La Chine et l’Algérie ont franchi un pas important dans leurs relations bilatérales en février dernier, en établissant un «partenariat stratégique global» entre les deux pays à l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’établissement des relations entre Alger et Pékin.
Cette étape majeure dans les relations sino-algérienne a été peu médiatisée, car intervenant au lendemain de l’annonce de Abdelaziz Bouteflika de son intention de briguer un quatrième mandat présidentiel. Pourtant l’Algérie est le premier pays arabe à avoir établi ce type de partenariat, qui cadre avec la politique de la Chine visant à développer une coopération globale avec l’Algérie et à renforcer la coopération stratégique bilatérale.
Ce partenariat vise, selon un communiqué commun, à intensifier le dialogue politique à tous les niveaux, la programmation et l’évaluation de la coopération bilatérale dans tous les domaines, et le renforcement de la coopération dans les domaines économique, scientifique, technologique, militaire et sécuritaire, outre le domaine spatial et « l’élargissement du rapprochement culturel et social entre les deux peuples pour répondre à leurs aspirations et servir les intérêts des deux pays ».
L’Algérie est vue du côté de la Chine comme un important partenaire régional tant au niveau politique qu’économique. La Chine attache une grande importance aux relations avec l’Algérie et se dit «prête à travailler avec la partie algérienne pour pousser constamment vers l’avant ce partenariat stratégique global » qui est un symbole de l’ambition chinoise de rehausser le niveau des relations de coopération avec l’Afrique et les pays arabes.
Les relations diplomatiques entre les deux pays sont vieilles de 55 ans avec la reconnaissance officielle de la Chine du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1958. S’ensuit alors une relation d’amitié symbolisée par la contribution de l’Algérie en 1971, alors leader du Mouvement des pays non-alignés, à la reprise de la Chine de son siège à l’ONU.
Essor depuis l’avènement de Bouteflika
Mais c’est dans les années 2000 que les relations bilatérales ont pris une ampleur considérable, notamment dans le domaine économique et commercial, avec une expansion sans précédent des échanges.
Les deux pays ont donné, dès 2004, un caractère stratégique à cette relation, pour donner naissance, 10 ans plus tard au « Partenariat stratégique global».
Les statistiques officielles du CNIS illustrent bien cette tendance. Elles montrent que la France a perdu sa position de principal fournisseur de l’Algérie au profit de la Chine en 2013. Cette tendance est confirmée durant les trois premiers mois de l’année 2014, où la Chine est devenue le plus grand fournisseur de biens à l’Algérie, selon les douanes algériennes. La Chine a exporté pour une valeur 1,87 milliards de dollars de marchandises au cours de cette période, suivie de la France (1,67 mds), de l’Italie (1,26 mds), l’Espagne (1,21 mds) et de l’Allemagne avec 810 millions de dollars.
Elle a exporté essentiellement des véhicules (industriels et touristiques), de l’équipement électrique et électronique, des textiles et des vêtements, tandis que les hydrocarbures constituent l’essentiel des exportations algériennes vers la Chine.
L’Algérie est aussi le premier partenaire commercial de la Chine et le plus grand marché d’exportation dans la région du Maghreb : Le commerce de la Chine avec l’Algérie représente plus de 40 % du total de ses échanges avec les pays du Maghreb, estimés à près de 21 milliards de dollars.
14 milliards de dollars d’investissements et de contrats en 8 ans
Bien que le commerce bilatéral a connu une augmentation significative, passant de seulement 600 millions de dollars en 2003 à près de 10 milliards de dollars en 2013, la coopération ne s’est pas limitée au commerce. Selon des chiffres rapportés par l’agence Xinhua, les entreprises chinoises ont également investi plus de 20 milliards de dollars dans divers secteurs, incluant la construction et les travaux publics. Une enquête du think-tank américain, Heritage Foundation estime qu’entre 2005 et fin 2013, les investissements (y compris les contrats de construction) de la Chine en Algérie ont atteint 14 milliards de dollars, faisant de l’Algérie l’un des 15 premiers marchés mondiaux pour les entrepreneurs chinois et le deuxième en Afrique, après le Nigéria.
C’est dans le secteur de la construction que la présence chinoise est visible, notamment à travers les divers projets d’infrastructures lancés dans les années 2000, comme l’Autoroute Est-Ouest, le nouveau siège du ministère des affaires étrangères, les projets de logement et la Grande Mosquée d’Alger.
Ces développements significatifs de la présence chinoise dans l’économie algérienne donnent des indications sur la trajectoire future des relations Algérie-Chine, que doit piloter le nouveau partenariat stratégique global qui lie les deux pays.