Le journaliste et directeur du pôle éditorial de Radio M et Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi, a été arrêté dans la nuit du 23 au 24 décembre 2022, par des officiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour être maintenu en garde à vue pendant 5 jours au centre principal des opérations (CPO) Antar à Ben Aknoun, avant d’être placé en détention provisoire jeudi 29 décembre 2022.
Dans le communiqué publié par le parquet du tribunal de Sidi M’hamed, des charges lourdes ont été reprochées au directeur du pôle éditorial d’Interface Médias. Mais de nombreux médias et observateurs de la scène politique et médiatique affirment que ces charges ne sont que des prétextes, et que les véritables raisons qui ont conduit Ihsane El Kadi à la prison d’El Harrach sont un blog publié quelques jours plus tôt sur le site Maghreb Émergent.
En signe de solidarité avec la liberté d’expression et d’opinion, quatre médias indépendants Médiapart ( Paris), Twala info ( Alger), Orient XXI ( Paris), et Assafir Al Arabi ( Beyrouth ) ont décidé de republier intégralement le dernier blog d’Ihsane El Kadi, publié sur Maghreb émergent le 17 décembre 2022, et intitulé » 2e mandat : l’ANP redoute autre chose que la bouteflikisation de la présidence ».
Le média électronique algerien Twala info a republié ce blog le 1 janvier avec le commentaire suivant :
« Mis en détention préventive sur la base des articles 95 et 96 du Code pénal – deux articles promulgués sous l’ère du parti unique et omis par les réformettes politiques de 1990 et 2012 –, le journaliste Ihsane El Kadi subissait déjà un embargo économique non déclaré et des poursuites judiciaires en raison de ses écrits. Son incarcération est intervenue après la publication d’un article sur les réticences des militaires quant à la reconduction du président Tebboune pour un second mandat. Nous pensons que cet article est pour quelque chose dans cette incarcération. Nous le reproduisons ici. », lit-on sur Twala.
« La mise en détention préventive du journaliste Ihsane El Kadi, en Algérie, est survenue après la publication d’un article sur les réticences militaires sur la « Bouteflikisation » de la présidence Tebboune. En voici une reproduction », lit-on sur Mediapart qui a repris l’article intégralement le 3 janvier 2022.
Le 4 janvier 2022, c’est Orient XXI qui reproduit le blog en question avec le titre suivant : » Liberté de la presse – Répression des journalistes en Algérie. Quand l’armée reste une ligne rouge ».
« Si le pouvoir accuse Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Émergent d’avoir reçu des fonds de l’étranger, ses collègues soupçonnent plutôt l’article que nous republions ici d’être à l’origine de son arrestation », peut-on lire sur Orient XXI.
Le média panarabe, Assafir Al arabi a reproduit l’article en question le 5 janvier avec ce commentaire : « Assafir Al Arabi republie intégralement ce texte de Maghreb Émergent, par solidarité avec la liberté d’expression, le droit de réfléchir et d’informer, et contre l’arrestation du journaliste Ihsane El kadi. »
Plusieurs journalistes, intellectuels, et internautes semblent partager la même vision que les quatre médias précités, par rapport aux véritables raisons ayant mené le journaliste Ihsane El Kadi à la case prison. Certains d’entre eux disent que même s’ils ne partagent pas l’analyse exprimée par notre confrère sur son blog, ils estiment être dans l’obligation de partager l’article sur les réseaux sociaux pour défendre la liberté de la presse, d’opinion et de penser.
Yamina Baïr