Le retour aux arrestations de journalistes stresse la presse algérienne - Maghreb Emergent

Le retour aux arrestations de journalistes stresse la presse algérienne

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La décision du tribunal administratif de Sidi M’Hamed d’Alger, de placer sous mandat de dépôt des responsables de la chaîne de télévision KBC du groupe de presse El Khabar, a suscité l’inquiétude dans la presse algérienne ce dimanche.

 

Plusieurs  organes de presse y voient un «acharnement» des pouvoirs publics contre la liberté de la presse. Certains même, considèrent que les “afffaires El Khabar, KBC, siège El Watan”, montrent que “la presse privée (est) dans la tourmente”, comme l’écrit Le Quotidien d’Oran.

Tournure dramatique

Sous le titre «l’affaire KBC prend une tournure dramatique..Le directeur de la chaîne et deux autres personnes en prison», le journal électronique AlgérieFocus écrit «une répression terrible s’abat sur la chaîne de télévision KBC (…) les autorités algériennes ont décidé de mettre en prison le staff dirigeant de cette chaîne de télévision appartenant au groupe de médias El-Khabar».

«Le directeur général de KBC, Mehdi Benaïssa, le directeur de production des émissions satiriques: Ki Hna Ki Nas et Ness Stah, Riad Hartouf et le cadre du ministère de culture, Mounia Nedjai ont tous été placés sous mandat de dépôt», précise le journal, selon lequel «les autorités reprochent aux deux responsables de KBC d’avoir réalisé des émissions soi-disant sans “autorisations légales”».

«Pourtant, Madame Mounia Nedjai, haut responsable du ministère de la Culture, a bel et bien délivré cette autorisation de tournage aux responsables de KBC. Mais cela n’a guère suffi pour convaincre les enquêteurs de la Gendarmerie nationale. Bien au contraire, madame Mounia Nedjaï s’est retrouvée tout bonnement interpellée et accusée à son tour de “complicité” du tournage des émissions “Kihna Ki Nass” et “Nass Estah”, ajoute AlgérieFocus.

Détention au motif de fausses déclarations et abus de fonction

De son côté, le site Tout Sur l’Algérie (TSA) qui se contente d’aborder les peines encourues par les trois personnes concernées, croit savoir qu’elles «sont poursuivies pour fausses déclarations, abus de fonction (pour la responsable du ministère de la Culture) et complicité d’abus de fonction.

«Les enquêteurs reprochent aux responsables de la chaîne d’avoir déposé un registre de commerce qui ne porte pas le code de l’activité pour laquelle ils ont sollicité une autorisation de tournage et d’être ainsi complices de la directrice du ministère de la Culture qui est  poursuivie pour abus de fonction», selon le journal, qui précise qu’en ce qui concerne les deux responsables de KBC, «la peine prévue pour le délit de fausses déclarations en vue de se faire délivrer une autorisation est de trois mois à trois ans de prison et de 20.000 à 100.000 dinars d’amende», alors que «la peine prévue en matière de complicité d’abus de fonction peut aller de deux ans à dix ans de prison et de 200.000 à un million de dinars d’amende selon la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption de 2006».  

«Cette peine prévue pour l’auteur de l’abus de fonction est également applicable aux présumés complices», ajoute TSA.

Une décision «horrible» selon Me Bourayou

«Mandat de dépôt des responsables de KBC.. la défense dénonce ‘’l’acharnement’’», titre à la une El Watan. «’’Demain, (aujourd’hui) on va faire appel de la décision du mandat de dépôt devant la chambre d’accusation. Le juge aura un délai d’au moins dix jours pour examiner l’appel interjeté et statuer’’», écrit le journal, en citant Me Bergheul Khaled, avocat d’El Khabar.

Le journal écrit également que «Me Khaled Bourayou, autre avocat du groupe, dénonce une décision ‘’horrible’’». Selon ce dernier, «on essaie par tous les moyens de restreindre la liberté d’expression. Il y a une volonté manifeste de provoquer la panique chez ceux qui s’expriment et donnent leur opinion dans ce pays». Le groupe El Khabar fait face à un «acharnement» qui vise sa «liquidation», a-t-il affirmé.

Sous le titre à la une «ferme condamnation de la mise en détention préventive du directeur de KBC..’’Louh, vous nous avez trahis’’», El Khabar, écrit que «les réactions de militants des droits et des juristes se sont caractérisée par le grand étonnement devant la décision du juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed de placer le directeur de KBC en détention préventive ainsi que le directeur de production, Riad Hartouf et la directrice centrale au ministère de la Culture, Mounia Nedjai».

Une décision disproportionnée motivée par des considérations politiques

«Ils ont précisé que cette décision est disproportionnée, ce qui prouve qu’elle revêt un caractère politique, outre qu’elle est en totale contradiction avec la nouvelle Constitution et le Code de procédures pénales qui fait de la détention préventive une mesure exceptionnelle pour les personnes ne présentant pas de garanties, ce qui n’est pas le cas», selon le journal qui écrit dans un autre article que «l’emprisonnement de journalistes (est) une sanction supprimée sur papier mais appliquée dans la réalité».

Outre ce sujet, l’attention de plusieurs organes de presse a été retenue par le premier bilan de l’emprunt obligataire lancé en avril dernier par le gouvernement pour soutenir la croissance alors que le pays fait face à une préoccupante chute de ses ressources financières qu’il tire, pour l’essentiel, des hydrocarbures dont la baisse des prix semble indéniablement s’inscrire dans la durée.

Emprunt obligataire: un premier bilan très modeste

Si pour le quotidien étatique El Moudjahid les «251 milliards de DA collectés depuis avril», constituent «un premier bilan satisfaisant», cet avis n’est pas du tout partagé par d’autres journaux à l’instar du Quotidien d’Oran qui considère sous le titre «les limites de l’emprunt obligataire» que c’est «un résultat modeste au regard des moyens mis en place» et relève que «la majorité des souscriptions ont été enregistrées aux agences bancaires et aux compagnies d’assurances», alors que «les trésoreries des wilayas n’ont collecté qu’une part modeste de 1% ».

C’est la même analyse que fait Liberté qui écrit à la une « il a drainé à peine 251 milliards de dinars trois mois après son lancement..emprunt obligataire: loin du compte». «L’emprunt est supposé, aussi, collecter une partie de l’argent de l’informel (…) mais le manière avec laquelle le gouvernement pousse les banques et les assurances à souscrire à l’emprunt donne une indication sur les réticences  des acteurs de l’informel».

 

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