L’expert financier algérien, Abderrahmane Benkhalfa, a plaidé ce dimanche à Alger pour une redéfinition «claire» de l’article 87 bis du code du travail de manière à faire des salaires une «contrepartie productive» et «non rattachée au pouvoir d’achat».
S’exprimant au forum du quotidien national El Moudjahid, l’ex- Délégué Général de l’Association des banques et établissements financier (ABEF), a appelé à la séparation de la politique sociale des «grands dossiers de la politique économique» lors des tripartites (Gouvernement – UGTA – Patronat).
Selon lui, il faut rattacher la question de la revalorisation des salaires à la productivité du tissu économique. « Il faut aller vers la vérité des salaires et des prix », a-t-il précisé, ajoutant que la priorité doit être donnée à la relance de l’économie nationale.
M. Benkhalfa s’en prend également à ceux qui ont donné de fausses promesses aux travailleurs avant la tenue de la tripartite de la semaine dernière. Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Said avait promis de « très bonnes nouvelles » à la veille de la tripartite notamment avec la suppression de l’article 87 bis au profit des bas salaires.
Une abrogation qui peut coûter 11 milliards de dollars/an
Au final, cet article du code du travail qui rend nulle toutes augmentation des salaires pour les bas revenus a « résisté ». Alors que l’UGTA a toujours plaidé pour son abrogation, Abdelmalek Sellal a proposé une « nouvelle définition du SNMG (…) compte tenu du souci d’apporter certains correctifs, en particulier au profit des travailleurs lésés», à introduire dans la loi de finances de 2015. M. Benkhalfa n’est pas le seul à mettre en garde contre les valorisations salariales sans la relance de la productivité du tissu économique. L’économiste Abdelhak Lamiri est de cet avis, aux côtés du professeur Abderrahmane Mebtoul, qui a estimé le coût de l’abrogation de l’article 87 bis entre 9 et 11 milliards de dollars annuellement.
L’abrogation de l’article 87 bis, réclamée depuis des années par les travailleurs n’a pas réussi également à avoir l’unanimité au sein des différentes tripartites, où se décident les grandes orientations économiques et sociales, devant la passivité de l’UGTA, la seule organisation syndicale «admise» aux négociations.