Les Tunisiens s’endettent de plus en plus, alors que le niveau de vie dans le pays se dégrade rapidement. Quatre années après la révolution de Jasmin, la pauvreté reprend du terrain en Tunisie.
Première touchée par une hausse vertigineuse de l’inflation et la dégradation du niveau de vie, la couche moyenne, qui ne représente désormais que 67% de la population, contre 80% il y a une décennie. Elle est ainsi la première à subir les ondes de choc des changements intervenus dans le pays. La dégradation générale du niveau de vie en Tunisie était un des facteurs sociaux qui avaient déclenché la révolution du 14 janvier 2011, estiment des médias tunisiens. Durant les quatre dernières années, l’érosion du pouvoir d’achat des tunisiens est tombée à 40%, indique une enquête de l’Université de Tunis, soit une baisse moyenne de 10% par an. L’Institut national de la statistique (INS) explique cette dégradation par la hausse de l’inflation réelle à 4,3%. En outre, une étude de l’Observatoire de la défense du consommateur et du contribuable montre que 60% ou plus des salariés sont désargentés à partir du 8e jour du mois.
En cause: un endettement rapide des ménages. Le volume des comptes courants débiteurs revenant aux ménages est estimé à 8000 millions de dinars (millions de dinars) pour le tiers de ce type de compte. L’endettement des ménages a augmenté à partir de 2011 de 261,2% pour atteindre, actuellement, 17.600 MD, dont presque 60% destinés à la consommation. Mourad Hattab, économiste, estime que le phénomène de l’endettement est important, et souligne l’apparition de nouveaux pauvres au sein de la classe moyenne, qui est largement composée des fonctionnaires. «Le phénomène est difficilement quantifiable vu l’opacité des données statistiques» en Tunisie, a t-il dit.
La pauvreté revient en Tunisie
Tarek Beljazia, directeur général de l’Institut national de la consommation (INC), relève de son côté que le changement de modes de consommation en Tunisie a été marqué parallèlement par une dérive des dépenses familiales. Quelque 15,5 % des Tunisiens étaient sous le seuil de pauvreté en 2010 (23% en 2005 et 32% en 2000), soit un Tunisien sur six, et 4,6 % sous le seuil de pauvreté extrême, indique une étude réalisé par l’Institut national de la statistique avec le concours de la Banque africaine de développement et de la Banque mondiale.
En octobre 2014, l’Organisation tunisienne de défense du consommateur (ODC ) avait pressé le gouvernement d’augmenter la prime accordée aux familles nécessiteuses. « Cette prime de 115 dinars accordée à 235.000 familles tunisiennes ne suffit plus à satisfaire les besoins de ces familles, au vu de la hausse excessive du coût de la vie », avait rappelé l’ODC à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la pauvreté.
L’organisation a par ailleurs appelé à la réalisation d’une enquête périodique approfondie et à actualiser la base de donnée relative à la pauvreté. L’ODC a par ailleurs recommandé la mise en place d’un observatoire national de la lutte contre la pauvreté, qui serait chargé du suivi du phénomène.