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Hydrocarbures

Défi de l’Algérie 2016/2020: Un gouvernement de crise pour mener des réformes structurelles

Par Yazid Ferhat
janvier 23, 2016
Défi de l’Algérie 2016/2020: Un gouvernement de crise pour mener des réformes structurelles

Face à la chute du cours des hydrocarbures, le gouvernement de crise,  aura la tâche très difficile de mener des réformes structurelles.

 

L’Algérie est au bord de l’effondrement économique selon les prévisions récentes d’un économiste français Nicolas BOUZOU, ancien analyste en chef de l’institut de prévisions Xerfi, Dans une analyse développée sur le site internet du Point Afrique, l’édition africaine du magazine français Le Point, cet économiste estime que 2016 pourrait marquer le début du délitement de l’Etat” Algérien à la fois politique et économique et met en garde le gouvernement français  à ce que des milliers d’Algériens débarquent en France. L’Algérie ne saurait réitérer les impacts de 1986, elle en a les moyens. Pour cela, un gouvernement de crise composé de femmes et d’hommes ayant une grande moralité pour mobiliser la population, s’impose. Car des années sombres s’annoncent au cas où une bulle financière menacerait l’économie mondiale entre 2017/2018 selon les prévisions du FMI, thème d’ailleurs abordé récemment lors du Forum mondial à Davos. Cela impacterait le cours du pétrole, et  par ricochet, le gaz dont le cours est actuellement d’environ 2,14 dollars le MBTU contre 3 dollars le MBTU le 01 janvier 2015,( baisse de 40%) en n’oubliant pas que gaz naturel et le GNL représentent  entre 35/40% des entrées de Sonatrach. Face à la chute du cours des hydrocarbures, ce gouvernement de crise,  aura la tâche très difficile de mener des réformes structurelles. A ce titre, devant éviter l’activisme et des discours contradictoires entre plusieurs membres du gouvernement, la mobilisation de toutes les algériennes et algériens sans exclusivité, la visibilité et la cohérence au sein d’une planification stratégique face tant aux nouvelles mutations locales et mondiales devient un impératif de sortie de crise afin de démentir ce scénario catastrophe.

1.-Privilégions les intérêts supérieurs de l’Algérie, l’efficacité et non la distribution de postes de ministres s’assimilant à des récompenses au moyen de la distribution de rente.. Un ministre est avant tout responsable de la politique générale de son ministère, et selon la déontologie politique, il est responsable de toute action de ses collaborateurs, positive ou négative. Force est de constater une confusion des rôles, personne ne se sentant responsable, certains ignorant ou faisant semblant d’ignorer le fonctionnement de leur secteur. Et en cas de mauvaise gestion ou de scandales financiers relatés par la presse (renvoyant à une justice indépendante), ils font retomber toute la responsabilité sur leurs collaborateurs, expliquant d’ailleurs la démotivation de la majorité des cadres. Or, la responsabilité est collective. Combien d’expériences montent qu’un gouvernement n’est pas fait pour être obligatoirement populaire, mais doit avoir une vision stratégique d’optimalisation de la fonction objective stratégique, pour notre cas l’Algérie horizon 2020, afin de réaliser la transition d’une économie totalement rentière à une production et exportation hors hydrocarbures de segments productifs au sein des valeurs internationales. Certes, on doit concilier efficacité économique et une profonde justice sociale, mais sans populisme, une nation ne partageant en principe que ce qui a été préalablement produit, la rente des hydrocarbures donnant des taux de croissance, de chômage et d’inflation biaisés.

2.- Il y a urgence de grands départements au niveau de la présidence de la république traçant les axes stratégiques, ainsi que .le regroupement de ministères avec des secrétariats d’Etat techniques. Le pilier sera l’éducation regroupant l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, devant impérativement accorder la priorité à la connaissance condition sine qua non afin que les politiques publiques apportent des réponses à la pauvreté, à la fois rurale et urbaine, et surtout à l’évolution du chômage par la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus, en particulier pour les groupes vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Le deuxième pilier sera le ministère de l’intérieur regroupant l’environnement et l’aménagement du territoire, un grand ministère de l’économie regroupant commerce et finances et  un grand ministère de l’industrie et de l’énergie. Pour les autres organisations, nous aurons un grand ministère regroupant transport, travaux publics, habitat, un ministère regroupant l’eau, la pèche et l’agriculture, la santé les caisses de sécurité sociale, coupler le Ministère du travail avec celui de la formation professionnelle et de la solidarité nationale ect….. D’ailleurs, un regroupement des ambassades, excepté pour des pays avec qui l’Algérie entretient d’importantes relations commerciales, devrait rentrer dans cette réorganisation.

3.-. Afin, de rapprocher l’Etat du citoyen, il s’agit de s’orienter vers une nouvelle organisation locale autour de pôles régionaux ,( le Wali devant être un manager et non un administratif) c’est à dire aller vers la régionalisation économique à ne pas confondre avec l’avatar dangereux du régionalisme doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement réel ressenti comme tel par la population. Les directions de wilayas budgétivores doivent être regroupés. L’argument de base réside dans la proximité géographique. ce qui signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale.. Car une centralisation à outrance, favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c’est-à-dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société. Les expériences historiques montrent clairement que si la centralisation a été nécessaire dans une première phase, elle a atteint vite ses limites et que ce sont les pays qui ont développé des décentralisations réelles et non des déconcentrations, synchronisant gouvernance centrale et locale, qui ont le mieux réussi leur développement. Le pays le plus décentralisé au monde ce sont les Etats-Unis d’Amérique. Après la «commune-Providence» du tout-Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. C’est dans ce contexte, que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d’un espace. L’aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu’elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Je pense qua la structure la plus appropriée pour le dynamise tant du développement national que local, ce sont les Chambres de commerce régionales qui regrouperaient l’Etat, les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche.

-Non Monsieur l’économiste, l’Algérie saura éviter le scénario dramatique des impacts de la crise de 1986. La pleine réussite des réformes proposées, processus complexe éminemment politique, implique de dépasser les positons partisanes étroites et de poser le rôle de l’Etat régulateur stratégique et son articulation avec le marché ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local qu’international. L’on devra réaliser la symbiose efficacité économique et une très profonde justice sociale par une lutte contre la corruption et les rentes spéculatives, par de nouveaux mécanismes de régulation, loin des règlements de comptes inutiles sources de tensions. L’Algérie doit s’adapter aux enjeux de la mondialisation, l’espace euro-méditerranéen et africain étant son espace naturel, surtout que la crise mondiale actuelle préfigure d’un bouleversement géostratégique et économique important. Cette adaptation est inséparable d’un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, de l’économie de marché concurrentielle humanisée, loin de tout monopole, du respect du droit de l’homme, de la promotion de la condition féminine. L’Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot, conditionné par une dynamisation de la production et exportations hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

Oui, Monsieur l’économiste, il est admis tant par les observateurs internationaux que nationaux sérieux que le développement de l’Algérie est possible sous réserve d’une bonne gouvernance et d’une réorientation de l’actuelle politique socio-économique axée essentiellement sur les infrastructures alors que la dynamique du développement repose sur des institutions centrales et locales crédibles, débureaucratisées, l’entreprise et son fondement l’économie de la connaissance. Ignorer cette situation c’est faire preuve d’anti-nationalisme. Aussi, j’invite le pouvoir algérien et l’opposition d’oublier leurs différents  afin de démentir le sombre scénario, qu’il y a lieu de ne pas prendre à la légère. Aucun patriote algérien ne souhaite d’aller vers le FMI. Pour cela une autre politique doit être menée par un gouvernement de crise. La situation est grave et une réaction à la mesure de la gravité de la situation. Est urgente L’immobilisme et l’activisme ministériel sans impacts donneraient alors raison à ceux qui espèrent la désintégration de l’Algérie.

(*) Professeur des Universités expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL [email protected]

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