque l’accès à la source est facilitée par la défaillance de la partie algérienne : séjour et secret médicaux, évasion fiscale, acquisition de biens, vie privée cachée. Tout ce qui, d’illicite ou de non protégé, se déroulant sur le territoire des puissances étrangères en quête de renseignements est une porte d’entrée pour la naissance d’une source pour les services en charge de lire l’Algérie, d’anticiper ses décisions, de protéger ou d’étendre leurs intérêts dans ce pays.  Lorsque les défaillances sont la signature du sommet de l’Etat Algérien, la partie est alors perdue d’avance.   

L’aléa moral du Val de Grace

La DGSE française a sans doute été le service le mieux informé au monde de l’évolution de l’état du président Bouteflika après ses deux accidents de santé de décembre 2005 et d’avril 2013. De même qu’il était, sans doute, le premier à connaître la décision du clan  Bouteflika de briguer un 4e mandat présidentiel pour le président sortant durant son séjour de convalescence aux Invalides en juin 2013.  

Le choix de Abdelaziz Bouteflika de se soigner dans l’urgence en France a crée un aléa moral qui a court-circuité tout le dispositif de protection du renseignement sur le fonctionnement du pouvoir algérien. L’acquisition du renseignement n’a pas toujours besoin d’informateur, elle peut avoir accès à des sources premières passives et consentantes. C’est ce que sont devenus les Bouteflika en s’installant en France pour les séquences maladies et en y conduisant les délibérations sur le sort politique du pays. Abdelmalek Sellal premier ministre et Ahmed Gaïd Salah chef d’Etat major, deux artisans du 4e mandat (puis du projet du 5) ont participé sur le sol français à ces délibérations. Leur confidentialité ne pouvait pas être garanties. Ils sont passés outre.

Il est possible d’affirmer aujourd’hui que pour la première catégorie de renseignement, celle qui a trait au secret du pouvoir politique en Algérie, elle devait depuis 2006  être sous-traitée aux français. « Qui va succéder à Brejnev ? » était une question clé de l’espionnage occidental en Union Soviétique au début des années 80. Elle ressemblait à un livre ouvert à Paris dans le cas de Bouteflika.

Le système de pouvoir algérien s’est  exposé de lui même à la décote dans les réseaux d’intelligence. Toute la trajectoire qu’il va suivre depuis, correspond à une accélération du délitement qui offre des accès à des sources en situation défaillante.

Amar Saidani, président de l’Assemblée nationale, troisième personnage de l’Etat et secrétaire général du FLN en est l’archétype, toujours dans cette catégorie du pouvoir politique : résident en France et détenteur de biens immobiliers dont le financement de l’achat est suspect. Les possibilités pour les services étrangers de se mettre en position de lire et d’influencer le cœur du système (premier ministres, ministres de souveraineté, directeurs de cabinets) n’ont jamais été aussi larges que durant ces 15 dernières années notamment à travers l’aléa moral du Val de Grace. La fouille corporelle, subie en octobre 2015, à Orly par un ministre de la communication en exercice, Hamid Grine, illustre combien le traitement de la « matière » officielle algérienne par les français s’était aligné sur sa réputation affairiste.

Des sources potentielles plein la nature

Le second gisement de la quête du renseignement, celui de l’ANP et du sécuritaire, était supposé être mieux sanctuarisé en Algérie. Il est devenu une mine à ciel ouvert en quelques années.  Si le premier séjour de Bouteflika au Val de Grace en 2005-2006 a profané la sacralité du territoire confidentiel du sommet de l’Etat, la guerre larvée d’abord puis ouverte – depuis Tiguentourine en janvier 2013 –  entre le chef de l’Etat major et le patron du DRS a ouvert une voie d’eau béante dans la cuirasse de la confidentialité enveloppant la vie interne de l’armée. Les purges qui ont d’abord visé les proches du général Toufik, puis la demi-douzaine de généraux capables de s’opposer aux ambitions personnelles de Ahmed Gaïd Salah, dépositaire de la présidence à vie de Abdelaziz Bouteflika, se sont poursuivies après la disparition brutale de l’homme fort du pays le 23 décembre 2019. Leur dévastation est spectaculaire. Tous les hauts gradés ciblés – pour de vrais ou de faux chefs d’accusation, là n’est pas le propos – ne sont pas dans la prison militaire de Blida.

Une multitude de personnes ressources qui ont occupé de hautes fonctions sécuritaires, ou des postes sensibles, courent la nature, dans les pays du Khalij et en Europe.  Le général  Belksir qui, de la gendarmerie nationale, a conduit la répression « judiciaire » des oligarques et du Hirak sous les ordres de Gaïd Salah est en fuite. Le chef de la 4e région militaire Cherif Abderezak, s’est refugié en France après des soins. L’aide de camp personnel du défunt chef d’Etat major,  l’adjudant-chef Ghermit Benouira a été exfiltré vers les Emirats Arabes unis et détiendrait une partie des dossiers sensibles réunis par son chef.

Le front de cette guerre a rattrapé un puissant chef militaire à la retraite depuis janvier 1994, le général Khaled Nezzar dont la capacité de nuisance contre ses pourfendeurs  se mesure régulièrement depuis des mois. L’étalage du patrimoine de la famille du chef d’Etat Major à Annaba, alors qu’il était toujours dans ses fonctions en est un des échantillons. La guerre entre état major et services, puis à l’intérieur de la hiérarchie de l’ANP, puis le processus de reprise en main des commandes après la mort de Ahmed Gaïd Salah a produit un démantèlement ruineux des règles de confidentialité entourant habituellement le fonctionnement d’une armée, en particulier d’une armée impliquée aussi lourdement dans la décision politique de son pays.

L’approche des services d’intelligence étrangers en Algérie a été totalement « démocratisée » par l’étalage d’informations filtrant de la guerre interne que se livre les protagonistes de l’ère Bouteflika finissante et de ses ondes destructives qui se poursuivent jusqu’à nos jours. Les sources algériennes qui courent la nature dans le monde ne deviennent pas automatiquement des informateurs. La grande majorité de celles qui ont été citées ici sont des patriotes qui défendront leur rang et leur honneur. Les plus affaiblis et les plus corrompus, comme le sont Chakib Khelil ou Abdeslam Bouchouareb, peuvent éventuellement céder à des traitements pressants. Mais l’évolution du renseignement dans le monde rend, le plus souvent, inutile de débriefer de telles sources. Leur position de traqués par le clan dominant qui a pris le dessus au ministère de la défense nationale (MDN)  a élargi une faille présente dans le système autoritaire algérien. De cette faille  s’échappent à grand débit, depuis des années,  des informations stratégiques ou opérationnelles qui sont en train de transformer le pays en livre ouvert pour les services étrangers.  

Le secret est toujours mieux gardé dans les organisations homogènes. Les guerres endogènes offrent à l’extérieur un accès direct à l’information que l’on veut protéger. Ne jamais oublier que l’OS – le bras armé secret du PPA-MTLD – a été démantelé en 1950 parce qu’un militant de Tebessa, Khiari, échappant à une expédition punitive d’activistes de l’organisation, s’est refugié chez la police coloniale pour sauver sa vie.   

La cyber-dissidence dz partie visible de l’Iceberg

Un indicateur de cette tendance au délitement de l’Etat et de ses démembrements nous est bien sur restitué par l’émergence des youtubers cyber-dissidents, lanceurs d’alerte ou influenceurs politiques. Tout ce qui transite par ces acteurs nouveaux de l’information n’est pas nécessairement corroboré. Il ne s’agit pas, beaucoup s’en faut, des standards de la presse de qualité.

Dans le cas de Amir DZ, les atteintes fréquentes aux vies privées des personnes incriminées nous éloignent des codes éthiques du lancement d’alertes. L’essentiel est pourtant ailleurs. Parmi les sources régulières des ces chaines Youtube, de plus en plus de personnes en fonction dans les rouages de l’Etat et l’armée.  Saïd Bensdira à Londres ou de Hicham Aboud à Paris ou Madrid, pour ne citer que les deux cyber-dissidents les moins inattentifs aux règles du métier du journalisme, protègent bien sur leurs sources, mais admettent que leurs informations viennent de l’intérieur d’institutions de l’Etat.

Des informateurs anonymes qui ne parlent pas avec les médias à Alger. Les fuites orientées sont devenues une arme dans le dispositif de la guerre interne au système.  Celles qui parviennent au public via les cyber-dissidents youtubers ou par diffusion anonyme sur les réseaux sociaux ne sont que la partie visible de l’Iceberg. L’intelligence extérieure peut facilement accéder à la partie immergée de l’Iceberg, sans bouder les informations à disposition dans celle qui dépasse la surface de l’eau.

Derrière la fuite, début juillet 2019, de propos secrètement enregistrés de Gaïd Salah parlant négativement  du Hirak devant des hauts gradés, déboule l’hypothèse que d’autres extraits, intéressants d’autres publics peuvent être disponibles . De même pour la conversation entre Ali Haddad et Abdelmalek Sellal dans la semaine consécutive au 22 février. Les fuites sont à double tranchant. Elles peuvent dégrader l’image de celui qui en est la victime directe. Elles renseignent presque tout autant sur la source qui les a organisées. Ainsi par exemple de l’arrestation en novembre 2019 de  l’homme d’affaires Omar Alilat présenté instantanément par Ennahar Tv comme un pilier de la campagne électorale du candidat Abdelmadjid Tebboune. Une communication inspirée par la DSI du général Wassini Bouazza, peu convaincu du choix du chef d’Etat major de faire de  l’ancien premier ministre de Bouteflika le nouveau président de l’Algérie.

Finalement, les « fuites »  ont ouvert ces dernières années, un robinet de la data de premier choix aux compilateurs étrangers de base d’informations confidentielles en Algérie. Elles ont rendu plus lisible et donc plus influençable la décision politique algérienne interne autant qu’externe. Saïd Bensedira a diffusé  des semaines auparavant l’agenda prévisionnel de la chute du général Wassini Bouazza, directeur de la sécurité intérieure au MDN.  Il a commenté dans le détail, ce mois de juin 2020, le dossier judiciaire de l’affaire de Kamel Chikihi  (El bouchi) dont il a reçu une copie complète avec les PV d’audition, reçus indirectement, selon lui,  de chez le général Belksir ex-commandant en chef de la gendarmerie, aujourd’hui en fuite. Ce sont là des informations qui pouvaient, dans le monde d’avant, faire travailler des réseaux d’intelligence extérieurs pendant des mois. Aujourd’hui elles sont, lorsqu’on sait les authentifier, libre d’accès.  

Les « espions » classiques étaient déclassés depuis quelques années par la surveillance électronique et le traitement digital de la data. Ils le sont encore plus lorsque les gisements de renseignements ciblés sont ouverts dans le chaos provoqué par leurs propres gardiens.

Algérie- Maroc,  télécommunications et big data

L’intelligence extérieure avance à grande allure et les Etats n’ont aucun scrupule pour tester les outils d’espionnage d’abord dans la surveillance de leur propres citoyens comme l’illustre la sinistre cabale subie par le journaliste marocain indépendant Omar Radi, invité de Radio M à Alger en décembre dernier, grand reporter du Hirak Rifain, comme Khaled Drareni l’a été du Hirak de son pays.

Les régimes autoritaires sont finalement des frères siamois. Ils ne supportent pas la transparence du travail journalistique et son indépendance. L’utilisation de la solution israélienne Pegasus par les sécuritaires marocains sur le téléphone de Omar Radi, situe les enjeux de l’espionnage aujourd’hui. Ils sont d’abord technologiques. Et sur ce terrain, la campagne qui a ciblé Khaled Drareni ne sert pas seulement à détourner le regard de la mise à mal du domaine confidentiel de l’Etat Algérien ces dernières années. Elle tente aussi de créer un angle mort, laissant entendre que l’intelligence extérieure passe par l’humain et ne concerne que les occidentaux. L’ascendant  chinois sur le marché des équipements (Huawei, ZTE,) de cœur de réseau de télécommunications en Algérie suggère une autre faille béante dans la cuirasse algérienne de la protection des communications.

Les délibérations sur les grands marchés publics concernent particulièrement les entreprises chinoises. De même que les GAFAM américains détiennent dans la compilation du big data algérien non sécurisé, largement de quoi donner des positions de forces aux services d’intelligence de leur pays, lorsque ces entreprises viendraient à concéder à leurs règles supposées d’or de la confidentialité de la data recueillie.   

En défense de Khaled Drareni

Khaled Drareni incarne la génération d’Algériens qui porte le mouvement populaire du 22 février. Jeune, polyglotte, algérois curieux du terroir, ouvert sur le monde, brillant journaliste en particulier des médias audiovisuels, sourcilleux sur le respect des règles de son métier, critique à l’égard des puissants, attentif à son indépendance et à sa marge de manœuvre professionnelle.

Il rêve d’exercer son métier dans les standards des rédactions des grands médias de pays libres. Il incarne surtout l’antidote même d’un système fermé qui laisse échapper des informations sensibles, dégât collatéral d’une crise interne jamais assainie depuis la bataille Bouteflika-Benflis de 2004.  Khaled Drareni travaille dans la lumière. Il couvre les activités dans l’espace public et les diffuse en direct, anime des émissions de plateaux et commente l’actualité sans filet.  

Ce modèle de l’information ouverte est antithétique de celui de l’intelligence en quête de la donnée confidentielle. Il rend ordinaire et accessible ce qui doit être connu par les citoyens pour qu’ils se construisent une opinion sur la conduite des affaires de leur pays. Il réduit ainsi le territoire du renseignement à ce que l’Etat a besoin de conserver d’essentiel dans ses secrets, le rendant plus sanctuarisé. Un facebook live du départ de la marche des étudiants le mardi à la Place des martyrs  d’Alger n’est pas du renseignement. C’est de l’information. Dans un pays ou ce geste de journaliste est impossible, exemple sur la place Tianenmen à Pékin, ces images deviendront du renseignement aux yeux du pouvoir local, mais aussi pour les étrangers qui les auront obtenu de manière exclusive.

Pour avoir échangé à chaque fois avec Khaled après ses quatre passages (trois convocations et une interpellation) à la caserne Antar de la DSI, il a toujours été question de pressions sur lui pour cesser de couvrir le Hirak. L’enjeu est là et nulle part ailleurs. Ses interviews d’ambassadeurs ou avec des officiels étrangers de haut rang de passage à Alger n’ont jamais intrigué les services avant sa couverture soutenue des marches populaires depuis le 22 février 2019.  

Le président Tebboune a été induit en erreur au sujet de Khaled Drareni. Il n’ y a aucune honte à admettre cette erreur. Le staff de la DSI qui a monté cette cabale est aujourd’hui en prison pour complot avec à sa tête le général Wassini Bouazza. L’opinion ne peut pas se faire une idée du bien fondé de ces accusations portée par la nouvelle direction de l’ANP en accord avec la présidence.

Mais une chose est certaine. Il y’avait bien une campagne indigne pour faire cesser à Khaled Drareni sa couverture journalistique du Hirak. Une campagne qui a distillé, durant de trop longs mois, l’infamant soupçon d’intelligence avec des parties extérieures. Sans jamais l’étayer d’aucune pièce.  Cette méprise doit cesser. Khaled Drareni n’aurait jamais du aller en prison. Il aurait du, au pire, retrouver la liberté jeudi dernier en même temps que ces co-inculpés.

Abdelmadjid Tebboune faisant l’éloge de Emmanuel Macron ; rappelait ce 04 juillet que le président français s’était prononcé sur la période coloniale comme étant « un crime comme l’humanité ». Il ne pouvait pas ignorer que Macron l’a fait dans une interview avec Khaled Drareni pour Echourouk-news le 15 février 2015 lors de son passage à Alger.

Nous étions tous fiers de l’audace et de l’aplomb du journaliste algérien amenant le candidat favori aux présidentielles françaises à prendre le risque d’une telle déclaration.  Il y avait déjà quelque chose de l’esprit du Hirak dans ce moment d’Histoire. Khaled Drareni est talentueux et travailleur. Il peut faire une grande carrière à l’international. Il a choisi de construire son pays. Dans ce qu’il sait faire, les médias.

Au fond son tort est d’incarner tranquillement et à son corps défendant, la belle promesse populaire du changement du 22 février 2019. Ceci aussi n’est pas écrit dans son rachitique dossier d’accusation.  

Facebook
Twitter