M A G H R E B

E M E R G E N T

Idées

Contribution: Le bradage des terres agricoles menace la nourriture des générations futures

Par Maghreb Émergent
mai 2, 2018
Contribution: Le bradage des terres agricoles menace la nourriture des générations futures

 

C’est incroyable ce qui se passe chez nous, le bardage des terres agricoles est devenu « monnaie courante ». A chaque fois que l’on se trouve dans le besoin du foncier pour y implanter des projets industriels ou d’urbanisme, on  « se rabat » sur les terres agricoles, une proie facile bien que leur protection soit consacrée par la réglementation algérienne.

La constitution dans son article 19 stipule que l’état protège les ressources naturelles dont les terres agricoles et l’eau en les préservant pour les générations futures. Avant c’était au tour de la lois de l’orientation agricole promulguée en 2016 de consacrer également la protection des terres agricoles et l’interdiction de les détourner de leur vocation d’origine. Le déclassement des terres agricoles est certes conforme à la législation (qui se fait par arrêté interministériel) mais ne renforce aucunement l’idée de faire de l’agriculture une alternative aux hydrocarbures, la situation exige le renforcement du secteur avec tous les moyens en notre possession pour connaitre, un jour, l’essor recherché.                                                                               

Une fausse idée tente de nous faire admettre que le déclassement des terres agricoles ne concerne que les terres non productives et souvent non exploitées. Comment peut-on dire qu’elles sont improductives si elles n’étaient pas exploitées ? Pourquoi dans ce cas elles ont été alors classées comme  terrains agricoles ?                              

Quelque soit la nature de ces terres non ou peu productives, elles sont meilleures que les terrains du sud qu’on « force » à produire en dépit de leur pauvreté en élément nutritifs, par des dépenses exorbitantes !                                                                          

Aucune raison ne peut justifier de telles décisions, Comment l’agriculture peut être une alternative aux hydrocarbures alors qu’on la prive du facteur le plus important et plus déterminant pour produire ?

On se retrouve donc dans le besoin de consacrer beaucoup d’efforts à l’extension de la surface agricole utile (SAU) afin de produire plus pour satisfaire les besoins alimentaires  de la population qui ne cesse de s’accroitre, alors qu’on assiste à leur rétrécissement permanent avec la complicité de tout le monde ! 

De vastes superficies territoriales qui s’étendent sur 238 millions d’hectares, on ne vise que les 8.5 millions hectares de la surface agricole utile (SAU) ! Cela peut s’expliquer peut être par le fait que les terres agricoles sont faciles à aménager et ne nécessitent pas de gros œuvres dont des dépenses beaucoup moins ! C’est aberrant et incompréhensible !                                                                  

L’affaire récente de l’agriculteur d’Oran qui se voit confisquer la terre agricole qu’il exploite en vu d’y implanter un projet industriel est éloquente. Des terres productrices de céréale et de surcroit du blé tendre sont menacées de bétonnage !

Le blé tendre est importé chaque année par l’Algérie à coup de milliards de dollars et son manque se fait sentir. Pour avoir une idée de ce marché ; l’on produit 5 millions de quintaux par an en Algérie et on en importe 60 millions ! ce qui représente plus de 10 fois la production !

Dans ce contexte, comment comprendre cette décision de transformer cette terre agricole fertile en une zone industrielle ? le choix ne peut en aucun cas être posé a moins que le projet produise de l’or en barres !

Combien d’hectares de terres agricoles ont été agressés sans pour autant que l’opinion publique n’en prenne connaissance ? C’est aberrant et incompréhensible que l’on brade des terres agricoles sans que personne ne lève le petit doigt !                                                

Selon un cadre du Ministère de l’agriculture il s’agit de 200 000 hectares qui sont concerné par ce phénomène mais je suppose que le nombre et beaucoup plus important, des villes entières et de nombreuses zones industrielles ont été érigées sur des terres agricoles, parfois même très fertiles !

Il est temps que ces pratiques malsaines cessent, il est indispensable de protéger et de préserver les terres agricoles, il est également impératif  à travailler d’arrache pieds pour arriver à l’extension de ces terres a fin de pouvoir assurer la nourriture des générations futures.                                                                  

Les terres agricoles sont le capital essentiel de la nation dont la protection concerne la société toute entière !

 

* expert consultant en agriculture 

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Idées

« Ihsane, privé de ta liberté, tu restes un homme libre » (Saïd Djaafer)

Cher Ihsane, Notre complicité humaine et professionnelle qui remonte à loin ne nous a pas mis devant la question délicate de savoir s’il faut souhaiter un “joyeux anniversaire” à quelqu’un… Lire Plus

Actualités Idées

Cinq pistes économiques sur lesquelles devraient réfléchir le futur gouvernement légitime (Contribution)

L’ébullition politique, que suscite la situation politique actuelle, dans notre pays, est normale à plus d’un titre, après des décennies de silence forcé ou plutôt, qu’à la seule source du… Lire Plus

Idées

Avec Gaïd Salah, le régime décrépit ne marche plus que sur un pied, le sécuritaire

Le dispositif répressif a connu une escalade de plus dans la capitale pour ce 19e vendredi, alors que la semaine a prolongé le désert politique du côté du régime. Impasse intégrale ?… Lire Plus

Contributions Idées

Crise politique en Algérie : urgence de dépasser l’entropie actuelle par le dialogue productif

Comme  je l’ai souligné dans plusieurs contributions parues au   niveau  national/ international, une longue période de transition ne peut que conduire le pays à l’impasse économique et politique, d’où l’urgence d’un… Lire Plus

Actualités Idées

Nabni lance un chantier autour de la liberté de manifester et de s’exprimer en Algérie

« La liberté de rassemblement et de manifestation : Se réapproprier l’espace public reconquis le 22 février 2019 », est le troisième « Chantier de refondation » du Think-Tank NABNI.