Après deux semaines d’âpres négociations, les délégations participantes à la COP21 sont parvenues samedi à un accord qualifié d’’’historique’’ et salué par tous pour la réduction des gaz à effet de serre (GES), et les ramener à -1% d’avant le début de l’industrialisation. Les ONG et des pays du Sud restent sceptiques.
C’est avec 24 heures de retard que la COP21 a été clôturée, pour donner une chance à un accord historique pour la réduction des GES, le point d’achoppement des négociations se cristallisait au tour de la contribution financière pour aider les pays en développement à changer pratiquement de modèle de consommation énergétique. Pour passer pour beaucoup du charbon et du bois de chauffage à l’éolien ou le solaire.
En fait, c’est depuis le 30 novembre que les négociateurs de 195 pays discutaient les termes du tout premier accord ‘’universel et contraignant’’ sur le climat. Après deux semaines de négociations, souvent difficiles, elles ont validé la mouture finale lors d’une nouvelle séance plénière samedi en fin d’après-midi, qui n’a pas fait l’objet d’un vote, le consensus étant requis dans le cadre de la Convention climat de l’ONU.
Accord historique
Le projet d’accord « juste » et « durable » avait été présenté samedi matin par Laurent Fabius, président de la COP21. Il a pour objectif de contenir le réchauffement « bien en deçà de 2°C » et appelle à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5° », par rapport à l’ère préindustrielle. Un objectif plus ambitieux que les 2°C visés jusqu’à présent, et qui était souhaité ardemment par les pays les plus vulnérables, en particulier les insulaires. Sur 195 pays, 186 ont annoncé des mesures pour limiter ou réduire leurs émissions de GES à horizon 2025/2030. Mais même si elles étaient respectées, la hausse du mercure serait ramenée à environ 3°C. Pour atteindre l’objectif « bien en-deçà de 2°C », le texte propose « un pic des émissions de GES le plus tôt possible » et « d’entreprendre des réductions rapides ensuite, afin de parvenir à un équilibre entre émissions » dues aux activités humaines et celles « absorbées par les puits de carbone durant la seconde moitié du siècle », une référence possible aux forêts mais aussi à la technique du captage et stockage du CO2. Le texte évite le terme de « neutralité carbone » auquel s’opposaient des grands producteurs mondiaux d’énergies fossiles comme l’Arabie saoudite ou l’Inde.
Par ailleurs, un des dispositifs clé de l’accord est la mise en place d’un mécanisme de révision des engagements nationaux qui restent volontaires. Elle devra avoir lieu tous les cinq ans et chacune « représentera une progression » par rapport à la précédente. Une première discussion sur les actions prises et à prendre est néanmoins prévue en 2018, les pays étant alors seulement invités en 2020 à revoir leurs contributions.
L’aide aux pays en développement pour faire face au réchauffement, qui doit atteindre 100 milliards de dollars annuels en 2020, devra être « un plancher », appelé à être revu à la hausse, selon le projet. Il s’agit là d’une exigence de longue date des pays du Sud
Ce pacte doit permettre de réorienter l’économie mondiale vers un modèle à bas carbone. Une telle révolution implique un abandon progressif des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui dominent largement la production énergétique mondiale, un essor des énergies renouvelables, des économies d’énergies ou encore une protection accrue des forêts.
Les réserves de Greenpeace
Mais, des délégations de pays du Sud, dont le Nicaragua, ont manifesté leur irritation vis à vis du texte final, qui ne prend pas en considération les exigences économiques de ces pays, les plus vulnérables au réchauffement climatique. En Amérique Latine comme en Afrique et en Asie, les économies locales sont basées sur l’agriculture, et donc la production de produits agricoles et vivriers est beaucoup plus dépendante des changements climatiques. Pour le représentant du Nicaragua, le texte final ne donne aucune solution à cette problématique du changement climatique pour les pays fortement dépendants de la production agricole. Des ONG’istes rassemblés à Paris ont, quant à eux, montré leur déception devant cet accord, qui ‘’ne fait pas assez’’ pour la planète. ‘’Et dire que cela fait 21 ans qu’ils discutent, sans arriver à une solution définitive’’ pour réduire les GES, déplore un membre d’une ONG.
‘’Cet accord ne contient pas assez de mesures pour les pays et peuples qui sont aux avant-gardes du changement climatique. Cela constitue une injustice inhérente et profonde’’, affirme Greenpeace dans un communiqué publié juste après l’annonce de l’accord final. Pour la plus célèbres des ONG de défense de l(‘environnement, ‘’les pays qui sont à l’origine du changement climatique n’ont pas promis assez aux populations qui perdent déjà leurs moyens de subsistance – voire leurs vies. Cet accord seul ne nous sortira de l’impasse dans laquelle nous sommes, mais il peut nous aider à trouver le chemin.’’ Auparavant, l’ONG a indiqué que ‘’ de nombreux points ont été dilués et pollués par ceux qui dépouillent notre planète, mais il contient une nouvelle limite impérative de hausse des températures à 1.5°C. Ce chiffre, ainsi que l’objectif de zéro émissions d’ici à la deuxième moitié du 21e siècle, va causer bien des émois dans les sièges sociaux des compagnies pétrolières (…)’’. La COP 22 est prévue à l’automne 2016 à Marrakech, au Maroc.