L’éternel débat sur le stress hydrique et la baisse de pluviométrie en Algérie renait de ses cendres en 2021, marqué par une crise majeure à la fois dans les réserves nationale d’eau douce et dans la politique de gestion et les process utilisé jusque-là pour assurer un rationnement équitable de l’eau potable sur l’ensemble du territoire du pays.
Certes, ce phénomène n’est pas propre à l’Algérie, car bon nombre pays de la rive Sud de la Méditerranée souffrent de la baisse des réserves d’eau, mais avec l’assèchement des barrages dans la plupart des régions côtières, caractérisée par un taux national qui ne dépasse pas les 35%, penser et mettre en places des alternatives pour assurer la continuité de l’alimentation en eau potable revêt un caractère cruciale.
Dans un contexte, beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que le contexte algérien favorise le passage à une stratégie industrielle du dessalement d’eau de mer, d’autant plus que le pays jouit d’une très large bande côtière, qui s’étend tout le long de 14 wilayas.
Jeudi dernier, le ministre des Energies et des Mines, Mohamed Arkab, a indiqué, en marge de la cérémonie de signature de lettres d’engagement entre deux filiales de « Sonatrach » (AEC et GCB) avec la société « Cosider canalisation », pour la réalisation de trois SDEM à l’Est d’Alger d’une capacité globale de 150.000 m3/j, qu’un plan d’urgence permettant de doter l’ensemble des wilayas côtières d’une station de dessalement d’eau de mer (SDEM) est dans les petits papiers du gouvernement.
Selon le ministre, plusieurs projets sont en phase d’étude et concerneront les wilayas d’Oran, Mostaganem, Jijel, Skikda, Béjaïa et Tizi Ouzou. « L’objectif est d’implanter une station de dessalement dans chaque wilaya du littoral algérien », a déclaré Arkab.
De son côté, le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni, a lui aussi plaidé pour une généralisation de ces projets à toutes les wilayas du littoral algérien. Il a en outre fait part de la réalisation, à moyen terme, de deux grandes SDEM, une à Alger-Est et l’autre à Alger-Ouest, d’une capacité de 300.000 m3/j chacune, ce qui permettra, a-t-il expliqué, « de couvrir à 130% les besoins, assurés actuellement par les eaux superficielles », précisant que les barrages qui alimentent actuellement Alger Est, à l’instar de Taksebt, Koudiat Asserdoune et Kadara seront orientés vers l’alimentation des wilayas de Boumerdès, Tizi-Ouzou, M’sila, Bouira et Médéa.
Par ailleurs, le ministre a expliqué que le barrage de Douéra, qui alimente Alger Ouest, sera orienté vers l’irrigation des terres agricoles, alors que celui de Bouroumi (Blida) servira à alimenter la wilaya de Tipaza et pourra même alimenter la wilaya de Ain Defla.
Mais à moyen terme, Karmi Hasni a affirmé que la stratégie de son département consiste à équiper de SDEM les 14 wilayas situées sur la bande côtière du pays où se concentre 95% de la population. Il estime que « ces stations permettront d’alimenter les régions situées à 150 km du littoral, vers l’intérieur du pays, afin d’en faire bénéficier les wilayas des Hauts plateaux ».