[Contribution] - L'Algérie et la problématique de la perte de souveraineté nationale - Maghreb Emergent

[Contribution] – L’Algérie et la problématique de la perte de souveraineté nationale

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La souveraineté nationale en ce XXIème siècle ne saurait s’assimiler à l’indépendance politique d’un territoire. La dépendance économique engendre forcément une perte de l’indépendance politique. C’est pourquoi la déclaration des 19-4 est fortement biaisée ne proposant aucune solution réaliste opérationnelle pour le redressement économique national. Au contraire, s’enfermant dans une idéologie dépassée, (excepté la Corée du Nord), leurs propositions économiques ne feront que renforcer la dépendance économique et donc la perte de souveraineté nationale.

Que proposent-ils en demandant audience au Président de la République, demande fortement médiatisée du fait du vide politique, et ne voile t- elle pas un objectif politique pour infléchir la politique économique pour des raisons idéologiques propres au Parti des travailleurs, porte parole, du Tout Etat,(moins de 1% de voix par rapport aux inscrits lors des dernières élections législatives) de l’utilisation de ce vieux slogan démodé auquel personne ne croit, l’impérialisme cause de tout nos maux ?

1. Tous les Algériennes et Algériens aiment leurs pays. Personne ne peut taxer de voleurs, (il faut des preuves), le secteur privé national qui crée des emplois et de la richesse et jeter des amalgames sur le privé international; comme il ne faut pas culpabiliser les managers du secteur d’Etat qui recèlent des compétences avérées. Que représentent celles et ceux qui crient au bradage taxent d’antinationalistes ceux qui ne partagent pas leurs point de vue, voulant donner des leçons de patriotisme pour protéger souvent des intérêts de rente où pour imposer à la population algérienne une idéologie largement dépassée. Ces personnes sont respectables comme la majorité de celles et ceux qui ont participé à la guerre de libération nationale ou exercés des fonctions de responsabilité. Quelles forces sociales représentent-ils et qui les a mandatés pour représenter la conscience collective, rarement reçus individuellement dans tous les pays démocratiques ?L’Etat stalinien (pas le socialisme humaniste que décrivait Karl Marx) étant mort à jamais comme le montre les fondateurs de cette idéologie, la Chine et la Russie qui vont vers une économie de marché concurrentielle maîtrisée et humanisée. La tolérance des idées d’autrui et la confrontation d’idées productives tenant compte de nos différentes sensibilités est la seule voie en ces moments difficiles. L’Algérie a besoin de rassembler tous ses enfants sans exclusive et non de diviser. Le véritable nationalisme en ce XXIème siècle, ère de la mondialisation qui est une dure réalité, où toute Nation qui n’avance pas recule est de contribuer à la création de la valeur ajoutée interne, de réaliser cette difficulté transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales et de concilier l’efficacité économique avec une très profonde justice sociale ce qui ne saurait signifier égalitarisme source de démotivation et donc de décadence.

2. Pour éviter toute mauvaise interprétation, j’affirme que selon des sources sures, que le droit de préemption qui existe de par le monde, étant un droit légal ou contractuel accordé à des personnes privées ou publiques d’acquérir un bien par priorité à toute autre personne et ce lorsque le propriétaire manifeste sa volonté de le vendre où à défaut de réponse dans un délai, il est réputé avoir renoncé à son droit de préemption et le propriétaire peut alors vendre son bien librement, mais aux mêmes conditions et que si le bénéficiaire décide de préempter, il le fait aux conditions financières demandées par le vendeur, selon nos informations, pour l’Algérie n’est pas remis en cause pour des segments qui engagent la souveraineté nationale. Pourquoi donc le groupe des 15 se focalise donc sur cet aspect et qu’il dise ouvertement le but recherché ? Il faut reconnaître à leurs actifs que certains ministres par des déclarations contradictoires les réconfortent en brisant la confiance Etat-citoyens sans laquelle aucun développement ne peut se réaliser. D’ailleurs l’Algérie est un pays souverain et une simple décision du Conseil des Ministres suffit. La mentalité bureaucratique de certains responsables est de croire qu’il faille faire une Loi pour résoudre les problèmes. Lorsque que les USA ont interdit à certains pays du Golfe d’investir dans les ports, ils ont invoqué la souveraineté nationale des USA sans pondre de Lois. Et les pays qui attirent le plus d’investissement n’ont pas de codes d’investissement. Le blocage en Algérie réside en les dysfonctionnements de la société devant s’attaquer à l’essence du blocage et non aux apparences. Mais peut t-on généraliser cette règle à tous les segments quitte à ce que l’Algérie supporte tous les surcouts contribuant par là à accroitre tant l’endettement intérieur qu’extérieur et donc à une perte de la souveraineté nationale. Avant d’avancer ces affirmations gratuites pour démobiliser la population à des fins politiques , ne reposant aucun fondement scientifiques , que le Ministre de l’Industrie et les auteurs de la lettre livrent le bilan en public du droit de préemption pour Djeezy et récemment pour El Hadjar dont le résultat brut d’exploitation est en nette baisse et ce pour apaiser les tensions inutiles. Car dans tous les pays du monde qui utilisent le droit de préemption, cette décision doit accroître à terme l’efficience économique globale du pays, la sécurité étant indissociable du développement. Car, une Nation qui distribue plus que la création de la valeur est voué à une marginalisation croissante au sien de l’économie mondiale. Le nationalisme ne saurait s’assimiler à une distribution passive de la rente des hydrocarbures en voie d’épuisement. Il en est de même de la règle 49/51% généralisable à tous les segments stratégiques qu’il s’agira de définir avec précision, car historiquement datés, des segments non stratégiques où la minorité de blocage suffirait. Ceux qui taxent d’antinationalistes ceux qui demandent l’assouplissement de cette règle notamment pour le PMI/PME doivent nous donner un bilan de cette règle depuis qu’elle a été instaurée en 2009. Le président de la république et le premier ministre ont besoin qu’un Etat des lieux sans complaisance, objectif leur soit soumis afin de prendre des décisions appropriées, loin de certains discours déconnectés des réalités. Le président de la républiques a-t-il été mis au courant que la majorité des représentants d’ambassades ( Allemagne, Grande Bretagne, France- Suisse, Italie- Espagne , Etats Unis d’Amérique) et des opérateurs étrangers ont affirmé officiellement qu’avec cette règles, excepté les grandes entreprises, les PMI/PME source de croissance, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant ne viendront pas en Algérie ?

3. Je rappelle quelques vérités, dont certains des 19 aujourd’hui 15, qui ont été dans la décision connaissent parfaitement. Ainsi, les importations de biens, à prix courants, selon les statistiques officielles douanières et la Banque d’Algérie, ont été de 39, 27 milliards de dollars en 2009 et 58,330 en 2014. En incluant les services, qui ont représenté en 2014, 11,70 milliards de dollars nous avons avec un total d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars pour 2014. Ce sont les sorties de devises sans les transferts légaux de capitaux dont les transferts courants nets ont été de 3,30 milliards de dollars en 2014. Voilà le résultat de la règle des 49/51%, un accroissement des importations de biens de 48,53% étant alimenté essentiellement par la dépense publique. Encore une mauvaise nouvelle pour l’Algérie, où il est prévu, une baisse prévue de la demande de gaz par l’Europe ( 8% de part de marché contre 12% en 2010 au profit de Gazprom, 30% en 2014 malgré la crise ukrainienne et du Qatar ), sans compter les exportations de GNL des USA très prochainement et l’entrée de l’Iran, ce qui accentuera la pression pour une baisse des prix. Au moment où le cours du Brent est coté dans la matinée du 19 novembre 2015 à 44,26 dollars contre 43 dollars la veille, et le WIT à 41,82 dollars, avec une baisse officielle drastique du dinar par rapport au dollar coté à 107,70 dinars un dollar contre 115,03 un euro (plus de 170 dinars sur le marché parallèle), le problème n’est-il pas avant tout une question de gouvernance ? Où est l’indépendance économique et que proposent les 15 concrètement à l’opinion publique, loin des slogans stériles ? C’est ce qu’attend toute la population algérienne et les patriotes qui ne veulent pas revivre les ajustements structurels de 1994, afin d‘éviter un retour au FMI. Face aux tensions géostratégiques économiques, culturelles, politiques et militaires, qui se dessinent horizon 2015/2030 au niveau de la région africaine et euro-méditerranéenne, l’Algérie, sous réserve d’une stratégie d’adaptation au nouveau monde (sous intégration régionale), d’un Etat de Droit, d’une haute moralité de ses dirigeants liée au renouveau de la gouvernance et d’un Front national solide, peut surmonter ses difficultés. Elle a les potentialités. Personne n’ayant le monopole du nationalisme, d’où l’urgence d’un débat productif contradictoire de toutes les forces politiques, sociales et économiques, tenant compte de la dure réalité mondiale. La déclaration des 19-4 est fortement biaisée ne proposant aucune solution réaliste opérationnelle pour le redressement économique national. Ils ne peuvent imposer à toute la population algérienne leurs idées. Tout responsable politique y comprisle président de la république, privilégiant les intérêts supérieurs de son pays s’adaptent aux nouvelles situations. Au contraire, s’enfermant dans une idéologie dépassée, leurs propositions économiques ne feront que renforcer la dépendance économique et donc la perte de souveraineté nationale.

*Professeur des Universités, Expert International
ademmebtoul@gmail.com

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