Le chiffre est sans appel : 12%. C’est le taux actuel des échanges commerciaux intra-africains, un pourcentage qui contraste brutalement avec les performances d’autres continents. L’Europe réalise 72% de ses exportations en interne, l’Asie 58%, tandis que l’Afrique stagne à un faible chiffre.
Cette réalité statistique devient le point de départ d’une transformation ambitieuse, illustrée par le forum économique algéro-sud-africain qui s’est tenu jeudi à Alger. Pour l’Algérie et l’Afrique du Sud, la situation est encore plus critique : leurs échanges commerciaux bilatéraux ne dépassent pas 2% de leur commerce total, un chiffre qui souligne l’immense potentiel inexploité.
La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) se présente comme la réponse structurelle à ce diagnostic. Réunissant plus de 300 opérateurs économiques, le forum a défini des axes stratégiques précis : développer les échanges dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’industrie automobile, la production pharmaceutique, les énergies renouvelables et les technologies de l’information.
Les projections économiques pour 2025 sont encourageantes, selon la même source. La ZLECAf devrait stimuler le commerce intra-africain de 52,3%, augmentant le revenu de l’Afrique jusqu’à 450 milliards de dollars d’ici 2035. Une étude menée par Mohamed Yazid Boumghar, Maître de Recherche au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (CREAD), et publiée en juin 2020, identifie un potentiel d’exportation non exploité de 303 millions d’euros de l’Algérie vers le Continent africain.
Concrètement, les deux pays ont arrêté plusieurs initiatives : une exposition des produits algériens à Johannesburg en 2025, la participation à des foires internationales, et l’organisation d’une deuxième édition du forum économique à Johannesburg l’an prochain.
L’enjeu dépasse la simple croissance commerciale. Il s’agit de construire une nouvelle architecture économique continentale, capable de réduire la dépendance aux marchés extérieurs et de créer une valeur ajoutée interne. La ZLECAf vise ainsi à éliminer les droits de douane sur 90% des marchandises, à faciliter la circulation des capitaux et à favoriser l’émergence de chaînes de valeur régionales.
L.N