Des manifestations pacifiques ayant rassemblé des milliers de sympathisants militants du Mouvement culturel berbère (MCB) à Béjaia et Tizi Ouzou pour célébrer le Printemps Berbère, ont tourné à l’émeute suite à des dérapages attribués à des militants du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie.
Ils étaient entre 10.000 et 15.000 militants à avoir répondu à l’appel, lancé par une quarantaine d’anciens militants du Mouvement culturel berbère (MCB), dont Saïd Khellil et Aziz Tari, « pour une marche pacifique et unitaire dans toute la Kabylie ». Les militants du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) étaient également de la partie. Ils avaient drainé, à eux seuls, des milliers de personnes et scandé des slogans propres à leur mouvement.
Par carrés bien distincts, les autonomistes étaient à la tête de la procession ; les militants du MCB, toutes générations confondues et indépendamment de leurs chapelles politiques – on a revu d’anciens militants du FFS, du RCD, du PST, du PT, du PAGS-MDS, etc., ayant, quant à eux, préféré prendre leur distance du MAK.
Et pour se distinguer davantage des militants du mouvement autonomiste, qui ont marché jusqu’au siège de la wilaya, les Berbéristes se sont arrêtés devant la cité CNS, baptisée pour la circonstance, « Carrefour du 19 mai 1981 » – où une minute de silence avait été observée en hommage aux victimes de la répression du Printemps noir de 2001, où le vieux couple Arribi avait trouvé la mort par asphyxie, après qu’une grenade lacrymogène, soit tombée dans leur appartement, sis à la cité CNS.
Groupes incontrôlés
Plusieurs militants dont l’ancien détenu d’avril 1980, Aziz Tari, ont salué la forte mobilisation, qui a caractérisé cette marche, qui a réuni à nouveau, tous les militants de la cause amazighe. Ils ont tenu à ce que cette manifestation, au demeurant bien encadrée, «ne dérape pas car c’est ce que souhaite les tenants du pouvoir en place, qui ne maîtrise que la violence» et appelé l’auditoire, composée d’anciens militants politiques en déshérence, à rester mobilisé car d’autres actions sont envisagées dans les prochains mois.
Toutefois, si la marche s’est globalement bien déroulée et les militants du MAK ont tenu un meeting devant le siège de la wilaya, des groupes de jeunes, qui ont échappé à leur vigilance lancé des pierres sur le portail central du siègede la wilaya. C’est alors le début des émeutes. La police, assistée des forces antiémeutes, a riposté par le lancement de grenades lacrymogènes et interpellé des dizaines de manifestants.
Heurts à Tizi Ouzou
A Tizi-ouzou, la marche organisée par le MAK, le RCD et les anciens membres du MCB, pour célébrer le 34e anniversaire du Printemps berbère, a été empêchée par la police déployée en grand nombre sur les artères principales de la ville. Prévue à 11h, la procession humaine de plusieurs centaines de marcheurs, s’est à peine ébranlée qu’elle s’est heurtée à cordon sécuritaire de forces anti-émeute déployées à la limite du stade 1er novembre 1954.
Insistant sur le caractère pacifique de leur action, les marcheurs ont scandé sur place des slogans hostile au régime avant de forcer le cordon sécuritaire. Le mouvement a dégénéré par la suite en émeutes. Des affrontements violents ont éclaté entre manifestants et les forces anti-émeute, et en quelques minutes,les abords de l’Université de Tizi-ouzou se sont transformés en champ de bataille pendant plusieurs heures. On dénombre des dizaines de blessés de part et d’autres.